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 [CLOS] I'm a poor scientific. [Melicerte Kerozène] [21/11]

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Graëchen Doe
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Graëchen Doe


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MessageSujet: [CLOS] I'm a poor scientific. [Melicerte Kerozène] [21/11]    [CLOS] I'm a poor scientific. [Melicerte Kerozène] [21/11]     Icon_minitimeDim 21 Nov 2010 - 18:31

Les lecteurs avisés qui ont lu ma fiche ont certainement retenu que Graëchen Doe avait des tendances de travail assez étranges. Que ceux qui ne l'auraient pas lue ne se sentent pas exclus, car voici un petit rappel. Premièrement, elle ne travaille que dans certaines conditions, et, avouons le, ces conditions (trop étranges pour être résumées) se retrouvent réunies souvent de nuit. De plus, les amateurs avisés de ce forum auront vu que l'ombre n'existe presque plus... Ne subsistent que de rares personnages. Graëchen en faisant partie, continue, pour sa part, de travailler pour l'ombre... C'est d'ailleurs un souci majeur pour elle. D'un côté elle aimerait bien la domination du monde par ce groupuscule, d'un autre côté, son soldat de Jude étant son ennemi... Enfin bref. Seulement, pour travailler pour l'ombre, il faut avoir des locaux, et ceux qu'elle avait ne sont plus de ce monde. Elle s'est donc rabattue là où il y avait de la place, et où ses relations pouvaient l'aider à en trouver. Pour faire court : elle s'est approprié l'étage des sciences du lycée de la ville. Les adolescents étant ou trop effrayés, ou trop militants pour aller en cours, ça n'ennuyait pas grand monde. Les autres reçurent des lettres pleines d'anthrax. "La faim justifie les moyens" n'est-ce pas ?

Nous voici donc devant la porte d'entrée de l'antre de Graëchen. Cette porte a l'air complètement anodine, comme ça, mais derrière, c'est son royaume. Ses calculs, ses modèles, ses expériences, ses reproductions à l'identique de sa montre. Car ces derniers temps, elle ne s'intéresse plus qu'à cette montre. Son pouvoir, ses capacités... Et pourquoi elle seule semble comprendre le tic tac, et pourquoi Graëchen est la seule à savoir la faire fonctionner. Et quels sont les mécanismes physiques qui rentrent en ligne de compte pour manipuler le temps ? Elle s'est renseignée, a lu tous les livres existant sur les pouvoirs temporels, elle a consacré une bonne partie de sa vie a étudier les flux temporels, tout ça, pour... Pour en être au point de départ, tous les jours, assise à une table, tenant la montre à bout de bras, et la fixant.

"Mais quel est ton secret ?" lui demande-t-elle. Sans réponse. Seul le bruyant tic, tac, est là pour lui rappeler que mine de rien, le temps passe. Et que ce temps perdu, elle ne le rattrapera pas. Oui, à force, Graëchen est devenue complètement dingue, mais cette folie est invisible. C'est déjà ça. Avec le temps, le tic-tac de cette montre est devenu tellement omniprésent aux yeux de Graëchen qu'elle refuse de sortir sans sa montre. Il est là, tellement là, qu'à chaque seconde, l'aiguille semble lui rentrer dans la chair, lui arrachant presque un cri, à chaque fois. Et c'est pourquoi, lorsqu'elle s'en sert pour arrêter le temps, sa montre le lui fait payer. Si elle venait à stopper le temps pour quelques dix secondes, celle qui suivrait serait tellement incisive que Graëchen en tomberait dans les pommes. Tic-tac, n'est-il pas ?

* * * * *

Comme tous les matins, Graëchen s'est reveillée, sans réveil, seule, a pas d'heure. Car dès qu'elle a repris conscience, elle tâtonne pour trouver sa montre. Elle est là, près de son coeur, douloureuse. Elle la prit, la retourna, regarda l'heure. Elle y vit XI pour la grande aiguille puis V pour celle des minutes. Cela ne lui faisait ni chaud ni froid. Elle avait le temps, puisqu'elle n'avait plus grand monde pour lui mettre des objectifs. Pas d'objectifs, donc du temps à revendre, et avec le fléau de montre qu'elle avait, elle en avait besoin. Elle s'est habillée d'une robe corsettée beige clair, à dentelle blanche. Réhaussée de petites chaussures plates, et coiffée de deux couettes blondes (il était vraiment temps pour elle d'aller chez le coiffeur, d'ailleurs ne connaîtriez-vous pas une adresse sympatique ?), elle se rendit donc à son nouveau "laboratoire".

Et comme une bonne partie de ses matins là, elle resta plantée devant les grilles du lycée un petit moment. Manque de courage ? Peut-être, mais surtout, c'était des peurs qui ressortaient. L'école, quelle qu'elle soit, était une épreuve dans la vie de Graëchen. Elle n'y était pas à sa place. Elle méritait mieux que ça. Elle l'avait même fuie dans les premiers temps de son adolescence. Mais aujourd'hui, alors qu'elle avait grandi, vieilli, et était (presque) présentie pour un prix nobel, elle se retrouvait à devoir passer la grille d'une école. Cela soulevait un grave problème métaphysique dans son esprit : était-elle vraiment si douée que ça ? Effrayée par une satané grille.

Une fois n'est pas coutume elle resta plantée devant : en soupirant fréquemment. Mais elle n'était pas prête à montrer aux autres êtres humains qu'elle souffrait. Faudrait pas non plus pousser mémé dans les orties. "Et pourtant j'suis pas si vieille..." Au bout d'un temps, elle posa sa main sur la grille, prête à la pousser pour entrer, lorsque tout d'un coup, elle sentit une présence dans son dos... Elle se retourna lentement, sa main libre tenant sa montre, prête à arrêter le temps pour courir...

" - .... ?"


Dernière édition par Graëchen Doe le Mer 8 Déc 2010 - 13:16, édité 2 fois
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Melicerte Kerozène
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MessageSujet: Re: [CLOS] I'm a poor scientific. [Melicerte Kerozène] [21/11]    [CLOS] I'm a poor scientific. [Melicerte Kerozène] [21/11]     Icon_minitimeLun 22 Nov 2010 - 15:25

[HRP : béon y'a fallut que j'y travaille pour me trouver là alors c'est un peu pavesque, navré. Sinon, j'ai imaginé qu'on s'était rencontrées par hazard dans un bar huppé (une fête quelconque) où nous aurions eu une discussion brève mais intense compte tenu de l'incompatibilité manifeste des caractères en présence. Si ça ne te va pas, dis moi ce que tu veux que je change ^^.
Un petit point sur Mélicerte : elle a passé un sale quart-d'heure chez les résistants un mois avant, donc je suis obligé de considérer qu'elle s'en est sortie et vivante avec ça. On peut encore voir de légères cicatrices de brulûres sur son visage (mais elle y travaille).]

Ce matin là, il faisait encore nuit quand la cafetière fumait. Elle ne sifflait pas, non, parce que les bouilloires ne font plus ça et qu'il n'y a rien de plus agaçant qu'un son hystérique quand justement on cherche l'opacité tranquille du silence engourdi de Heaven au petit lever.
Ce matin là donc, une main tambourinait sur la table en plastique du mess pendant qu'une paire d'yeux un peu cernés contemplait la vacuité morne de la cour d'exercice. Quatre doigts levés, la paume retournée vers le haut, Mélicerte énumérait des raisons.

La question lui servait de fil barbelé d'Ariane était simple : fallait-il ou non retourner à l'école ?
Non pas que la rouquine ait réellement besoin de se retaper le programme de chimie (sans être une pointure elle s'en sortait honorablement) mais il y avait là bas quelque chose qu'elle seule dans sa section et probablement dans l'armée savait.
Il y avait là-bas une donzelle complètement frappée qu'elle aurait dû arrêter, balancer dans un bidon de kérosène avant d'y craquer une allumette. Mais elle ne l'avait pas fait. Pourquoi ?

L'index s'est replié : 1- parce qu'elle avait décidé qu'elle n'aimait pas pas Graëchen Doe. Ce qui est concept simple quand on a fait un peu de maths, juste une double négation.

Ensuite…
2- parce qu'elle l'a intriguée lors de cette rencontre au bar. Méli était en civil à ce moment là mais face à la morgue de la jeune femme, elle n'a pas pu résister au besoin maniaque de lui balancer son grade en pleine figure. Ce qui n'avait pas eu le résultat escompté, une fois n'est pas coutume. Du coup elle l'avait filée jusque dans cette école... destination étrange, il fallait l'admettre.

3- parce que Graëchen Doe boutiquait un truc pas clair dans ce bahu mais qu'elle a pensé que ce serait dommage d'y lâcher un groupe de cerbères mal léchés. Un intérêt semblable à celui qu'aurait éprouvé un naturaliste en découvrant une nouvelle espère d'araignée mortelle en somme.

4- parce qu'il n'y avait mine de rien pas grand-chose d'autre à faire en ce moment. Les journées au labo étaient longues et… longues. Quel était le programme de la matinée ? Suivi des sujets 3 et 5, dosage acide-base d'une solution de muqueuse et analyses spectrophotométriques en chaîne. Aller, même sans trop saloper le boulot, à 11h ça pouvait être plié.

Là-dessus, le sous-lieutenant Kerozène s'est fendu d'un soupir et a rajouté une dose de cognac dans son café.

***

Et voilà en clair comment je me suis retrouvée à me frotter les côtes sous un auvent en attendant que Doe fasse une apparition. C'est bien beau l'introspection à la troisième personne mais ça ne fait pas avancer mon affaire. Bon sang ça caille ! J'aurais dû piquer un thermos au labo avant de partir. Celui qu'on utilise pour les prélèvements bactériologiques fait quand même cinq litres… de quoi tenir des heures.
Mais bon, déjà que je me fais la malle à 11h sous un prétexte vaseux qui me vaudra sans doute un autre ticket avec le cap' dans son bureau… faudrait pas non plus que je pille le matériel sinon c'est dans les dents que je vais me ramasser ledit bureau (et peut-être même ledit capitaine). C'est vrai qu'au SRDP on a une discipline un peu plus relâchée mais ça n'empêche pas les cours martiales et tout le bastringue des gradés en goguette.
Alors qu'est ce que je fous là ?! Voyons, ce matin là, il faisait encore nuit quand cafetière fumait…

Je jette un œil à l'écran de mon Samsung. Oh formidable… presque midi. Il va falloir que je me tire, ma pause n'est pas non plus en peau de caoutchouc.
Quelques minutes plus tard, je tente à nouveau d'approcher la grille du Lycée et donne une légère secousse pour la forme. Toujours verrouillée. D'accord, ça ne sert à rien de se geler ici Méli, retourne manger un morceau au labo et n'en parlons plus.

