On s'ennuie sévère dans la résistance [Ayu, 14/01/2010]

Quand j’ai rien à faire -je veux dire vraiment rien à faire- lorsque je sors d’une réunion, je passe la nuit au QG. L’endroit est pas trop loin de chez moi et on trouve mieux question confort, mais je me sentais pas de rentrer chez moi à pied en pleine nuit et par ce froid. Aussi je me suis seulement posé dans la salle de réunion. Elle est mieux chauffée que la salle de rassemblement et les sièges sont plus confortables -en faux cuir et abimés mais confortables quand même- malgré que ça sente l’odeur du café froid et la fumée de clope à longueur de temps. Des fois je reste à parler toute la nuit avec deux-trois types sympas.
Je baillais tous azimuts.
Mine de rien, tout le monde me connait un peu au sein de la résistance -ça veut pas forcément dire que je suis spécialement apprécié- faut dire que je suis là depuis le début. Déjà sept piges, quand même. Le moins qu’on puisse dire c’est que je donne l’impression d’y mettre tout mon cœur. Mais une fois que j’aurais dégagé de ce trou à rats, adieu les amis. Il est grand temps que je me tire de là. Cette popularité -ou impopularité, selon le point de vue- risque de pas jouer en ma faveur.
L’ombre doit commencer à plus pouvoir me souffrir. Non pas que je craigne pour ma vie -je suis un grand garçon capable de me défendre- mais je préférerais éviter des emmerdes.
La résistance, c’est la même chose ou presque. J’ai le sentiment que certaines de mes activités soient pas super appréciées s’ils venaient à les découvrir.
Bande de ploucs. Des mômes idéalistes pour beaucoup. La situation était pas mirobolante, dans l’ensemble.
C’était drôlement calme pour une fois. Pas un chat. Ça m’a presque fichu le cafard, qu’il y avait personne à asticoter. Des fois j’aime bien asticoter les nouveaux membres ou ceux qui sont un peu trouillards -on trouve aussi de foutus trouillards ici. Tout le monde sait que je suis un loup-garou -le seul dans le coin, ou alors le seul qui se cache pas- même si je me suis pas transformé depuis pas mal d’années. Faut bien dire que ça en fait baliser certains. Ma tête de lard arrange pas les choses.
Enfin, moi ça m’amuse.
On s’ennuie quand même sec dans le coin. J’ai rien trouvé de mieux à faire que de compter les carreaux au plafond -des carreaux blanc et noir immondes et souillés par les vapeurs de clopes- et j’en étais à 23 quand quelqu’un est entré.

Quand je me suis engagé dans l’armée, y’a déjà un sacré bout de temps, je me suis aperçu directos que ça me plaisait pas plus que de ramasser des patates. La seule chose qui me poussait à sortir du plumard le matin, c’était la paye de la fin de mois.
Quant à la guerre... A la guerre, je me suis aperçu d’un truc aussi. C’est que d’un camp comme dans l’autre, y’avait autant de monde à flinguer. Des rigolards et tout. Le type Horrow, c’est l’un de ces types. Sans lui avoir jamais parlé, je sais qu’il a la sensibilité d’une lunette de WC. De réputation. C’est vrai aussi que des gars qui se croient invincibles, ça se ramasse à la pelle dans le coin. Des idéalistes et des crétins finis.

Bon.
Ses salades de serpent venimeux, personne y aurait cru deux secondes. Très spirituel, le pépère. Les marioles comme ça, ça a le don de m’énerver. Je vous jure. Aussi j’ai dit : "Ouais, il est parti par là. En lui montrant la porte par laquelle il était entré d’un signe de la tête. Si tu cours vite, tu peux le rattraper."
Le petit con a pas compris -ou a fait semblant de pas comprendre- que je voulais qu’il décanille. N’importe qui, j’aurais supporté, mais le gars Horrow il ravivait mes envies de tuer. Sans rire. Puis j’aime pas son regard. Il a le regard bizarre.
J’ai pas bougé d’un poil. Juste, j’ai relevé la caboche et recommencé à compter les carreaux au plafond. Mais le gars Horrow il me stressait. Sérieusement. Rien que de voir sa bobine... Bouh.

