₪ MON IDENTITE ₪
- Nom : Alinovitch. - Prénom : Hajek. - Âge : 31 ans. - Nationalité : Russe.
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- Keep Smiling... |
₪ VOTRE VIE À HEAVEN ₪
- Métier : Informateur indépendant.
- Date d'arrivée dans la ville : 11 Février 2004.
- Camp : Civil.
₪ RACE ₪
- Race : Polymorphe.
Les Polymorphes sont des créatures peu répandues en Heaven, que les origines encore sombre voilent dans le mystère. D’après les rumeurs, un Polymorphe naîtrait lorsqu’un humain accepterait de signer un pacte avec un fantôme, dans lequel ce dernier lui léguerais ce pouvoir, mais surtout la tâche qui retenait le fantôme captif dans ce monde. Pour le Polymorphe, le prix du pacte s’élève à un organe, et une marque indélébile placée sur son corps. Il doit alors s’acquitter de sa tâche et de ses propres ambitions avant sa mort, s’il ne veut pas passer l’éternité à hanter les vivants. Cette méthode méconnue pour atteindre l’au-delà, n’est appliquée que par de rare fantôme las d’errer sans être capable d’assouvir le regret qui les rattache à ce monde. - Particularités raciales :• Polymorphie : Comme leur nom l’indique, les Polymorphes sont capables de modifier leur propre apparence pour adopter celle d’un autre être humanoïde, vu ou purement inventé. La qualité et le temps de transformation dépendent de la qualité du don du Polymorphe.
Une tare incombe néanmoins ce talent : Il est impossible pour un Polymorphe de remplacer le membre perdu lors du pacte, même sous une autre apparence. Ainsi, un Polymorphe se voit privé d’un œil, il demeurera borgne qu’importe l’apparence adoptée.
• Vision extralucide : Le personnage est capable de voir les esprits et la véritable race ou forme des gens.
• Sens aiguisés : Le personnage a une conscience aigüe de son entourage grâce à ses sens éveillés.
• Un pouvoir : Simple pouvoir magique. Purement mentaux, les pouvoirs ont tendance à être remplacés par ceux de l'esprit parasitaire lors des possessions.
₪ TECHNIQUE DE COMBAT ₪
- Arme : Mercure [Pistolet].
Arme médium développée dans l’optique d’être peu encombrante – du moins pour un non-humain – et pour une efficacité maximale, cette arme de taille standard ne pèse pas moins de 2,700 kg. Pour cause : Malgré des capacités plus élevées, cette arme a été maintenue à un calibre 10, permettant alors d’hausser la capacité du chargeur à 18 coups. Faite pour une utilisation tant professionnelle que de longue durée, voilà près de trois ans qu’Hajek utilise ce modèle d’arme, entretenu avec soin…
- Pouvoirs : Erzébet.
Plus connu sous le nom de « Maîtrise du Sang », Hajek possède en effet la capacité de manipuler ses molécules d’hémoglobines. Spécialisé dans une utilisation externe à son corps, ses compétences se dévoilent donc une fois la première plaie survenue. Avant tout capable de jouer avec la cohésion moléculaire de la matière, notre Morpher est concrètement capable de passer de l’état liquide à solide de la matière, transformant son sang en une arme imprévisible et particulièrement polyvalente.
Il est à prendre en compte qu’Hajek est capable de mêler son sang à celui d’autrui, tant que celui-ci est présent à l’air libre. Il devient aussitôt en mesure de manipuler ce sang « altéré », selon son degré de compatibilité sanguine. Ainsi, cette particularité pourra tant lui offrir une colossale réserve de sang aisément exploitable, tout comme elle pourrait, face à une autre personne, s’avérer inefficace et le priver d’une partie de son sang.
Dans une périphérie étendue à moins de 4 mètres, Hajek est capable de manipuler son sang sans l’intermédiaire d’un contact physique. Bien évidement, il est incapable d’utiliser plus de sang qu’il n’y en a répandue, et est incapable de créer, à titre d’exemple, des liens de sang avec de simples gouttelettes.