Quelques minutes encore plus tard, devinez où je suis. Ouais, toujours sous l'auvent en face du lycée. Et voilà t'y pas qu'à force de reluquer mon portable d'un air coupable, je manque la silhouette qui s'est immobilisée devant.

Il ne faut néanmoins pas plus de trois enjambées rapides pour m'en approcher –de dos c'est un truc que j'aime bien tiens- et adopter la posture que je me suis promise d'arborer la prochaine fois que je verrais Graëtchen Doe.
Le manteau de l'armée entrouvert sur un coté pour laisser voir mon arme de service et mes insignes de poitrine. Une main dans la poche et l'autre "négligemment" jetée sur la nuque, en train de faire semblant de jouer avec des mèches échappées de ma queue de cheval. Il y a également la besace qui pend de l'autre coté que je prend soin de faire passer derrière ma cuisse. Voilà.

- Tiens, Grette Chêne Dose, en voilà une surprise. Je ne pensais pas vous revoir de sitôt, dis-je d'un ton uni sans masquer la totale absence de surprise que j'éprouve. Par contre je n'ai pas fait exprès d'écorcher son nom comme ça ! Nerveuse moi ?
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MessageSujet: Re: [CLOS] I'm a poor scientific. [Melicerte Kerozène] [21/11]    [CLOS] I'm a poor scientific. [Melicerte Kerozène] [21/11]     Icon_minitimeMar 23 Nov 2010 - 19:39

Oyez oyez, braves gens ! Soyez heureux de savoir que vous allez être des exceptions dans l'exception : vous allez voir chacune des rouages de la tête de Graëchen Doe, ce que personne jusqu'à présent, n'a pu visualiser. Premièrement, en voyant le lieutenant, elle chercha à l'identifier. Sexe féminin. Cheveux roux. Elle l'avait déjà vue. Le souvenir que cette rouquine soulevait empestait la cigarette et l'alcool. Un bar donc. L'ennui et la monotonie que soulevait ce point furent chassés par une sensation "amicale". Cette fille était pas aussi stupide que les autres de sa génération. Elle était étrange, elle avait la gniaque (gniak ?). Et elle était prétencieuse. Tous ces détails en puzzle permirent à Melle Doe de restituer l'identité totale de son interlocutrice : Melicerte Kerozène. Un spécimen spécial de chez les soldats.

Deuxième étape : auto-satisfaction. Elle avait, je cite, prononcé :
- Great Chêne Dose.
À moins que ça ne ce fut : "Great Chaîne Dose". Que ce soit "Chaîne" ou "chêne", Graëchen était flatée. "Great", oh ça elle l'était. Elle était merveilleuse. Ensuite "Chêne" parce qu'elle était solide, du bois massif. Ou "chaîne" parce qu'elle emprisonnait ses proies. Allez savoir quelle flaterie Meli (je me permets, moi qui écris) lui adressait. "Dose" en référence à ses talents de scientifique, probablement. Elle ignora donc l'écorchure de son nom et lança un sourire sincère et flaté. (Sachez qu'elle fait ceci tout le temps et que jamais je ne vous épargnerais.)

- Tiens, Grette Chêne Dose, en voilà une surprise. Je ne pensais pas vous revoir de sitôt.

Graëchen aurait pu lui répondre nombre de choses comme : "Ah, ben, pourquoi m'avez-vous suivie ?" mais elle ne prit même pas la peine de le penser. Elle continua de sourire.

"- Tant pis pour vous," répondit-t-elle.

Car enfin, elle n'allait tout de même pas s'excuser d'exister. Si ? Non. Elle refusait. Graëchen Doe lâcha la grille qu'elle tenait toujours et se retourna complètement vers Méli.

"- Vous avez réussi à vous débarrasser de ce travesti, l'autre soir ? Il avait l'air amouraché."

Ce qu'il ne fallait pas prendre mal, mais interpreter comme "Salut, ça va ?". C'était son habituel sarcasme de "bonjour". Elle trouvait stupidement le conformisme trop conforme à la réalité et pas assez original. Enfin... Bref. Mais si elle était sérieusement atteinte et mal polie, Graëchen avait le sens des convenances. Elle fit quelques pas vers Méli et se pencha pour lui faire la bise. Une poignée de main n'aurait pas assez destabilisé la soldate et aurait pu trop se retourner contre elle.
* concernant la paranoïa de Graëchen :
Certains s'en souviennent peut-être, mais elle est complètement siphonnée. Elle avait acquis ce sens de la paranoïa à l'époque où, enfant, elle commençait à se battre avec son paternel à propos de leurs recherches plus ou moins (mais surtout moins) conjointes. Ils s'étaient battus plusieurs fois et elle avait appris à ne jamais prendre le risque de laisser un bras ou deux à portée. Elle avait été incapable de travailler pendant plusieurs semaines...

Graëchen avait beau être paranoïaque, elle avait gardé, en ces quelques instants écoulés, son sens de la convenance. Elle avait notamment remarqué que le lieutenant arborait fièrement son arme de service, qui, probablement chargée, restait cependant inofensive. Autre devise de la scientifique : "Faire de ses ennemis, des amis." Et pour le moment, elle appréciait plutôt Méli. Elle se serait même peut-être laissée aller à un surnom plus "rock and roll" : "Méli-Mélo". Mais pour cela, il aurait fallut la saouler sérieusement. Des ammateurs ? Ce fut donc ce qui la poussa à demander, le plus poliment du monde, le tout en désignant du regard l'arme (pour montrer à l'autre qu'elle l'avait vue et qu'elle pouvait arrêter de la lui mettre sous le nez) :

"- On peut vous aider lieutenant ?"

Gagner du temps. Surtout gagner du temps pour trouver une quelconque explication à sa présence en ces lieux. Elle était étudiante ? Trop peu crédible, car elle était trop arrogante. Un prof, ça aurait pu passer, mais elle était trop jeune. Une employée de la mairie qui venait faire un état des lieux... Pourquoi pas, mais... Mais tout le monde savait probablement qu'elle bossait pour l'ombre ! Oui, mais quoi. L'ombre avait "disparu" non ? "Pense pense pense..." pensa Graëchen en se tapottant la tempe dans sa tête (confere : Winnie the Pooh dans Kingdom Hearts II). Voilà ! En tant qu'ancienne vendue de l'Ombre, elle venait chercher des informations à propos d'un(e) élève, pour avoir son nom (si elle ne l'avait pas), son adresse complète... Pouvoir envoyer quelqu'un le tuer. Cela pouvait intéresser les soldats, non ? Probablement que non, mais c'était toujours mieux qu'un long silence gêné.

"- À moins que je ne puisse vous offrir un verre... Pour compenser le votre." siffla-t-elle.

Il serait plus facile pour Graëchen de faire passer des piteux mensonges derrière un verre, mais au pire, cette diversion lui ferait gagner du temps, histoire de paufiner son histoire minable.
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Parmi les différentes émotions qui me traversent un bref instant, on peut compter la surprise, l'étonnement, la déstabilisation cardiaque (lorsqu'un bout de joue frôle la mienne pour embrasser l'air à proximité de mon oreille selon cet étrange rituel de se "faire la bise" auquel je ne réagis pas). Mais aussi, et c'est un peu ton sur ton : la consternation, la perplexité, l'envie soudaine de dire quelque chose de cru, une augmentation de ma nervosité de plus de 2 crans, un brin de soupçon, un soupçon de défiance et pas mal d'égarement.

Pour me débarrasser de cet air hagard complètement imbécile, je me réfugie dans une rapide et salutaire manifestation mondaine d'usage : un petit rire sec et saccadé parfaitement ridicule.
Puis reprenant enfin emprise sur mes réactions, je noie le tout derrière un solide raclement de gorge et relance avec plus d'aplomb :

- Mmmmh d'accord. Il ne fait pas chaud et quelque chose d'un peu racé ne serait pas de refus.

Peut-être qu'elle va me faire entrer dans le lycée… peut-être pas. Avant d'incliner le goulot dans le verre, il va peut-être falloir que je pousse le bouchon. Je considère la robe de cette étrange jeune fille avec un regard neutre. Joli le beige, je ne savais pas qu'il faisaient des bustiers de cette… Hé Méli réveille toi !
Je pivote d'un seizième de tour (à peu près), geste qui me permet aussi de refermer mon manteau. Mine de rien ça fend de la pierre dehors.

- Oh oui, l'autre soir. 30 milligrammes de Valium dans le godet et il frottait sa tendresse raide contre le portemanteau.

Cet épisode réchauffe en moi une satisfaction évidente. Je n'aurais pas rechigné à finir dans le lit d'un gentil garçon pour l'occasion mais certainement pas chez un type qui s'était égaré dans le placard à soutifs de sa grande sœur.

- En fait en ce moment j'ai d'autres ambitions, dis-je en repliant un index devant mes lèvres selon cette mimique songeuse qui – paraît-il – caractérise les scientifiques. Tu parles. On n'est pas très à l'aise (une pause pour retirer une mèche de ma bouche) dans notre cube de béton souterrain. Alors je suis venue ici pour faire un repérage. Après tout, on peut bien réquisitionner un autre bâtiment public. Cette école ferait une très bonne annexe scientifique. Un peu plus lumineuse, plus spacieuse. J'aime bien la petite cour… Mais surprise, vous avez remarqué ? Elle est déjà vide ! Il ne nous reste qu'à venir nous installer on dirait. Vous connaissez le bâtiment ? Vous avez étudié ici ?

Ouais, j'ai remarqué que le lycée est étrangement désert. Et oui aussi, je voudrais bien aller voir à l'intérieur, même si pour ça je bricole un bobard à la va-vite. Si j'ai compris une chose à propos de Graëtchen Doe, c'est que je peux flatter son égo surdimensionné mais pas lui demander une faveur. Mais si je connais une chose à propos du mien, c'est qu'il ne voudra jamais se plier à l'exercice.
Alors compromis : une petite pique anodine. Un coup de sonde. Oui c'est paradoxal mais je n'ai jamais dit que j'allais emprunter le chemin le plus direct !
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MessageSujet: Re: [CLOS] I'm a poor scientific. [Melicerte Kerozène] [21/11]    [CLOS] I'm a poor scientific. [Melicerte Kerozène] [21/11]     Icon_minitimeJeu 25 Nov 2010 - 18:37

- Oh oui, l'autre soir. 30 milligrammes de Valium dans le godet et il frottait sa tendresse raide contre le porte-manteau.