Alors j’ai grillé une clope, tiré une bouffée vers le plafond -je comptais toujours les carreaux. Là ça a été plus fort que moi et j’ai lâché : "C’est une réunion privée ici, au fait." en regardant le gamin droit dans les yeux. Je lui ai quand même fait un grand sourire. Mais on pouvait pas dire qu’il était vraiment amical.
Un de ces jours je vais oublier mes sarcasmes. Ce jour-là, je vais dépérir à en mourir. Mais c’est pas pour aujourd’hui. On pouvait bien se détendre dans la salle, maintenant, aussi j’ai posé mes pieds sur la table. Pas de cendrier. Pas de bol pour la moquette. Elle était pourrie, de toute façon...

[Pourquoi tant de haineuh? T_T]

Si Ayu n'était d'ordinaire pas perspicace pour deux sous, les paroles de l'autre qui sonnèrent d'un ton acide lui firent instantannement comprendre que l'autre pour une raison qui lui échappait ne supportait pas sa présence ici. Il était impossible que le serpent, car serpent il y avait, n'ait pu quitter la salle de réunion. Le reptile se trouvait en effet lové dans une boite, soigneusement dissimulée sous le lit de ce gamin là... Le cousin de Miyoko quoi... N'attendant que d'être libéré pour une quelconque plaisanterie de mauvais gout orchestrée par l'esprit. A moins que ce dernier ne l'oublie, le laissant mourir et se déssecher loin de tous regards...

Malgré cette évidente animosité, Ayu ne quittait pas le fauteuil sur lequel il avait prit place un peu plus tôt. Il demeurait silencieux -pour une fois- laissant son regard vide errer sur la pièce pour finalement s'arrêter sur la fenêtre dont la vitre couverte de buée ne laissait pas voir grand chose de l'extérieur. C'était d'un ennuie... C'est finalement dans ses pensées qu'il jugeait absolument passionantes que l'esprit se plongea en silence. Un exploit rare sa part si vous voulez mon avis...

Une remarque d'un ton sec vint le sortir par la force de ses pensées tordues... Il leva le regard vers le propriétaire de la voix qui n'était autre que ce même type qui s'opposait à sa présence ici... L'esprit posa longuement son regard vairon sur l'autre, se demandant ce qu'il avait encore bien pu faire, lui qui trouvait qu'il était resté calme pour une fois...

-Je vois... La réunion des pédophiles anonymes? Toutes mes excuses...

Balança-il finalement sur un ton méprisant avant de se lever. Il jaugea encore un instant l'autre du regard puis s'en détourna pour gagner la sortie de la pièce, son cerveau déjà à la recherche d'une prochaine activité tordue dont il avait le secret...

[Ben... J'en ai plein ? u_u Alors je la distribue x]

Le petit con avait de la répartie. Facile de le mettre en boite. Trop prétentieux. J’ai rien contre un peu de piquant et tout mais sa remarque, là, comme quoi je serais un pédé, sérieusement ça m’a pas plus. [Ding-dong! Note du joueur : ici, John confond pédophile avec homosexuel. Honte à lui.]
Si ça se trouve il l’était et tout. Vacherie. Ces mecs-là ils se croient vraiment les mieux bâtis de l’hémisphère. Bon, lui il l’était pas mal. Faut bien le reconnaître. Même si on aurait à peine dit un mec -à y regarder de plus près.
J’ai grincé des dents et je lui ai lancé un regard noir -mais sans bouger de mon siège. Il l’a pas remarqué. Il s'apprêtait à se barrer. Aussi j’ai décidé de prendre une attitude plus cool.
"Reste cool chef, détends-toi c’était une blague" j’ai dit. Bon, au début c’en était pas trop une, de blague. J’ai ajouté juste après "Reviens t'asseoir... Ayu c’est ça ?"
Je savais que c’était Ayu qu’il s'appelait, mais je trouve ça mieux de faire comme si on est pas sûr du nom des gens. J’ai passé un doigt sous mon cache-œil pour gratter ma blessure. C’est rare qu’elle me fasse mal mais ça arrive de temps en temps. Avec le froid et tout je suppose.
Là j’ai regardé le gars Horrow dans les yeux. Bouh, je pouvais vraiment pas souffrir son regard. J’ai enlevé mes guibolles de la table et j’ai lâché les cendres de ma clope sur la moquette cradingue.
Bon.
J’ai réfléchi une seconde ou deux -pas plus- puis je me suis rappelé ce que ma grand-tante disait toujours, comme quoi vaut mieux être mal accompagné que seul. Ou le contraire. Bref.
Ayu. C’est le diminutif d’un truc mais je savais plus quoi. Un nom niakoué, genre chintoc, vietcong ou nippon. Des parasites. [Ding-dong! Note 2 : John est sans doute un peu xénophobe, en plus de ses nombreux défauts. Honte à lui.]