- Point fort : Cette capacité est particulièrement polyvalente, allant de l’offensive à la défensive, tout en passant par une phase de neutralisation. De plus, la versatilité des compétences offertes permettent à Hajek d’occuper une partie majeure de l’aire de combat, pouvant ainsi devenir un atout redoutable lors d’une situation critique, voir même d’une capture préalablement préparée…
- Point faible : Avec une telle capacité, les points faibles d’Hajek sautent aux yeux de quiconque tenterait de le défaire. Ce pouvoir nécessite, dans un premier temps, une position particulièrement handicapante afin de générer assez de sang pour qu’il soit exploitable. Un problème se pose alors : L’affaiblissement progressif, dû à une carence de ce même sang. Si Hajek venait à abuser de son pouvoir, l’anémie ne tarderait pas à se déclarer. De même, si son sang venait à être souillé lors d’une confrontation, il ne serait plus en mesure de le retourner à son corps : Une longue récupération serait alors une issue inévitable au combat... Si ce n’est pire.
Evidement, Hajek connaît lui aussi ses points faibles, et leurs lourdes conséquences…
- Technique de combat : La question pourrait être close en un mot : Professionnalisme.
Hajek est un homme conscient de son rôle, et fera tout pour clore une confrontation de la manière la moins hasardeuse, et la plus brève possible. Enclin à faire aboutir ses missions sans bavures, il préférera généralement n’user que de son arme. S’il en vient à utiliser son don, il se livrera dans un premier temps à une analyse approfondie en conséquence de son adversaire, afin d’établir une stratégie d’attaque. L’effet de surprise et la vivacité de son pouvoir son, dans la majorité des cas, ses plus grands atouts. Pourtant, en dépit de ses capacités, Hajek sera rarement enclin à entrer dans un combat.
₪ HISTOIRE ₪
- Physique : L’ambre.
Qu’importe la distance, voilà ce qui vous interpelle. Cet insaisissable éclat d’or, logé au creux d’un visage de chaire et de sang. Qu’importe combien vous tendrez la main ou combien vous l’effleurerait, ce délicieux bijou vous restera à jamais inaccessible. En l’observant, il vous arrache peu à peu une partie de votre essence, vous découvrant nu, sans étoffes pour parer votre corps, ni de barrière pour protéger votre esprit. En vous vous y perdant, vous découvrirez alors la marque indélébile du péché qui l’emprunt, magnifiant plus que tout autre piédestal la beauté ensorcelante de ce regard corrompu. Déversant en vous la luxure du damné et l’avarice de vous posséder, vous piéger lui serait aisé. Mais à celui qui saurait échapper à ces charmes, cet unique œil dévoilera alors un homme au passé bercé par le sang, dont l’avidité ne connaît de limite que celle qui outrepasse les Dieux.
Pas à pas, le joyau s’efface pour laisser place aux traits qui l’encadrent. Sur une peau rosée et singulièrement lisse, ce sont des mèches d’ébènes consciencieusement ordonnées qui viennent masquer l’orifice béant laissé par le jumeau manquant du bijou luisant entre les cheveux noirs. Perdue de sa nuque à ses pommettes, cette chevelure ruisselante offre un délicieux contraste aux couleurs du visage qui l’accompagne. Au centre de ce dernier, un nez discret se profil au dessus de lèvres peu prononcées. Bien souvent fendues en un sourire calme et charmant, cette expression ne fait qu’accroître le charisme que distille Hajek tout autour de lui. Mais que serait un Morpher qui ne jouerait de son apparence aux yeux des foules ? Pour celui qui sait en user avec parcimonie, le visage est un atout précieux, capable d’offrir les plus délicieuses occasions à qui sait s’en saisir.
Au fil d’une descente le long d’un cou au relief pauvre se dévoilent alors des épaules hautes, se poursuivant toutes deux en des bras finement ciselés, présentant une musculature pouvant sembler contradictoire quant au peu d’effort qu’il semble nécessaire à Hajek pour absorber le recul de son arme. Les doigts qui prolongent ses mains sont particulièrement longs, semblables à ceux d’un pianiste, et ses ongles légèrement allongés leurs confèrent une dimension presque féminine.