Ce que Graëchen comprit à sa façon : "Oh, oui, très bien, et vous ?". Mais elle approuvait le début de la phrase... Le Valium, ou dans le jargon scientifique : Diazépam, est un médicament horrible. Prescri normalement pour calmer les gens, il est, extrêmement nocif pour une bonne partie de la population. Femmes enceintes, enfants de moins de six ans, les personnes atteintes de maladies oculaires ou musculaire. C'est en revanche le grand ami des polytoxicomanes. Or, Graëchen supposait que le fameux travesti pouvait être facilement toxicomane. Pauvre gars, il avait l'air gentil... En réponse à la pensée de Mélicerte, Graëchen, elle, n'aurait pas été gênée de se l'envoyer, à croire que ça devait le déprimer, le pauvre, qu'elle porte les mêmes dessous que lui. Elle ne put s'empêcher laisser s'échapper une sourire à la pensée du type se frottant amoureusement contre le porte-manteau. * Pauvre pauvre porte-manteau.*

- J'ai pas été à l'école... répondit Graëchen en bougonnant.

Ce qui était vrai, mais, quand on y regardait de plus près, était aussi très étrange... "Je n'ai pas fait d'études mais j'ai tout de même 413 de Quotient Intellectuel...". C'était tout différent, elle avait étudié au milieu de Grands, mais pas selon le système éducatif. Et encore moins selon celui d'Heaven, qui, à ce qu'elle avait pu en observer, consistait à ne pas donner d'éducation... En dehors de l'éducation millitaire. Pays d'ignares... Et puis en pleine réflexion, Graëchen changea d'avis. Elle allait lui rentrer dans le lard, légèrement.

- Je travaille ici. Alors, bon... Je connais les locaux, oui.

Pause.

- Mais ils sont déjà pris.

Elle n'avait pas encore envie de devoir lui faire peur. Parce qu'elle pouvait lui en sortir de belles ; du genre, des pièges cachés partout, des pièges mortels de préférence... Un remake de Cube, en quelque sorte. Avec des caméras pour qu'elle puisse se marrer, loin, de l'autre côté de la ville, avec pop-corn, pizza, et whisky... Elle pouvait aussi foutre le feu au bâtiment, avec quelques mioches dedans, ça serait dramatique et elle pourrait ressortir le trio pizza-pop corn-whisky encore une fois en regardant les informations télévisées. De toute façon, Graëchen était démoralisée ces derniers temps, elle se sentait seule, dans son laboratoire. Ca lui manquait, les réunions, les engueulades entre collègues, le contact humain... Et elle se retrouvait en pleine rue, dans son manteau et sa robe beige, à causer avec une militaire... Si jamais ils lui volaient ses locaux, elle irait se suicider. Ce qui, en soit, restait une option envisageable.

Mais maintenant, elle lui avait dit qu'elle travaillait là, elle lui avait proposé un verre, alors autant, pour une fois, profiter d'un peu de contact humain, non ? Quitte à - ça lui faisait vachement mal au cul de l'envisager -, quitte à "ceder" un ou deux étages du lycée... Ou alors, du collège. Elle verrait ainsi des gens tous les jours, et si jamais une guerre bactériologique éclatait entre les deux camps, les microbes ne traverseraient pas la ville, mais la cour de récré... Elle poussa un soupir doux et s'approcha de la grille. Elle sortit son trousseau de clefs de sa poche (et regretta instantanément de ne pas avoir de gants) et déverouilla la grille en métal. Elle se recula d'un pas.

- Vous entrez ? demanda-t-elle gentiment.

N'attendant pas de voir si elle était suivie, Graëchen Doe s'aventura dans la cour, puis les couloirs du lycée, espérant vaguement que le lieutenant l'aurait laissée tranquille et qu'elle ne serait pas forcée de devoir "devenir son amie", "la tuer" ou encore "se faire massacrer" ou "engager"... L'idéal aurait été qu'elle s'enfuie à toutes jambes, et qu'elle trouve un pigeon assez solide pour le nommer "chef de l'ombre" et que le bonheur puisse recommencer comme avant... C'était dur ainsi. Se faire engager par les soldats semblait une issue sympathique, mais étrangement, et sans que Graëchen ne puisse nommer cette impression en français, elle ne la tentait absolument pas. Elle trouvait presque cela malheureux. Alors, elle improviserait.

Rien ne l'empêchait d'essayer de se faire une copine, si ? Au mieux ce serait un sentiment partagé, au pire ce serait juste un moyen aux deux femmes d'obtenir des informations sur le camp adverse...
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MessageSujet: Re: [CLOS] I'm a poor scientific. [Melicerte Kerozène] [21/11]    [CLOS] I'm a poor scientific. [Melicerte Kerozène] [21/11]     Icon_minitimeLun 29 Nov 2010 - 14:32

Et moi, quelques pas derrière, je pourrais me rengorger d'avoir réussi à me faire ouvrir les grilles du lycée aussi facilement mais comme dit le proverbe : "si un scientifique t'invite dans son bureau, c'est pour te faire visiter les bocaux (en petits morceaux de préférence)". Enfin personnellement, c'est un truc que je pratique de temps en temps.
Tout ceci me rend légèrement nerveuse. Je pourrais peut-être prévenir mon QG ou bien faire en sorte de m'immuniser contre ce stress envahissant… Je décide donc de chausser mes lunettes de soleil. C'est pas qu'elles cacheront mon regard pour me rendre aussi impénétrable qu'un joueur de poker gonflé à son style-trop-ténébreux, non c'est juste qu'elles sont classes et que j'aime bien les verres orangés. Voir la vie en ton de vitamine, ça évite de se prendre des déprimes d'asphalte.

- Mais très volontiers, dis-je dans le vide qu'occupait il y a peu ma vis-à-vis.

Ceci fait, j'emboîte donc le pas avec un léger temps de retard à Graëtchen, me demandant au passage si je ne suis pas en train de signer pour un nouvel épisode-surprise de Resident Evil.

Mais quelle méfiance Méli ! Faut être un peu givrée pour aligner des pensées aussi macabres-machiavéliques. Alors en fait, ce qui m'a mise un peu mal à l'aise dans tout ça, si je vais au fond des choses, c'est la dernière phrase de Doe : "Vous entrez ?". Nan mais, laissons tomber le sens, c'est pas ça qui compte, c'est le ton.

Elle l'a dit gentiment. Ça me perturbe toujours un peu la gentillesse. En biochimie, on apprend que les émotions comportementales sont quasiment toutes issues de réactions endocriniennes. De là à en déduire quels sont les ingrédients fondamentaux de la sociabilité, il n'y a qu'un pont de disulfure.

Je repousse une mèche d'un geste absent, relevant les yeux sur la silhouette cintrée de Graëtchen. Bah autant la laisser guider devant, ça me permet de cogiter en faisant mine d'admirer les lieux. Ah, et il faut aussi que je poursuive ma petite enquête personnelle :
- Et sinon, ça consiste en quoi de travailler dans une école déserte ? Laché-je avec l'allant naturel que j'ai perfectionné en injectant des MST à des suspects récalcitrants.

Bon reprenons.

La gentillesse, c'est un mélange de guimauve et de mièvre. Beurk. C'est aussi un mélange de faiblesse et d'altruisme. Or je pense avoir deviné avec discernement que Graëtchen Doe n'est ni faible ni (encore moins que ni) altruiste. Sinon pourquoi m'aurait-elle "intéressée" hein ?
CQFD, on peut donc en déduire que sa gentillesse est un mélange de façade + truc pas net. A la gentillesse, je préfère notablement d'autres réactions plus claires et définies comme la peur, le larvisme (qui consiste, pour un laborantin du SRDP, à lécher les bottes de la sous-lieutenant responsable de son avenir), le renfrognisme professionnel (pour les rares qui s'octroient ainsi mon respect) et – dans une moindre mesure et juste parce que ça m'excite – la défiance.

Mais peut-être qu'elle s'en fout. Peut-être parce qu'elle n'a jamais été à l'école…
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MessageSujet: Re: [CLOS] I'm a poor scientific. [Melicerte Kerozène] [21/11]    [CLOS] I'm a poor scientific. [Melicerte Kerozène] [21/11]     Icon_minitimeMar 30 Nov 2010 - 19:32

"Ca consiste en quoi ?" Bonne question. Si seulement Graëchen avait une réponse pas trop farfelue - ni trop longue, ni trop ridicule - toute prête à lui servir. Elle se mit à songer. Que faisait-elle, ses derniers temps ? Et bien pas grand chose. Elle avait plusieurs projets en cours mais une flemme monumentale de travailler. Trop longtemps qu'elle n'avait pas vu Jude (harceler serait plus convenable) et aussi qu'elle n'avait pas vu du monde. Un de ses projets c'était sa montre. Ce petit receptacle métallique qui produisait cet incessant "tic" ... "tac" ... contre sa poitrine. Ce bruit si douloureux quand on approchait l'oreille. Une de ses expériences (tiens, pendant que Graëchen y repensait, il faudrait peut-être qu'elle descende à la cave pour nourrir le pauvre homme, non ?) était sur un autre humain. Elle avait mis l'homme et la machine en contact et le type avait été pris de convulsions... Ce qui, comme vous vous en doutez, laissa Graëchen face à lui, de marbre, un chronomètre dans la main, sourire sur le visage, à attendre en combien de emps la montre le tuerait. Elle avait posé la mine de son crayon à papier sur le grain épais de son bloc-note. La mine, dans sa poussée, imprimma la feuille d'un trait gris. Seulement alors qu'elle allait inscrire "Montre 1 - Humain 0", l'homme se calmait peu à peu. Elle avait caché son ennui derrière une moue dubitative et s'en allat, nota ses observations. "Hémoragie externe, convulsions, rythme cardiaque complètement anihilé..." Cette dernière remarque signifiant que si un être humain en bonne santé a trois battements irréguliers : "Ta dadoum", lui il avait ensuite : "toum toum touuum"... Ce qui ne devait pas être très bon...