Bref.
J’ai tapoté l’accoudoir du siège juste à coté de moi. Histoire de lui montrer que quand même, il pouvait rester. Sérieusement, je sentais que j’aurais un cafard monstre si je passais la nuit dans cet endroit crasseux.


[A toi de voir si tu veux arrêter le topic ici.]

J'ai tilté à sa phrase. Pas sa sale remarque sur mes blagues -mes blagues sont très bien. Supérieur Hiérarchique. Supérieur Hiérarchique. Hiérarchique...
Nan; sans déconner, eh ? Ou alors c'était parce que je l'avais appelé Chef ? Tout de suite la folie des grandeurs chez les mômes...

C'est vrai que la résistance avait une organisation parfois bof bof, mais quand même. J'ai pas regardé ma montre -de toute façon j'en avais pas- mais il devait être... quoi, 22h, 22h30 à tout casser. Pas l'heure de cogiter. J'ai essayé de faire le compte pendant que le gars Horrow se posait sur la table.
Pour ainsi dire je suis carrément le numéro 2 de la résistance, quoi. Enfin vu le ton qu'il avait pris -je pense pas que c'était une de ses blagues pourries- il devait pas être loin derrière. Ou alors il me prenait pour le dernier des nazes. Gros couillon. N'empêche, il venait de me tutoyer. Sûrement qu'il se sentait plus à l'aise, ou un truc du même genre. Mais il restait toujours aussi con.

J'avoue que je pensais pas qu'il resterait en fait. Donc bon, j'avais ptête intérêt à rester sympa avec lui. Sûrement qu'il devait bien s'emmerder aussi. Le mouvement de la résistance serait plus mieux si on y trouvait plus de gonzesses. Enfin je dis ça, je dis rien, moi...
Encore un qui me connaissait pas. Ça se ramasse à la pelle ces -temps-ci. Je pense bien que dans la résistance mon nom devait être au moins un peu connu, mais ma trombine c'était pas encore ça.
"John Novack" j'ai dit avec un petit sourire. J'ai écrabouillé la fin de ma clope contre ma semelle et j'en ai rallumé une directos. J'espère qu'il a rien contre la fumée, le gars Horrow, d'ailleurs.
"Et j'pense bien que, c'est moi ton supérieur" j'ai ajouté juste après, mais sans trop en rajouter. Jouons-la modeste. En plus qu'avec la récente -et assez louche dans son genre- disparition de Mr. Knights, je risque bien de me voir propulsé tout en haut de l'échelle de la hiérarchie. Dieu m'en préserve. Si ça arrivait, je serais le premier à voter contre ma nomination.
Tous les trucs à responsabilité, vaudrait mieux pas m'y coller. Je suis trop fainéant pour ça.
Je savais pas trop si je m'étais mis bien avec le gros de la troupe. La moitié devait s'en foutre, sans doute que l'autre voulait ma peau.
J'ai tirée une grosse bouffée, puis j'ai gloussé quand j'ai repensé à un vieux truc. J'ai la manie de recracher la fumée par le nez, ma frangine me sortait que ça me filait l'air d'un dragon en colère. C'est tout.
"Mais on va pas se prendre la tête avec ça, pas vrai ?" j'ai dit juste ensuite. Je me suis étiré en baillant -sans mettre ma main devant ma bouche.
"Tu fais quoi ici à cette heure de la nuit au fait, toi ?"

Simple question, hein. C'est vrai que les mômes devraient déjà être tous au pieu mais là y'avait rien de méchant dans ma question. Je sais me contrôler, je vous jure. Faut avoir une case en moins pour faire des heures sup' ici, donc bon...