D’une carrure haute, avoisinant les 180 centimètres, la stature peu large d’Hajek n’en fait pas mois un homme au physique marqué, dont le corps sculpté – passant par un buste taillé – se termine sur des jambes longues et fortes, faisant de cette enveloppe autrefois banale un corps qui se démarque à présent des foules. Du moins, hors d’Heaven, sans doute…
Néanmoins, Hajek est avant tout un Polymorphe. Ainsi, seules de rares personnes seront amenées à converser à plusieurs reprises avec lui sous cette même apparence…
- Caractère : Que vous le connaissiez ou non, Hajek s’avère être un homme difficile à cerner. Pervertit par le temps, son comportement dégradé par les événements à peu à peu donné naissance à une âme singulière, isolée dans une carapace de mégalomanie et d’une noirceur intense. Sans scrupule, Hajek n’hésitera pas à tuer de sang froid, pas plus qu’il n’aurait de frein à l’idée de mordre la main de son maître, s’il ne juge pas celui digne. Car si Hajek est un homme fourbe n’agissant que dans son intérêt, il sait aussi accepter un maître s’il y trouve satisfaction, tout en manipulant ce dernier pour arriver à ses objectifs. Promesse d’une relation singulière et parfois incompréhensible, se lier à Hajek n’est pas chose qu’un esprit saint parviendrait à faire sans peu à peu s’altérer. Néanmoins, il peut être une carte salvatrice à celui qui a su s’attirer ses bonnes grâces.
Débordant de malice mais aussi stratège de son temps, Hajek sait choisir ses batailles comme en renverser le court. Accumulant les atouts dans sa manche, guidant ses opposants là où il le souhaite sans le leur révéler, il est un homme qui connaît ses désirs et sera capable de les atteindre d’une façon ou d’une autre. Il ne craint pas la mort plus que la vie, mais juge bien souvent ce monde encore porteur d’une certaine distraction, raison pour laquelle son existence perdure.
Hajek est aussi et avant tout un menteur parfait, habitué à mille et une existences de par son don de polymorphie. Allant de l’amant au brigand sans rechigner, il a apprit à fouiller le comportement d’une âme pour mieux la cerner, découvrir ses failles et la duper. Etudier sa proie pour mieux la dévorer. Manipulateur mais aussi prédateur, écraser quiconque se mettra sur son chemin n’est à ses yeux qu’une préoccupation moindre, mais ses méthodes le rendent bien souvent intouchable – puisque réservant le front aux situations propices plutôt qu’à chaque occasions.
A un certain stade, certains jugeront Hajek fou comme d’autre parfaitement lucide. Se pavanant dans des élans parfois incompréhensibles, son esprit dérangé témoigne de ce que les années ont fait de lui.
- Histoire : Chapitre I :
Il était une fois.
11 Février 2004.
Sous ses yeux, les couleurs se mêlaient peu à peu dans un épais mélange opaque, voilé par la couche de ténèbres qui gagnait l’horizon. La nuit été finalement tombée, alors le wagon d’acier gagnait enfin le Nord de la France. Le front collé contre la fenêtre froide, Hajek observait, les paupières mis closes, le paysage difforme qui s’offrait à sa vue. Les formes sombres semblaient s’animer au fil du trajet, s’élevant tout d’abord en de longues volutes ondulées, pour finalement s’affaisser en une plaine sans relief. Le temps semblait s’étirer sans fin, et les interminables heures de voyage avaient eut raison de l’euphorie du jeune homme. A vingt-quatre ans, Hajek Alinovitch était un jeune homme sans histoire. Soldat dévoué à sa patrie, son zèle et ses compétences dans le maniement des fusils de précision lui avaient values une solide réputation, ébruitée jusqu’aux oreilles de quelques officiers supérieurs. Promit à l’avenir qu’il s’était mainte fois rêvé, Hajek pouvait aujourd’hui caresser ses ambitions d’enfant avec la fierté d’un homme qui a su atteindre ses rêves. Pourtant, à cet instant, les camps glacés de Sibérie ne lui manquaient pas. Le répit de sa permission lui avait semblé une gratifiante récompense, qu’il n’aurait refusé pour rien au monde. A présent enfermé dans ce wagon, seuls quelques kilomètre le séparaient encore de sa bien aimée partie étudier à l’étranger. Mais au fil des secondes, l’impatience laissait place à la lassitude. Et sa sœur, Hélèna, assoupie sur le siège voisin, n’était pas en mesure de lui faire la conversation. Voilà pourquoi, depuis déjà plusieurs heures, Hajek observait sa prison de métal qu’il ne connaissait maintenant que trop bien. Les cloisons d’aciers qui l’encerclaient étaient bercées par un infirme ronronnement, donnant à ce mastodonte de ferraille l’allure d’un chat assoupi. Devant lui, des sièges de passagers endormis à perte de vue. Les uns lui semblaient charmants, d’autres plus grossiers. Aux frontières de sa mémoire, Hajek se remémorait de tout temps sa manie catégorique de cerner une personne en se basant sur son apparence. Habitude détestable, il avait néanmoins pût l’accepter en toute honnêteté, qualité que peu d’Hommes se reconnaissent. Derrière lui, le froissement du papier le tira de ses songes. La faim le tiraillait déjà depuis plusieurs heures, mais son ventre noué par le voyage semblait peu enclin à ingurgiter l’ombre d’un sandwich. Ainsi, il dut renoncer à l’alléchante idée d’un repas, pour replonger dans sa longue somnolence. Cette fois ci, son regard se porta sur le panneau d’affichage dont les lettres rouges défilaient lentement. Ce rythme régulier apaisait son esprit embrumé, le confortant dans un univers suffisamment linéaire pour que ses méninges cessent de fonctionner.