Son autre projet c'était ce problème de distorsion temporelle. Outre le fait que même sans preuves, elle soir persuadée que sa montre en était la cause était perturbante. Car une chose que Graëchen avait appris à la suite d'autres savants, comme Einstein, que toute masse déforme l'espace temps. Elle avait donc admis dans ses calculs cette relation... Qui s'était avérée inexacte à son arrivée à Heaven.

NOTA BENE : cette histoire de temps distordue provient de mon idée de seconde nouvelle. Graëchen, scientifique, utilise cette relation et s'aperçoit que les résultats ainsi obtenus sont faux. Cependant son intuition lui souffle que les données de la relation sont justes, que c'est un élément extérieur qui est à l'origine de ce problème. Elle s'embrouille donc dans des schémas pas possible pour essayer de trouver comme quelqu'un ou quelque chose aurait pu déformer l'espace-temps. En parallèle, une folle est arrêtée par la police et doit se faire exécuter... Aucun rapport visible entre les soucis de Graëchen et de la folle... Personne n'aurait pu voir le lien, sauf peut-être l'instinct de Graëchen... Je voulais, moi qui écris ceci, adapter une partie du récit au forum d'Heaven pour conserver la cohérence du personnage et ne pas perdre de vue mon futur texte. Si cela pose un problème technique, je virerais cette idée.

Et là, elle bloquait carrément. Donc, en attendant de trouver l'inspiration, elle sortait... Sauf qu'en hiver, les gens ne sortent plus beaucoup. Alors son job, ça consistait à ne pas se lever, à ne pas venir au travail, et à ne même plus s'amuser à torturer le type dans la cage... Vraiment dépressive.

- Pour être honnête, ces derniers temps, je ne fais pas grand chose.

Elle se retourna pour asssocier un regard à sa déclaration. Et, enchaînant, se retourna pour faire face à la volée de quatre marches qui naissait en dessous de ses pieds. Elle bondit deux fois, et, profitant de l'accélération prise, fonça sur quelques mêtres avant de grimper les marches montant directement vers son bureau. Elles avaient fait un détour, parce que Graëchen ne voulait pas que la lieutenant passe par l'intérieur même du laboratoire. Elle ne voulait pas que l'autre pose trop de questions sur ses activités. Pas tout de suite, en tout cas. Elles montèrent les quelques étages quii menaient directement au bureau, soit quatre-vingt-sept marches. Graëchen ne les montait pas deux par deux ou même trois par trois, mais bien... une par une. Car Graëchen était méthodique. Elle marchait avait une régularité dans ses pas qui dépassait même l'exacte rigueur du "tic" ... "tac" de sa montre. Elle ne s'arrêtait, n'exerçait pas de pesée plus franche sur une jambe que sur l'autre. Non, elle était d'une précision mortifiante. Et dans sa tête, elle comptait les marches.

- Que fait l'armée en ce moment ? demanda-t-elle l'air distrait.

Puis, arrivant en haut des marches, elle entreprit de sortir son porte-clefs métallique de sa poche de manteau gauche, d'ouvrir la porte blindée qui bloquait l'accès à son laboratoire, et, après avoir ouvert la porte, elle s'effaça devant son homologue militaire. Semblant se reprendre un peu de sa rechute de moral précédente, elle se renfrogna un peu plus, et enfonçant sa tête dans son col de fourure beige :

- Bienvenue dans mon antre, lâcha-t-elle d'un ton neutre.

Et elle referma la porte sur elles. Instinctivement (donc sans y penser) Graëchen mit un tour de clefs dur la serrure. Je précise, instinctivement, car Graëchen ne songea pas une seconde que Mélicerte pouvait bien se sentir oppressée dans ce lieu clos. À espérer que ce réflexe ne les ferait pas s'entretuer.
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MessageSujet: Re: [CLOS] I'm a poor scientific. [Melicerte Kerozène] [21/11]    [CLOS] I'm a poor scientific. [Melicerte Kerozène] [21/11]     Icon_minitimeMar 30 Nov 2010 - 21:27


"Que fait l'armée en ce moment ?" Bonne question. Si seulement j'avais une… hé mais qu'est ce que je raconte moi ? Je rehausse mes lunettes d'un cran, (geste passablement irritogène qui m'inciterait, si j'étais en face, à me flanquer un coup de poing dans la figure) avant de répondre sur le même ton :

- Comme d'habitude, quand on ne cherche pas à pendre des gens, on s'efforce de découper les survivants sur le billard.

Woh oh wooooh ! Du caustique qui pique ! Un quart de sourire soulève la commissure droite de mes lèvres. Je laisse planer la réplique entre moi, la militaire désabusée et elle, l'intrigante blousarde en robe qui "ne fait rien de spécial".
Oui, je sais bien que personne n'aime l'armée et que ce genre blague trop verte pour la digestion à tendance à faire grimacer les gens. Mais d'un autre coté, j'ai toujours détesté répondre les mots gluants qu'on scande sous les drapeaux : "protéger, servir, défendre !" Waye ! Sérieux, ça colle sous le palais. Et en quelque sorte, c'est un hommage discret à la perspicacité de mon interlocutrice. Je n'aurais peut-être pas pris le risque de sortir ça devant un parfait crétin… peut-être pas.

A ce moment là, il se passe plusieurs choses : tout d'abord la luminosité décroît assez significativement lorsque l'on entre dans la pièce verrouillée. Je rabaisse mes lunettes sur le bout de mon nez, consciente que ce petit agrément vestimentaire ne pourra pas rester là bien longtemps.
Ensuite… et bien

- Clic - Clac- dans ma baraque ! N'importe qui ayant vu des films X ou de survival horror dirait que ce genre de déclic définitif (qui induit par ailleurs une certaine promiscuité intimiste avec votre partenaire / assassin) monte le toquant en chandelle.

Pour ma part, n'étant adepte ni des uns ni des autres, je n'ai pas de frisson excessif, si ce n'est une légère montée de chaleur au niveau des tempes. Je me rapproche tout de même de la paillasse carrelée que je vois sur ma droite, histoire d'interposer un obstacle quelconque en cas de pépin. Vaudrait mieux pas que ça foire… cette porte coupe-feu est quand même super épaisse Méli !

Ce faisant, j'inspecte les objets qui passent dans mon champ de vision : stores métalliques, chaises pivotantes, oscilloscope A/D, lentilles convexes, multimètres jaunes à affichage numérique, cuves de spectro en quartz, etc, etc. Rien de très révélateur, l'équipement scolaire d'un labo de physique banal. Je suis un peu déçue… je m'attendais à mieux. [Hrp : d'ailleurs, je ne sais pas si ma description est correcte, je changerai au besoin :) Sinon, je profite de ce hrp providentiel pour annoncer solennellement que ça ne me gène pas du tout perso, la complexification temporelle à part que ça m'a l'air velu !]

Enfin, j'ai eu le droit au tour des lieux, c'est toujours ça de pris. La conversation pourra toujours déterrer le reste. Tiens, puisque j'en suis là, je déboucle ma besace et fourrage un bref instant à l'intérieur.

- Ah j'ai une proposition pour vous Gratte-Chaine !

(Et merdeuh ! Aller, garde ta consistance Méli). Mes doigts reparaissent, refermés sur le goulot d'une bouteille de Croze-Hermitage 1999 cuvée en fût de chêne. Un excellent cru, une excellente année, je la tiens de la petite réserve personnelle du capt' auquel son grade donne voie à de petits extras.

Le verre épais tinte légèrement lorsque je dépose la bouteille sur la paillasse d'un geste tranquille, coutumier des manipulations en tension :

- Oubliez ce que je vous ai dit pour pouvoir entrer ici et en échange j'oublie également que je suis dans mes rangos d'uniforme. (A Mi-voix). Rien de tel que le Côte du Rhône pour oublier… (Puis plus haut). En fait j'avais terriblement envie de discuter à bâtons rompus mais certainement pas au grand air.

Et si ? Et si ? Et si ? C'est la farandole des questions. Mon cœur s'emballe de quelques battements erratiques. Ça me rend foutrement nerveuse de lancer la partie de cette manière ! J'ai l'impression de disputer un "8-pool" les yeux bandés.
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MessageSujet: Re: [CLOS] I'm a poor scientific. [Melicerte Kerozène] [21/11]    [CLOS] I'm a poor scientific. [Melicerte Kerozène] [21/11]     Icon_minitimeMer 1 Déc 2010 - 19:45

HRP : J'imaginais pas du tout le laboratoire de Graëchen ainsi, je l'avoue. C'est même complètement le contraire. MAIS cela dit, ayant lu ta description, elle est parfaitement plausible et même plus logique. Je ferais donc, dans ce post là, une véritable description, prenant en compte ta version. Tu n'auras donc rien à modifier.


Graëchen avait fait quelques pas après avoir fermé la porte. Mélicerte avait fait la même chose pour "se cacher" - ce qui rappela à notre scientifique de l'ombre les jeux débiles auxquels les gamins de son quartier jouaient quand elle était encore à l'école ; elle avait eu envie, une seule fois d'aller jouer avec eux, et puis après les avoir observés, longtemps, elle avait compris que ce n'était qu'un jeu stupide sans intérêt - et la petite mademoiselle Doe la dépassa. Elle partit dans une autre pièce. Il n'y avait pas de cloison entre la première pièce servant de bureau.
* concernant la première pièce qui servait de bureau :
Aux murs blancs et aux meubles, volets, abats-jour, gris, elle était éclairée par des ampoules incadescantes. Graëchen était agacée par ces lampes. Elle allait devoir changer les ampoules et toutes les lampes parce que petit à petit les écologistes forçaient les états, les industries et les particuliers à remplacer les lampes incandescentes normales par des ampoules à économie d'énergie. Un beau geste pour l'environnement. L'ampoule à économie d'énergie était un beau pari pour la planète, tenant entre dix et quinze ans, consommant 10% de moins que les ampoules normales (et encore moins venant des néons)... Mais pour l'être humain, l'ampoule à économie d'énergie est une catastrophe. Elle ne dégage pas une lumière blanche et l'observation de son spectre lumineux ( Petit rappel de première : le spectre de lumière permet de voir quels rayonnements sont émis) montrait clairement l'émission de rayonnements cancérigènes. Donc en gros : vive la planète, crève l'espèce humaine. (Petite conviction de l'auteur et donc du personnage : l'écologie est un beau rêve qui peut s'appliquer de deux façons ; avec le bio, en faveur de la planète ; ou alors avec le développement durable, en accord avec les deux, Homme et Terre... C'est tout de même plus sain.) Des murs blancs raccourcissaient la pièce et laissaient une ouverture de deux mètres. Graëchen avait forcé des gens (je ne préciserai pas qui, on risquerait de tomber sur des petits gamins du collège, menacés de mort) à mettre deux étagères rudimentaires en inox, supportant de nombreux objets étranges.

Elle passa donc les deux étagères et s'engagea dans l'autre pièce. Agencée de la même manière, elle comportait plusieurs lavabos, paillasses (le terme qu'on emploie dans mon lycée pour désigner les plans de travail), et torchons blancs immaculés, preuve que si Graëchen se servait encore de ses établis, elle ne faisait pas d'expériences tachantes. Si on regardait à l'autre bout de la pièce, il y avait encore une ouverture dans le mur, qui menait à une pièce peuplée de nombreux objets, on remarquait notamment, de loin, des horloges éventrées, des mécanismes en tous genres dans tous les coins. Graëchen tourna et alla vers une armoire pour saisir de la verrerie. Elle revint avec un erlenmeyer (rappel : un bécher triangulaire) pour elle et un bécher pour son invitée. Elle alla à une des paillasses et rinça les deux contenants avec de l'eau distillée qui traînait par là. Elle vida l'eau dans l'évier, et sans les essuyer, revînt à son "bureau".

- Bécher, ça vous convient ? demanda-t-elle rhétoriquement.

Puis, posant les deux "verres" sur son bureau (le meuble cette fois) elle prit la bouteille dans la main et regarda l'étiquette. Elle eut un sourire. Bon vin. Excellent même. Graëchen n'aimait pas le vin. Mais elle ne pouvait que se laisser séduire par un bon cru. Surtout qu'avec un vin pareil, aucune chance de sentir une odeur de banane, révélatrice d'acétate d'isoamyle, un composant chimique intervenant naturellement dans la fermentation. Elle reposa la bouteille, et fouilla dans un de ses tiroirs pour trouver un tire-bouchon. Elle le posa sur la table, et vit qu'il n'y avait pas de chaise pour sa "compagne".

- Chaise ou tabouret ? demanda-t-elle en s'éloignant.

Elle revînt quelques secondes plus tard, en possession de ... [remplacer par la mention désirée] ... qu'elle disposa non pas en face de son fauteuil, mais à côté. Côté tiroirs, donc. Elle montrait ainsi inconsciemment (ou pas...) qu'elle considérait Mélicerte comme son égale, et que même si elle avait un vrai fauteuil, doux, confortable, c'était un hasard. Elle servit deux verres et leva le sien pour trinquer.

- À l'armée ? Hum...

Elle hésitait. Sincèrement. Elle ignorait à quoi on pouvait associer ce verre. À l'amitié ? Non... Quand même pas, si ? En fait, si elle s'était écoutée complètement, elle aurait dit "à nous" mais après tout, c'était déplacé.

HRP : Désolée, c'est un peu perso ! Je... Pardon !!! *pas la ceinture* Si t'as un souci, envoie moi un MP, je rajouterais des détails.
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MessageSujet: Re: [CLOS] I'm a poor scientific. [Melicerte Kerozène] [21/11]    [CLOS] I'm a poor scientific. [Melicerte Kerozène] [21/11]     Icon_minitimeMer 1 Déc 2010 - 21:23

[hrp : Voyons, Mélicerte ne fouette pas... mais... on peut envisager d'autres issues. Je me doutais que le labo basique ne correspondrait pas mais comme tu avais précisé qu'on avait tourné autour, je me suis dit que la partie "intéressante" venait après ^^. Tiens, je me rappelle pas la fois où j'ai bu dans un erlen… xD]

Les jambes croisées, je pivote lentement sur l'axe du tabouret en faisant rouler le liquide sombre contre le verre épais. Un claquement de langue, une mimique mutine :

- A Melody Nelson.

Oui, celle qui avait les cheveux rouges et s'est faite renverser par une Silver-Ghost de 1910 dans la chanson éponyme. Ça me semble étrangement adapté à la situation. Je n'ai pas bien vu ce qu'il y avait dans l'enfilade de pièces adjacentes mais il m'a semblé entrevoir dans la pénombre, quelque chose ressemblant à un délire steampunk (ndla : ma toquade s'il en est !).

Je coulisse à nouveau sur le tube métallique et trinque légèrement le bord du bécher contre le col de l'erlen, portant une larme pourpre contre la graduation 100ml. Même sans ballon ni carafe, le vin révèle une saveur puissante et charpentée qui envahit la bouche, charme la langue et la laisse toute engourdie comme après une danse effrénée.

N'en déplaise à ma vis-à-vis mais j'adore le vin, alors j'en profite. Je ferme les yeux pour savourer le retour des arômes sous mon palais. Soyeux, séduisant, sensuel et masculin. Exactement ce que je recherche sous le détroit du goulot.

Il est maintenant temps de botter les fesses de ce silence qui semble avoir pris ses aises comme un corbeau malveillant. Je ne suis pas du genre réservée mais si besoin est, il y a du 12,5° pour fluidifier l'échange. Je me lance :

- La dernière fois que j'en ai bu, je venais de tuer un homme. C'est normal me direz vous, dans l'armée c'est un métier. Mais c'est plus rare (je glisse une autre lampée sous ma langue) quand c'est sous le scalpel.

Maintenant une bonne question, pourquoi est-ce que je lui raconte ça ? Pour l'impressionner… peut-être. Pour la surprendre, la mettre à l'aise ou au contraire, mal-à-l'aise… sans doute. Pour me mettre en valeur, oui c'est évident même si je ne comprends pas bien comment. Mais surtout, avant tout et par-dessus tout, pour amener la conversation sur le terrain clinique des charpies de scientifiques. J'ai envie que Doe me dise qu'elle a fait mieux. J'ai envie de connaître ce qui pousse cette fille (plutôt élégante c'est vrai) à se terrer dans cette école pour bricoler. Je voudrais voir ses épaules se soulever avec dédain comme pour dire "c'est rien". J'aimerais que ce soit inavouable ! J'aimerais que ce soit sombre avec des reflets de sang comme ceux que je trouve en ce moment au travers de ce récipient de chimiste.

Bref, je fantasme comme une adolescente en pleine poussée d'hormone. Il faut que je me calme mais je ne peux pas empêcher mes lèvres d'articuler un petit sucre de plus :

- Dites moi Graëtchen, vous aimez ça ?

Laisse les sens envahir cette question insolente. Et pendant ce temps, savoure une autre gorgée de ce divin nectar. Chaque chose en son temps.
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MessageSujet: Re: [CLOS] I'm a poor scientific. [Melicerte Kerozène] [21/11]    [CLOS] I'm a poor scientific. [Melicerte Kerozène] [21/11]     Icon_minitimeJeu 2 Déc 2010 - 20:02

A un tel degré de bizarrerie... Mais pardon. * À un tel degré de bizarrerie, il est naturel que je passe à la première personne. Comme d'habitude - comme mon père en avait peur, tellement peur - je pense. Je pense tellement vite que ma pensée est infinie. Je suis aussi bien ma robe, que mon verre, que ma chaise, que mon bureau, et dans toutes ces affaires que je connais par coeur, la seule qui m'intéresse m'est inaccessible. Vous l'aurez remarqué, je suis quelqu'un de silencieux. Je n'aime pas parler. Je n'aime pas, en réalité, que les gens puissent saisir ma pensée trop facilement. Mais, sans raison, je m'abandonne. C'est une erreur, cette scientifique est mon ennemie, mais j'ai envie de voir si cet être humain pensant est capable de lire entre mes lignes. *

* Alors, Mélicerte, qui es-tu ? Que me veux-tu ? Pourquoi avoir accepté ce verre ? * Après avoir reposé son verre improvisé sur le meuble en inox, elle croisa ses mains sous son menton et se pencha directement dans la direction de son homologue. * Tu me fascines, un peu. Tu es comme ma montre, présente, là tout contre moi, mais toujours un mystère. Et que tu le veuilles ou non, je finirai par te décrypter. Tu veux m'effrayer, mais je suis très loin d'avoir peur de toi, ma grande. Même ton bataillon peinerait à m'arracher un rictus surpris. Mais joue, joue, joue avec le feu. Sache seulement que je ne te soignerais pas si tu te brûles. Je te regarderai juste, de haut, agoniser. J'ai déjà tué, ma grande. Tiens, je vais te rebaptiser comme ça : ma Grande. *

- Dites moi Graëtchen, vous aimez ça ?

Elle prit son verre dans la main, se reculant sur son siège pour voir plus loin, pour que son regard puisse se perdre quelque part dans la pièce. Le dos courbé, les jambes réhaussées, ses cuisses fines montrant le bout de leur nez son la robe qui retombait sur ses hanches, toute appuyée contre le dossier, elle se sentait à l'abri. Elle prit une moue songeuse, avec un sourire de délectation. * Soit, ma Grande, je rentre dans la danse. * Puis, posant sa jambe droite contre un rebord en métal du bureau, elle poussa et se fit tourner. Le fauteuil, au bout de trois cent dix degrés, provoqua le face à face entre les deux femmes.

- C'est âpre... C'est... Hum. Grisant. J'évite.

Pause. Gorgée de vin gardée en bouche. Ca pique, c'est sucré. Ca désinfecte les petites plaies de la bouche, mais en même temps c'est agréable. Un très bon choix, donc. Les bouteilles de Graëchen auraient été bien moins douces, bien moins buvables. Elle avala le liquide, qui s'écoula en elle et lui réchauffe le coeur, l'estomac, puis elle arbora un sourire ravi. * Qui es-tu, Mélicerte ? Qui es-tu vraiment ? J'ai décomposé mon prénom, ou plutôt, elle l'a décomposé pour moi, mais elle... Qu'est-ce que ça veut dire. Une lice : un chateau-fort... Certes : une personne prête à faire des concessions tout en étant sûre d'elle. Cette personne est donc dotée d'une force inouie. Mais, dans l'histoire, Melicerte est un homme. Pas étonnant qu'elle soit entrée dans l'armée donc. Un prénom d'homme, une profession spécialement réservée aux hommes. Mais toi, me connais-tu réellement ? * Faisant mine de découvrir l'intérêt (déjà remarqué depuis quelques temps) de Méli pour le reste de son laboratoire, Graëchen se relève.