C’est à cet instant que tout commença.
Le panneau demeura noir. Lorsqu’il réalisa l’anomalie de la situation, Hajek fronça les sourcils. Dans un pénible effort, il tourna la tête afin d’observer l’extérieur. Là, le paysage changeant s’était figé dans l’amalgame difforme d’une flore parsemant une vaste plaine. Sa montre indiquait vingt et une heure trente huit, soit une heure avant le prochain arrêt du train. Lorsqu’il parvint enfin à assimiler la situation, cette révélation eut l’effet d’un sceau d’eau glacée sur Hajek, le tirant brutalement de sa torpeur. Les hypothèses germèrent aussitôt dans son esprit : Un troupeau ? Une simple panne ? Mais avant qu’il n’ait pu faire la tour de la question, les hauts parleurs retentirent dans un désagréable crissement sonore.
« Mesdames et Messieurs, le train est momentanément stoppé pour cause d’un disfonctionnement. Veuillez attendre le passage d’un contrôleur dans votre wagon avant de quitter le train pour ceux qui le souhaitent. Le train repartira dès que le disfonctionnement aura été corrigé. Merci de votre patience. Le doute saisit aussitôt Hajek. Autorisé à quitter les voitures ? La réparation devait être longue et minutieuse pour que l’équipe d’encadrement se risque à prendre une telle charge. Alors qu’il spéculait sur leur situation qui lui sembla alarmante, Hélèna se tira peu à peu des bras de Morphée. Grommelant dans un russe assez rugueux quelques jurons, son frère réalisa alors qu’elle n’avait sans doute pas saisit la situation, Hajek étant le seul d’entre eux à maîtriser un français correct. Conviant sa sœur à se rendormir, lui assurant qu’il reviendrait une fois qu’il aurait prit connaissance de la situation, la fatigue l’emporta sur la demoiselle brune, qui regagna dans un sommeil lourd et mérité.
Lorsque le contrôleur arriva à leur voiture, Hajek s’extirpa aussitôt de l’immense cage de métal.
Lorsque ses bottes frappèrent le sol, la nuit glacée vint à Hajek comme une caresse vivifiante. Autour de lui, tout était identique au paysage qu’il avait pu observer par la fenêtre. Ils étaient au cœur d’une vaste plaine, que le voile trouble du soir rendait interminable. Seule la lumière éblouissante de la locomotive venait briser ce spectacle de nos jours rares, d’une contrée sauvage rythmée plus par la flore que par l’Homme. Après un instant fugace d’admiration, Hajek se hâta vers la locomotive où les rares passagers éveillés s’étaient regroupés. Alors qu’il approchait, la petite assemblée lui sembla bien trop agitée. Se glissant entre un vieillard boiteux et colosse bourru, il pu saisir quelques mots d’un français saccadé dont la formule lui échappa, mais dont le sens lui sauta aux yeux.