- Oh, pardonnez-moi. Je ne vous ai pas fait visiter.

Remettant le bas de sa robe correctement, elle se mit sur ses deux pieds. Elle prit une seconde pour tirer sur un de ses bas qui descendait, et le remonter. Elle lança un sourire sincère, mais légèrement carnassier à son interlocutrice. Puis, avec les bras, lui indiqua le fond de la "pièce".

- Suivez-moi.

Elle passa la première salle, celle dans laquelle elle avait pris la verrerie, sans trop s'attarder. Elle fila donc dans la deuxième, qui consituait la deuxième des trois salles d'expérience. Elle était jonchée de plans, de cartes inexactes, raturées, trouées, froissées. Il y avait des compas, des crayons de papier, des feuilles entières de papier millimètré vierges, des feutres... Parfois, des pièces mécaniques étaient déversées en tas approximatifs. Sur les tables, entre les feuilles et les stylos : des horloges, des montres, toutes éventrées.

- J'étudie le temps. Sa courbure, son expansion.

Pause. Puis, comme pour bien marquer sa capacité à changer de sujet en un rien de temps.

- Quand avez-vous tué pour la dernière fois ?
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MessageSujet: Re: [CLOS] I'm a poor scientific. [Melicerte Kerozène] [21/11]    [CLOS] I'm a poor scientific. [Melicerte Kerozène] [21/11]     Icon_minitimeVen 3 Déc 2010 - 21:05

- Oh, pardonnez-moi. Je ne vous ai pas fait visiter.

Voilà, maintenant le charme est brisé. Je suis un peu désarçonnée, je l'admets. Les choses ne se sont pas passées comme j'aurais pu le prévoir. Mais qu'est ce que j'avais prévu ? Certainement pas cette virevolte qui nous a poussé à nous regarder dans le blanc des yeux.

C'est là que le temps s'est figé.

Elle m'a répondu à propos du vin avec ce mélange d'aigre-doux que je commence à peine à goûter sur le bout de la langue mais qui joue déjà avec mon système nerveux. J'étais déçue, elle a esquivé… ou elle jouait. Je suis restée muette. Un instant plus tard, je répondais mécaniquement à son sourire.
Peut-être était-ce l'effet classique et pratiquement inévitable du vin qui me donnait déjà chaud. Peut-être était-ce lié à un frottement satiné qui a réveillé la serpentine S susurrante, sensuelle et silencieuse. Mais je pense personnellement que c'est la formidable personnalité de Graëtchen qui a fait monter le sang à mes pommettes.

Par formidable je ne veux pas dire "super-cool-déchirons-les-accordéons". Non, formidable comme une tempête qu'on affronte dans une coquille de noix. Formidable comme un élément trop complexe pour être modélisé en relief. Trois dés à douze facettes ne suffiraient pas à reconstituer les multiples reflets que j'ai parfois l'impression de saisir dans ce regard pourtant inexpressif au possible. Le temps d'un battement d'aile de papillon, je vois autre chose mais c'est comme se tenir au pied de la fresque sans disposer du recul nécessaire.

Ça m'agace et ça me fascine tout à la fois. J'ai fait mon temps de scolarité potache. Je sais que je ne suis pas l'aiguille la plus pointue du cactus mais j'aime à croire que je suis capable de me débrouiller seule en milieu aride. Et en ce moment, j'ai conscience d'être face à quelqu'un qui pense notablement plus vite et avec plus de complexité que moi. Maintenant j'ai le choix entre un réflexe humain et un réflexe scientifique. Détruire machinalement ce que je ne comprends pas comme un humain lambda démolissant une rangée de stalactites délicats avant de massacrer l'immaculée neige fraîche qui nappe les alentours. Ou alors observer, analyser, se rapprocher pour mieux comprendre en évitant au maximum que l'opérateur n'influe.

En un sens, tu as sans doute de la chance que je ne sois pas assez humaine Graëtchen Doe. J'en connais d'autres qui t'auraient déjà plaqué sur le comptoir, un canon dans l'oreille et de la bave aux lèvres…

Finalement, le temps s'est à nouveau imposé. Je raccroche avec le présent, direction les entrailles du labo. Je me secoue en réalisant que je m'attarde stupidement sur la silhouette de Doe en train de se rajuster.
Avant de quitter mon tabouret, je passe la sangle de la besace par-dessus ma tête pour me débarrasser de mon lourd manteau hivernal, ne gardant sur le dos que ma combinaison d'uniforme dénudée aux épaules et serrée à la taille par le robuste ceinturon militaire. J'aime à croire que je suis assez élancée pour porter cette version plus féminine de nos "vêtements de travail".
Après un court moment d'hésitation, je décide qu'il ne serait pas très indiqué de garder le holster sur moi, je déboucle donc mon arme de service et la fourre au fond de la sacoche.

Graëtchen expédie la première salle et me rapproche finalement de ces assemblages désassemblés que j'ai vu de loin. Des images médicales me viennent à l'esprit. Nous voilà au milieu de cette tanière foutraque, noyées au milieu de rouages crûment excisés, d'ustensiles de torture pour mécanismes et de kilomètres de millimètres…

Je papillonne, je tente de comprendre ce que j'ai sous les yeux. Mais que je le prenne dans le sens horaire ou anti-horaire… ça ne m'évoque rien d'autre que l'œuvre d'une maniaque. Ma coupe se remplit d'un mélange d'excitation et de dégoût.

Je porte à nouveau le bécher à mes lèvres et déglutis le tout. Voyons… quand était-ce la dernière fois que j'ai tué ? En fait je ne m'en souviens pas, je me rappelle juste le goût du vin. La mémoire gustative est puissante mais imprécise. Peu importe, il n'est pas question de botter en touche. Croisant les mains dans le dos d'un air de minette minaudante, c'est donc avec une moue désinvolte que je réponds :

- La semaine dernière. Trois heures de labeur. C'était… professionnel je suppose.

Puis je me penche au-dessus d'un bureau, délaissant mon verre vide sur le coté. Les mains sur les genoux, j'essaie de comprendre ce qui, dans ce fatras cataclysmique, pourrait m'indiquer comment on étudie la courbe du temps. Ma stupeur se suit de légers tremblements. Je m'excite pour rien !
Une mèche rousse me tombe dans les yeux, je me redresse et croise les bras sous ma poitrine en glissant sur Graëtchen un regard calculateur.

- Vous vous moquez de moi n'est-ce pas. Vous n'étudiez pas la courbure du temps…

Mon index revient se loger entre mes lèvres. Je le mordille un court instant avant de continuer.

- Je pense que ce que vous faites ici est plus… concret que ça. (Le mot "rationnel" s'est présenté avec son CV mais j'ai refusé sa candide candidature. Il s'agit d'être plus subtile que ça). Vous fabriquez quelque chose ? Finis-je par tenter après avoir biffé une dizaine d'hypothèses absurdes. Bon sang, j'ai le coeur qui s'emballe...
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MessageSujet: Re: [CLOS] I'm a poor scientific. [Melicerte Kerozène] [21/11]    [CLOS] I'm a poor scientific. [Melicerte Kerozène] [21/11]     Icon_minitimeSam 4 Déc 2010 - 18:12

Graëchen sourit. Un sourire parfaitement carnassier. Elle se trompait, mais son erreur ne m'importait peu. Elle se trompait dans le bon sens, c'était pour ça qu'elle me plaisait bien. Les humains, voire tous les autres êtres vivants pensants que Graëchen avait connu, en général, ne se trompaient que dans le mauvais sens. Et ils restaient persuadés de leur vérité toute leur vie. Pas moyen de les faire changer d'avis. "Ils voient, mais ne regardent pas, ils entendent, mais ils n'écoutent pas, ils savent, mais il ne comprennent pas." (Bernard.Werber.) Ils arrivaient même à prendre les vérités pour des mensonges, et les mensonges pour des vérités. Mais Mélicerte n'était pas comme ça, elle. Elle se trompait, tout en étant capable de comprendre qu'elle se trompait. Et c'était bien. Graëchen eut envie de la féliciter, mais elle garda ses divagations pour elle. Elle se pencha à côté de la rouquine et la regarda profondément.

- Vous connaissez Albert Einstein ?

Pause. Sourire.

- Oui, répondit-elle, vous le connaissez.. Il a dit : "toute masse courbe la lumière", puis par extension, a décrété qu'on pouvait l'appliquer au temps... Ces dessins, elle désigna les dessins accrochés sur des tableaux de liège, faits mains, ces dessins étaient aussi fidèles qu'une main humaine pouvait l'être de ce que ce sacré Bébert avait démontré, représentent sa théorie. Et, ceux là, elle montra ceux de l'autre côté de la pièce, basés sur le même modèle, mais beaucoup plus floux, raturés, délavés ; la gomme avait tellement frotté le papier qu'on pouvait voir des trous, ça et là, ce sont des ébauches que je fais afin d'expliquer des choses... À mon sujet, et au sujet de cette ville.

Possée à côté de Mélicerte, mais elle, dos contre le bureau, faisait face aux amoncellements de pièces, et à ses schémas faux. Elle posa ses mains sur le rebord du meuble qui la soutenait, et poussant, elle s'assit dessus. Elle poussa un soupir. Désolée et à la fois frustrée. La flemme de bouger son cul pour aller chercher son verre de vin, et elle ne pouvait même pas taper dans celui de son homologue, qui était... Vide. Tant pis. Et puis elle eut un petit rire. C'était bizarre, un peu comme si la scientifique se transformait en une gamine de son âge.

- Les pièces, là, c'est une intuition, mentit-elle.

Elle ne voulait pas que son homologue la croit, et c'était justement pour cela qu'elle avait pris ce ton si faux, si discordant... Mais elle ne voulait pas partir toute seule en digression. C'était un exercice loin d'être drôle. Et puis elle ne voulait pas non plus ennuyer Mélicerte. Cependant, elle revînt encore une fois en arrière. Ce sujet l'intéressait au final.

- Je préfère les morts rapides et efficaces... Le sang, ça ne me va pas au teint.

Et de se rappeler la mort de son paternel. De quoi la mettre en colère. C'était une des rares fois où on avait essayé de la tuer, et la seule fois où elle avait été aussi en colère après, en y repensant. Bref, ça n'intéresse personne, les états d'âmes de Graëchen. Haussant les épaules, comme pour chasser ces pensées de sa tête, elle regarda une fois de plus son interlocutrice.

- Il n'est pas aisé de savoir sur quoi l'armée travaille, mais j'avoue que je suis curieuse...

Pause.

- De savoir ce que quelqu'un comme vous (non, voyons, Graëchen ne voulait surtout pas lui coller une étiquette... uh uh) juge assez intéressant pour bosser dessus...

[Hrp : bon, je suis pas très fière de ça, mais là, j'avoue ne plus rien cerner dans le RP, et je pense que même en prenant mon temps, je n'arriverais à rien de mieux. Désolée. ]
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MessageSujet: Re: [CLOS] I'm a poor scientific. [Melicerte Kerozène] [21/11]    [CLOS] I'm a poor scientific. [Melicerte Kerozène] [21/11]     Icon_minitimeSam 4 Déc 2010 - 20:11

[hrp : oui, je trouve aussi qu'on arrive dans une zone floue... du coup, je tente un truc pour relancer la machine. Si ça ne t'inspire pas je pourrais toujours imaginer autre chose ^^. Mais, pour la forme des phrases, c'est toujours kiffant de te lire même quand tu n'en es pas fière :D. Désolé aussi, c'est un vrai pavé !]

Je l'écoute parler sans vraiment m'attacher au sujet. Il ne me faut pas trois syllabes après "Albert Einstein" pour comprendre que je ne peux rien entraver à ce qui ce boutique ici. A part que ça fleure le paranormal… description trop générale, trop vague, trop… réductrice. Je lui réponds à demi-mot par des phrases évidemment convenues "ah oui ?", "oh", "mmh mmh".

Il m'apparaît que cette femme qui rêve de choses que je ne peux atteindre a l'air habitée par une ambition. Un dessein qui dépasse sans aucun doute les schémas abscons qu'elle trace avec une frénésie brouillonne. Je ne trouverais aucune réponse là dedans et c'est bien machinalement qu'en faisant le tour de la table où s'est juchée Graëtchen, j'attrape un crayon à papier qui traînait par là.
Je n'ai pas l'intention d'écrire quoique ce soit. Je me contente de tapoter le bois sur le bord de la table jusqu'à ce qu'il glisse de mes doigts trop nerveux et que la mine se casse par terre.

Tandis que je m'accroupis sans trop y penser pour ramasser les morceaux, je bloque sur la dernière phrase de Doe. Comment ça une intuition ? A quoi rime cette nouvelle mascarade d'écolière ? Une expérience ? Suis-je le sujet ou l'observatrice ?
Figée, la bouche entrouverte et les yeux levés sur la silhouette assise haute devant moi… je réalise qu'en un autre temps j'aurais pu tomber amoureuse d'une enténébrante comme elle.

Ouais je sais, c'est un lamentable cliché pour une militaire. Mais ça n'a rien à voir avec les statistiques. A l'époque où je me cherchais encore une sexualité, j'aurais interprété cette brusque perte de contrôle émotionnelle comme une forme de "coup-de-grisou-du-coeur".
Mais aussi sûr que cette dalle en thermoplastique n'a pas été rayée par la mine du crayon, je sais bien que ce n'est qu'une réaction biochimique sans profondeur qui au mieux, me fait passer pour une gamine impressionnable et au pire… pour une abrutie.

Je me relève après trois inspirations et forte de cette nouvelle analyse introspective qui m'a au moins mise au clair avec mon endocrinologie. De fait, le petit rire qui sort de ma poitrine, s'il n'est pas totalement maîtrisé, a le mérite d'être délibéré. Je décide de répondre par la fin :

- Il n'y a rien d'intéressant quand on travaille pour l'armée parce qu'on se contente de suivre des ordres. Faites votre devoir avec zèle et on vous collera des médailles sur le plastron pour ça. Biffez vos idées personnelles, vos lubies et vos sarcasmes de votre registre et vous n'aurez jamais de soucis. Au labo je suis entourée de poltrons sans saveur qui m'obéissent par crainte et ma dernière interaction "stimulante" avec quelqu'un remonte avant mon arrivée dans cette ville !!

A ce moment précis, mon portable vibre. Il doit être midi passé, le molosse gronde dans sa niche. Mais que ce soit au contact de Graëtchen ou par une impulsion subite, je me sens d'humeur insubordonnée.
Tirant l'irritant appareil de ma poche, je le fracasse d'un geste rageur contre le bord du bureau et le projette de toute ma rage contre l'angle que forme le mur d'en face avec le sol. Le portable à l'écran fendu se désosse et s'éparpille en composants croustillants.

Je traverse la distance qui me sépare de ses restes et m'applique à les piétiner méthodiquement de mes semelles épaisses.

- L'armée juge intéressant de temporiser le conflit. L'armée a besoin que les choses évoluent doucement, comme si on avait le temps d'attendre que la loi de Darwin fasse son œuvre ! Et qui sait en faveur de quelle espèce dominante ce sera ? Les cracheurs d'escarbilles en guimauve ? Les dézingueurs mentaux ? Et dans trois ans l'apocalypse délirante selon Jérôme Bosch !

Respire. Reprend. Calme. Je regarde Graëtchen droit dans les yeux, le visage terriblement enfiévré. Ma voix retourne néanmoins dans les tonalités qu'elle occupe habituellement. Enfonçant un pouce entre mes seins, je lui retourne sa phrase :

- Je préfère les morts dures. Je ne suis pas sadique mais quitte à ce que quelqu'un meure, je tiens à ce que personne n'oublie pourquoi. Voilà pourquoi les gens sont cruels. Pas par amusement personnel, juste pour faire passer leurs actes à la postérité. Parce qu'il n'y a rien de plus important que ce qu'on laisse derrière soit n'est ce pas ?

Ce qui m'amène à…

- Vous travaillez sur votre propre programme, vous avez vos objectifs et ils seront probablement à un moment ou l'autre en conflits avec ceux de l'armée. Et vous savez pourquoi ? Parce qu'on ne peut rien accomplir sans gêner quelqu'un. Soyez déviante et vous attirerez les foudres des pontifes du garde-à-vous.

Ma voix redescend encore, je me rapproche de Graëtchen, humectant mes lèvres d'un coup de langue rapide. Lorsque je suis suffisamment proche pour murmurer, je continue :

- Et je dois vous avouer Graëtchen qu'en ce moment, je suis fatiguée de saluer sous le drapeau tricolore. J'ai besoin qu'on me redonne envie de sentir ce qu'est la vraie ambition.

C'est vrai. Depuis ma séquestration et ma torture par la résistance, j'ai perdu l'envie de continuer. Plusieurs nuits, j'ai songé à déserter, j'ai songé à trahir et maintenant, je songe à réchauffer ma combativité auprès d'une source assez ardente pour me rendre le feu sacré. Une veine chaotique comme Graëtchen.

Je lui attrape le poignet et achève ma tirade d'un air grave :

- Graëtchen Doe, je vous propose ma collaboration en échange de votre déviance. Je ne parle pas seulement de ma science, j'ai accès à des ressources, du matériel mécanique et biologique. En outre, je peux faire de votre existence un secret qui ferait passer le Watergate pour du bricolage d'amateur.

De la sueur perle au bout de mon nez.

- Tout ce que je demande en échange, c'est la possibilité de… suivre ce que vous faites. Du plus près possible.
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MessageSujet: Re: [CLOS] I'm a poor scientific. [Melicerte Kerozène] [21/11]    [CLOS] I'm a poor scientific. [Melicerte Kerozène] [21/11]     Icon_minitimeSam 4 Déc 2010 - 22:58

Elle sauta de son rebord de table et fit quelques pas vers ses amoncellements de métaux. Elle s'accroupit pour prendre quelques pièces et les regarda. Elle avait envie de jouer aux osselets. M'enfin, en présence de la scientifique, elle allait rester un être humain "normal" (pour la ville). Elle haussa légèrement les épaules et jeta les quelques pièces, sans ménagement, sur le tas. En fait, Mélicerte était quelqu'un de sympathique, dans le fond, mais son équipement et son costume étaient bien plus antipathiques. Déroutante, envoutante, mais tout aussi déroutée et probablement envoutée. Graëchen songea une seconde à la tuer. Non pas qu'elle y prendrait un quelconque plaisir, mais son cadavre ferait reculer l'armée et permettrait à l'Ombre de revenir en puissance. Elle renonça vite à cette idée. Mélicerte, comme elle l'avait si bien dit pouvait lui être très utile. Ce qui intéressait Graëchen, ce n'était pas d'être effacée des registres de l'armée, mais de pouvoir avoir un droit de regard (même illégalement) sur leurs intentions, et voire peut-être même y rentrer... Elle avait remarqué parmi les dernières membres de l'ombre un gnome (un enfant) qui pouvait jouer le rôle d'espion à merveille.

Mais, Graëchen n'avait qu'une confiance limitée en Mélicerte. Ce n'était pas contre elle, c'était juste comme ça. Vous savez, quand on est paranoïaque, on a du mal à laisser quelqu'un vous approcher. Elle la regarda, déstabilisée et méfiante.

- Vous me demandez de vous montrer ce que je fais... en échange de votre bonne foi ?

Pause. Sourire transpirant la folie.

- Moi je veux bien, je me demande juste si vous vous rendez compte de l'entreprise dans laquelle vous vous embarquez ?

Et pas "entreprise" Graëchen sous entendait clairement "ombre". Elle voulais l'entendre dire qu'elle le savait. Tout serait plus simple. Au pire, elle lui expliquerait gentiment que la collaboration soldat-ombre ça allait être dur. D'autant plus que d'ici peu, Graëchen imaginait bien ne plus avoir de temps pour s'occuper de ses expériences. L'ombre se réunissait pour nommer un nouveau "chef" et étant donné que Graëchen était la plus vieille, la plus diplômée, et la seule capable de compter jusqu'à plus que quatorze (si Rika se sent insultée, sachez juste que c'est l'égo de Graêchen qui s'exprime), elle était bien partie pour être "nommée" maître de l'ombre. Sa mégalomanie n'avait alors plus vraiment de bornes.

- Et j'ai besoin de plus que votre simple parole... Je...

Elle sembla chercher ses mots, ne pas savoir lesquels choisir.

- Je... Ne tiens pas à finir dépecée.

Re-pause.

- Ce n'est pas assez noble pour moi.