« Aucun, et cette foutue machine refuse de redémarrer. Nous avons beau fouiller, rien. Et aucun réseau ! Impossible de contacter de l’aide depuis ce coin perdu… Nous allons devoir passer la nuit ici, ou partir chercher des secours de nous-mêmes… C’était un homme à peine plus âgé qu’Hajek, que la mâchoire carrée rendait plutôt disgracieux. Impudent et rythmé par des passions vides de toute réflexion, le jeune soldat jugea ce contrôleur bien peu adroit d’ainsi inquiéter une foule de passager dont il tenait la responsabilité. Pourtant, ces vociférations continuèrent, renseignant Hajek sur l’avancement de la situation, tout en élargissant particulièrement son vocabulaire. Une fois qu’il eut finit de se donner en spectacle, un homme aux cheveux grisonnants vint congédier aimablement le jeune contrôleur, qu’Hajek toisa d’un sourire ironique. Plaçant une once d’espoir en ce vieillard à l’œil perçant, l’étranger n’en fut pas déçu. Des vaines vociférations, il passait enfin à des solutions. Cette fois ci, la conversation lui sembla bien plus intéressante.
« D’ici 22h, nous allons envoyer deux groupes de volontaires à la recherche d’aide dans un village voisin. La région n’est pas hostile, mais les volontaires seront cependant dépendants d’eux même lors de cette avancée nocturne. Les groupes seront formés juste avant le départ. Lorsqu’arriva l’heure convenue, Hajek et Hélèna furent tout deux affectés au second groupe d’exploration à leur demande. L’idée était simple : Après s’être vu confié une boussole, leur groupe devait se diriger vers le Sud sur deux kilomètres. Puis, ils devaient progresser vers l’Est afin de sonder le périmètre adjacent au train, avant d’y retourner. Il était été décrété que les deux groupes devaient être de retour d’ici une heure, lorsque la procession se mit en marche.
« Eh ! C’est pas une ville là-bas ? A l’exclamation du contrôleur impétueux, tous les regards se tournèrent vers l’amas d’ombres clairsemés de lumières vacillantes. Un tel miracle à l’instant même où tous allaient renoncer leur sembla l’œuvre du diable. Ils ne savaient pas encore à quel point ils avaient raison.
Aussitôt, le petit groupe fut tenté d’aller quérir l’aide des habitants. Ce fut cet instant que choisit vieil anglais à la toison grisonnante pour consulter sa montre. Vingt deux heures et quarante neuf minutes. Un dilemme s’imposa, et très vite, le groupe ce scinda. D’un côté, le contrôleur, Hélèna, Hajek et une demoiselle aux yeux gris furent envoyés à la rencontre de ce village étranger, pendant que le reste du groupe retournerait au train avertir les autres passagers. L’expédition repris d’un commun accord, et la petite fratrie partie ainsi en direction de cette mystérieuse ville.
*
* *
« Heaven. Les regards convergèrent vers Hajek, sans qu’il n’y prête aucune attention. Soucieux, il observait le panonceau métallique qui délimitait l’entrée de la ville. D’autant qu’il s’en souvienne, il n’avait jamais entendu parler d’une telle ville. Non pas qu’il se souvienne de toutes les villes française, mais il était certain qu’un tel nom l’aurait marqué. Son euphorie s’estompa, et il reprit sa progression silencieuse. Il avait un mauvais pressentiment. Ainsi, lorsqu’ils atteignirent les premiers lampadaires, Hajek était déjà aux aguets. Près à agir si quelque chose venait à menacer sa sœur, en tête du petit groupe. Observant les alentours, son regard s’arrêta sur une silhouette fugitive, qui disparue aussitôt dans les ténèbres. L’espace d’un instant, il regretta le contact rassurant d’une arme contre sa cuisse.
D’un accord commun, la troupe entreprit de rejoindre l’hôpital. Se mettant en route, Hajek douta que le seul éclat des lampadaires aient pu les guider jusqu’ici. Pourtant, autour de lui, le trio échangeait des glapissements impatients : Ils allaient finalement s’en sortir.