La faire fuir, surtout. Bien lui montrer à quel point elle 'était désagréable et qu'elle devrait supporter ça tout le temps. D'autant que Graëchen était loin de savoir ce que faisait la mistinguette. Elle torturait. Bon, ça pouvait être utile, mais avait-elle des capacités scientifiques à proprement parler ? L'aiderait-elle ? Etait-elle plutôt chimiste ou plutôt physicienne ? Avait-elle la moindre idée de ce qui pouvait se jouer ? Et puis pour qu'elle puisse suivre ET comprendre ce que Graëchen faisait, il faudrait qu'elle lui parle de sa montre. Et donc qu'elle prenne le risque que Mélicerte raconte aux gens qui s'intéressaient à ce bijoux, où et comment le voler. Et ça, Graëchen ne pouvait pas le supporter.

Nota Bene : ça 'marrangerait bien qu'un jour, quand mon personnage sera rang C ou B, l'armée lui vole sa montre, donc à la rigueur, Mélicerte pourrait la trahir... Ou pas...

Elle eut un petit rire. Pour conclure, elle lâcha :

- Ecoute, elle venait de passer au tutoiement, je veux bien te faire confiance... Mais je ne crois pas qu'enfermer quelqu'un dans cette pièce, avec moi, pour travailler, soit une bonne idée. Les deux derniers à qui s'est arrivé sont mon père et un ancien collègue. Le premier est mort noyé-par overdose après un accident de voiture... (Vieille histoire.) Et l'autre a perdu un organe qu'il chérissait... Une paire de ciseaux qui traînait par là...
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MessageSujet: Re: [CLOS] I'm a poor scientific. [Melicerte Kerozène] [21/11]    [CLOS] I'm a poor scientific. [Melicerte Kerozène] [21/11]     Icon_minitimeDim 5 Déc 2010 - 13:48

Sa réaction, comme de bien entendu, est un mélange d'hésitation, de méfiance, de pudeur, de sarcasme (par nature ?), de cynisme (par caprice ?), de tentation et de moquerie pure et simple.
J'aime ça, c'est exactement ce que je suis venu chercher, ça et d'autres choses. Des informations, des idées, des idéaux. A l'issue de sa réponse en petites touches pastel-rouge-sang, je m'adosse à un mur pratiquement vierge de tout document et lui offre ce que j'essaie de faire passer pour un sourire "charmant".

- Ah ah ah. Ne soyons pas naïves. Il n'est pas question de se faire mutuellement confiance. Du moins pas pour le moment. C'est un marché. Je reste une militaire normée par un code et vous une... (hmm, comment dire ?) singularité hétérostatique.

Oui, je crois que je ne pourrais pas définir mieux Graëtchen qu'avec ces deux mots. Individuelle et d'une stabilité irrégulière. Chaotique.
Peu m'importe qu'elle soit dénuée de sentiment ou prête à écorcher ses collègues à coups de ciseaux. Je me souviendrai quand même de l'anecdote du père. Ça ressemble à quelque chose que je pourrais faire. Oui… cette méthode me rappelle Arcassier V, sujet 62 et son interrogatoire à l'issu duquel il est sorti sidéen, tuberculeux et poliomyélitique.

A ce souvenir, un autre sourire fleurit sur mes lèvres. Sans doute moins humain, sans doute plus accordé à la personnalité de Graëtchen.

- J'ai mes ordres et ceux-ci ne m'octroient que de rares permissions alors vous ne m'aurez pas dans les pattes. Quand à ma contrepartie du contrat, voici une première livraison ; je vous laisse ma sacoche et l'intégralité de son contenu. Vous y trouverez essentiellement du matériel médical sous pochette isothermique : de l'éther, de la dopamine de synthèse, deux capsules de substance P diluée et des seringues. Mais je peux faire mieux que ça…

Je ne me sens pas assez à l'aise pour passer au tutoiement mais j'interprète le sien comme une forme d'acceptation tacite de cette proposition à brûle-pourpoint. Traversant à nouveau la salle encombrée, je me rapproche de Doe et me penche pour l'embrasser sur la joue – réponse exacte de sa salutation précédente. Peut-être que je m'attarde un peu, pour sentir... ce dans quoi je m'engage.

- Au revoir Graëtchen, j'espère vous revoir bientôt… finis-je, énigmatique. Si vous avez besoin de quelque chose, voici ma ligne sécurisée.

Je griffonne une série de 18 chiffres sur le bord d'un bout de papier millimétré avec le reste pointu de la mine de crayon cassée tenue entre deux ongles. Tiens j'y pense, il y a aussi mon beretta dans la sacoche... bah, qu'il y reste, je m'en procurerai un autre à l'armurerie. Puis je me recule, esquisse un autre sourire et pivote sur les talons pour quitter le laboratoire avant de me souvenir d'un détail… autant pour ma scène de sortie :

- Ah, la porte est verrouillée je crois…

[hrp : fin de cette partie ? Perso je n'ai plus rien à ajouter mais fais toi plaisir si tu veux ^^]
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MessageSujet: Re: [CLOS] I'm a poor scientific. [Melicerte Kerozène] [21/11]    [CLOS] I'm a poor scientific. [Melicerte Kerozène] [21/11]     Icon_minitimeDim 5 Déc 2010 - 17:41

Cette conclusion blasa profondément Graëchen, qui pourtant n'en laissa rien paraître. Ou presque rien. Elle n'avait besoin d'aide de personne, elle n'avait pas besoin de matériel, elle n'avait pas besoin d'informations. Si elle avait besoin de quelque chose, c'était justement quelqu'un en qui elle pourrait avoir confiance, et quelqu'un sur qui elle pourrait compter... Ce que Mélicerte venait de gentiment lui refuser. Tant pis pour elle ; elle pouvait aller crever. Elle et son armée. Quand l'ombre serait rétablie, ils mouront, tous. Et elle aussi. Graëchen, après tout, n'allait pas se faire chier pour une merdeuse scientifique ne sachant que tuer des gens avec des dosages de médicaments ? Si ? Non ! Hors de question de sympathiser avec "l'ennemi" à partir de cet instant. Graëchen se trouverait un soutien ailleurs. Paraissait que des gens voulaient rejoindre l'ombre... Ils seraient les bienvenus. D'autant que Mélicerte avait zappé un détail. Graëchen, même si actuellement, c'est un PNJ, passait le clair de son temps à harceler un militaire... Jude Eoin. Il serait d'autant plus facile d'avoir tout ce qu'elle voulait, matériel, informations et soutien compris, de lui, que d'elle.

Graëchen ruminait sa rage.

Nota Bene : ça tombe bien, je voulais qu'elle chope une arme à feu, tu viens de me la fournir !

Et pendant qu'elle ruminait sa rage, elle songeait à tout ce qu'elle pourrait faire pour détruire l'autre. L'autre infâme saloperie qui venait de la "trahir" (oui car l'esprit pervers de Graëchen s'imaginait déjà une confiance entre les deux). Mais d'où avait-elle le droit de se situer au dessus de l'autrichienne ? Hein ? D'où, avec ses cheveux roux, preuve qu'elle n'avait pas d'âme, d'où pouvait-elle se permettre de repousser Dieu en personne et les lois qui régissaient le monde ? Elle mériterait même que Graëchen se fache réellement, et qu'elle ne retourne jamais travailler. Graëchen avait décidé qu'elle la laisserait partir, mais que toutes les balles de l'arme qu'elle laissait sur place seraient pour elle. Et que si elle s'approchait assez près, elle acheverait la pauvre fille à coup de pieds dans la gueule. Avais-je oublié de préciser que Graëchen était un tantinet sadique ? Et bien voilà, ma boulette est réparée.

Mais, disais-je, Graëchen ruminait. Le goût du vin lui donnait la bouche pateuse... Tss. Elle n'avait jamais aimé le vin. Surtout le vin venant d'une... Graëchen ferma les yeux. Poussée par son erreur. Cette reflexion, ce geste, coincidaient exactement avec la bise de la Grande. C'était donc camouflé. Mais il faut que je vous dise ce dont Graëchen venait de se souvenir. Elle avait bu du vin. Du vin qui lui avait été offert par Mélicerte. Une scientifique qui n'arrêtait pas de répéter sans cesse qu'elle empoissonait, droguait toutes ces victimes... Cruelle erreur. Comme quoi ça arrive même aux meilleurs d'entre nous. Elle etouffa son soupir de déception face à elle même. Et pendant qu'elle s'engueulait mentalement, elle songea à deux choses : la foutre dehors avant de potenciellement tomber dans les pommes et d'être à sa merci... Et : vite, la jeter dehors pour aller gerber.

Elle se força à sourire. Puis :

- Ah oui, c'est vrai. C'est pas bien compliqué, mais les gens ne comprennent pas ma serrure. Je vais Vous montrer.

La pique lui avait échappé. "Vous" après "Tu", ça peut faire mal. Mais bon, Mélicerte ne relèverait probablement pas. Et puis si elle relevait, elle n'en aurait rien à taper. Elle lui fit signe de retourner vers la porte et la précéda. Elle fixait cependant en arrière sur la droite. Non pas qu'lele surveille l'ombre de sa "compagne" mais juste qu'elle ne voulait pas se faire enfler par derrière. Elles passèrent devant la table. Graëchen songea une seconde à choper la bouteille de vin, de la lui exploser sur la tronche et ensuite de l'égorger avec un teson de verre, mais elle se contenta de fermer les yeux en se mordant les lèvres. Elle l'emmena à la porte et dévérouilla tout. La difficulté de la serrure était la poignée. D'un côté, de l'extérieur, c'était une poignée normale. Mais de l'intérieur c'était une poignée ronde, qu'il fallait tirer d'un côté. Elle s'agrippa à la porte et se pencha dans le même mouvement, pour laisser la soldate passer.

- À bientôt, déclara-t-elle en fermant la porte sans demander son reste.

Elle la claqua presque, et mit deux tours de clefs. Déçue de ne pas voir des morceaux de vdoigts restés collés à la porte, elle partit vers la bouteille et la sacoche et balança le tout à la poubelle. Elle hésita, revînt sur ses pas, récupéra le flingue et... Si Mélicerte était restée devant la porte, elle put entendre Graëchen vomir.


HRP : Cette réponse peut paraître étrange, mais Graëchen ne tuerait pas Mélicerte. C'est juste qu'elle l'aime bien et qu'elle lui en veut.
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