Au fil de leur marche, une étrange sensation gagna Hajek. Lorsqu’ils arrivèrent en vue de leur asile, son visage s’obscurci. Ce sentiment, il le connaissait. L’excitation bestiale du champ de bataille. Autour de leur, les formes semblèrent se muer en une horde de soldats d’un autre temps, dont les gerbes de sang frais vinrent entacher les traits d’Hajek, médusé. Ses paupières papillonnèrent, et il revint brutalement à la réalité. Il était convaincu de ne pas avoir rêvé. Et alors même qu’il songeait à rebrousser chemin, une intuition brutale de soldat lui intima de suivre le groupe. Sur ce terrain de chasse, il était une proie. Il s’imaginait, perché sur un building, sa lunette braquée sur les nuques insouciantes de la troupe d’explorateurs. Ce fantôme oppressant acheva de faire taire sa raison, obligeant ainsi le militaire à reprendre sa marche docile, comme on le lui avait apprit. Il n’était pas en position d’agir. Pas tant que son équipe resterait soudée dans cette vive euphorie. Qui l’aurait cru ? Hélèna, sans doute. Mais scinder leur troupe en deux camps les auraient rendus plus vulnérable, accélérant l’échéance fatale. Son seul espoir résidait à présent dans l’hôpital. Mais lorsqu’au détour d’une ruelle il aperçut de nouveau cette sinistre silhouette, il comprit qu’il était trop tard.
La première chose qu’il perçut fut un claquement sec, et il put distinguer au loin la lueur frémissante crachée par le canon d’une arme. Un fusil. Son évaluation fut brève, et Hajek jugea qu’à une telle distance, le tir n’avait que de maigres chances de tuer l’un d’entre eux. La détonation n’indiquait pas une arme capable de couvrir une telle distance. Pourtant, quelque chose n’allait pas. L’étincelle refusait de disparaître, grossissant à vue d’œil, comme une créature avide dévorant toute matière alentour pour mieux se repaître. Lorsque la langue de feu siffla entre les membres du petit groupe, léchant avec ardeur le bras d’Hajek, la douleur fut la seule à l’empêcher de défaillir. Ce fut un silence de mort qui succéda à la surprise de la troupe. Tant et si bien qu’ils n’eurent pas le temps de reprendre leurs esprits, qu’une seconde ombre s’abattie sur eux. L’attaque avait été fulgurante. Hajek fut leur première cible, son agresseur venant cueillir sa nuque de la pointe de son coude. Il s’écroula sous le coup, et le choc que son crâne reçut en heurtant le sol eut raison de lui.
« On dirait que c’est le dernier, hein ? « La vache… T’as du lui briser le nez, il ressemble plus à rien ! Les voix sonnèrent comme des gongs dans l’esprit d’Hajek, semblables à une flopée de sons brutaux et incompréhensible. Tiré par les cheveux, il sentait un liquide encore chaud s’écouler le long de ses lèvres, imprégnant son menton. Il réalisa rapidement que seule la douleur le tenait éveillé, sans quoi il serait resté inconscient. Un instant, il songea à agir. Pour l’avoir constaté, il savait pertinemment que l’emprise du désespoir pouvait parfois rendre un homme à l’agonie capable d’affronter de nombreux opposants avant de rendre l’âme. Pourtant, son corps léthargique refusait de bouger. Seules ses paupières, au prix d’un terrible effort, parvinrent à papillonner timidement sous l’œil étonné des deux comparses. A l’orée de la raison, Hajek réussi non sans peine à distinguer, non loin de là le corps allongé de sa sœur. Immobile. Une once d’effroi commença s’immiscer dans son esprit. Mais lorsque ses yeux se posèrent sur son visage calciné, le cœur du soldat lui sembla s’arrêter. Lorsque la main gantée du premier homme agrippa son visage, il n’opposa aucune résistance. Pourtant, lorsque leurs regards se rencontrèrent, les brûlantes flammes de la vengeance rougeoyaient dans les iris d’Hajek. Le sourire de la chose qui l’étreignait s’étira. Ce n’était pas la première fois qu’il découvrait se regard emplit d’une haine farouche. Il prenait même plaisir à le sentir percer à nue son âme, découvrant la noirceur de son être, tout en demeurant murée dans l’impuissance rageante d’un simple regard. Cette colère vive et indomptable devait exciter au plus haut point les sens de ce prédateur. Bien plus que la mort où le meurtre, cette sensation faisait monter en lui un torrent grisant d’adrénaline qu’il appréciait plus que tout.
Un sourire aux lèvres, l’autre homme se retira, murmurant des mots dont Hajek ne put saisir le sens. Aussitôt, la pression sur son visage s’accentua, et son crâne vint heurter une nouvelle fois le sol. Le soldat pouvait sentir le sang chaud se mêler à ses cheveux poisseux, s’écoulant jusqu’à sa nuque. Mais cette fois ci, il n’était pas inconscient. Pas encore. Sous les yeux d’Hajek, celui qu’il avait prit pour un prédateur redevint brutalement un Homme, dans ses instants les plus primaires. La torture, l’innommable plaisir de faire languir la mort en s’empreignant de la souffrance d’une victime sans défense. Lorsque les flammes s’animèrent autour de son geôlier, dansant langoureusement sur son corps sans le brûler, il déglutit péniblement sans pouvoir soutirer son regard de cette scène inimaginable. L’idée d’un rêve ne l’effleura pas. Tout cela était réel. Il en était convaincu. Et lorsque les flammes mordirent avidement sa cheville, tout espoir s’envola. L’émaille de ses dents crissa, tant et si bien qu’en d’autres circonstances, il aurait pu croire ses dents prêtent à se briser. Lentement, la langue de flammes remonta le long de son mollet, s’enlaçant avidement autour de la chaire, la toile du jean se consumant dans le sillage du brasier. Une douleur sourde s’empara d’Hajek lorsqu’il sentit les muscles de ses cuisses mordus vivement. Il se débattit brutalement, ruant comme un diable, la douleur maintenant vive mêlée à la haine faisant grimper en lui une énergie insoupçonnée. A l’instant où il trouva un appui défaillant sur son coude, la botte épaisse de son bourreau vint le cueillir à l’estomac, le faisant rouler sur le sol. Les flammes grimaient toujours, et Hajek sentit objet dur et acoustique s’enfoncer entre ses lèvres avant que les larmes ne gagnent ses yeux. La lame ardente ne manqua pas de passer langoureusement entre ses cuisses, dans une douleur indescriptible. Le cri étouffé qu’Hajek poussa ne suffit pas à retenir les larmes de haine qui roulèrent sur ses joues. Le supplice perdura cependant, interminable, sans ne jamais perdre en douleur lorsque les baisers brûlants gagnèrent son torse, ses bras, sa gorge. Lorsque les flammes s’estompèrent, soufflées par le vent, son visage amorphe était couvert d’arabesque de chaire encore chaude, décrite par le passage impitoyable du feu sur son corps. Il n’était pas mort, mais aurait préféré l’être. Sa bouche calcinée ne pouvait plus hurler, ses yeux aux paupières brûlées ne pouvaient plus pleurer. Il n’était qu’une coquille vide, attendant un coup fatal qui viendrait mettre fin au supplice. Il put percevoir le scintillement d’une longue lame, une épée ou un sabre, qu’importe. Il voulait qu’elle transperce son cœur d’un seul geste, mettant un terme à l’interminable purge des flammes, dont il sentait encore la caresse sur sa chaire. Il ne pouvait effacer cette sensation, tant et si bien qu’il ne lui semblait pas que les flammes aient cessées de le dévorer. La lame d’acier transperça d’un geste son estomac, et Hajek comprit dans une vision d’horreur qu’il était condamné à une longue et insupportable agonie. Prêt de son oreille, il put sentir le souffle chaud de l’homme, et ses murmures résonnèrent comme une cascade hurlante, déchirant ses tympans.
« Le vieux Mc Carter nous avait prévenu de votre venue vers Heaven, et nous a demandé de veiller sur vous et de vous faire quitter les lieux. Quel dommage… Nous sommes arrivés trop tard, hein ? Il sera bien déçu de l’apprendre. Un rire perçant succéda. L’image du vieux conducteur s’inscrivit dans l’esprit mourant d’Hajek, mais il ne chercha pas plus de réponse que de coupable. Son âme réclamait le repos, une mort dans le calme, loin de tous sentiments ayant pu empirer sa torture.
« C’était ta sœur, non ? Sache qu’elle était… Délicieuse. J’ai prit beaucoup de plaisir à m’occuper d’elle. Le cœur d’Hajek vibra, s’éveillant soudainement. Il avait su toucher la corde sensible. Alors que l’homme s’éloigna, un sourire aux lèvres, Hajek fut prit d’une intarissable soif de vengeance, remuant autour de la lame qui le transperçait. Il sentait le sang couler aux commissures de ses lèvres. Il ne put hurler, mais son regard fou exprimait plus que n’aurait pu le faire les mots. La vengeance résonnait dans son esprit, se présentant à lui sur un tapis de velours pour mieux le servir. Il voulait la mort de cet homme, par tous les moyens.
~ Veux-tu vivre ?Hajek se figea. La voix résonna doucement, emportée par la brise qui soufflait sur la ville endormie.
~ Veux-tu vivre ?Cette fois-ci, il n’eut plus de doute. Peu à peu, une forme sembla se dessiner sous ses yeux. Il perçut tout d’abord une forme, frêle, fragile, agenouillée prêt de lui. Le visage d’une enfant se dessina peu à peu, et Hajek découvrit, incrédule, sa peau blanche et ses longues anglaises blondes. Sa petite main se posa sous la joue d’Hajek, qui ne sentit cependant qu’un bref courant d’air glacé.
Sans se l’avouer, il comprit. Un fantôme.
~ Tu ne dois pas mourir… Tu dois d’abord te venger, n’est-ce pas ?Pouvait-elle lire en lui ? Ou avait-elle vu toute la scène ? Hajek ne la quittait pas des yeux.
~ Je peux t’aider. Mais… Nous devrons conclure un pacte. Il y a… Quelque chose, que je dois faire, pour quitter ce monde. Mais… Une enfant comme moi en est incapable. Alors… S’il te plait. Accepte d’accomplir à ma place le regret qui me lie à ce monde… Et tu pourras assouvir ta vengeance. Son sang ne fit qu’un tour, et sa haine refit surface, plus vive que jamais. Il ne s’était pas aperçue que l’enfant, en le touchant, avait apaisé sa douleur. Au bord de la mort, son regard se plongea dans les iris d’émeraudes de la petite fille. Ses lèvres s’entrouvrirent, lentement. Au prix d’une gerbe de sang, il parvint à murmurer, presque inaudible, une simple réponse.
« J’accepte… Un sourire carnassier se dessina sur les lèvres de l’enfant, qui se pencha soudain au dessus du corps mourant d’Hajek. En un instant, il eut l’impression de tomber, s’enfonçant dans les plus profondes abîmes de la mort et de la folie. Leurs regards ne se quittaient plus. Dans ces yeux de serpent, Hajek pu revivre le court d’une vie écourtée trop tôt, partageant son existence mutuelle avec l’enfant qui lui offrait une vie maudite. Alors qu’il renaissait dans cette essence nouvelle, une douleur nouvelle l’assaillie. Comme si leur pacte s’inscrivait à même son âme, s’ancrant à jamais dans son être. Elle le fixait, ravie, exaltée d’enfin atteindre son but. Il lui tendit sa main, qu’elle saisit, la marque du pacte s’apposant d’elle-même sur sa chaire, comme un anneau de fer blanc aux motifs étranges que l’on aurait appliqué sur son index. Le sceau du condamné, songea un instant Hajek, ayant retrouvé sa lucidité. Les lèvres rosées de l’enfant s’approchèrent doucement de l’oreille du jeune homme, y déposant quelques mots qui se gravèrent dans son âme plus qu’en son esprit. Le prix du pacte qu’il venait d’accepter. Lorsqu’elle s’éloigna, il avait achevé de s’empeigner de l’existence de cette fille aux ailes noires, à présent prête à trouver un repos longtemps cherchée. Silencieusement, ses paupières se refermèrent, et sa silhouette s’estompa, à présent libre de trouver le repos grâce à l’homme qu’elle avait condamné.
Lorsque les premières lueurs de l’aube s’étendirent sur la ville, le corps d’Hajek gisait sur le sol qui l’avait vu mourir. Silencieux, seule sa respiration lente prouvait qu’il n’était pas mort. Il n’y avait ni épée, ni brûlures. Seul son sang coagulé et les trois cadavres étendus dans la ruelle pouvaient prouver qu’il n’avait pas rêvé.
Chapitre II :
Renaissance.
15 Juin 2007.
« Eh ! T’es sûr qu’il va venir ? Si ton informateur nous à doublé, on est foutus. Depuis maintenant quatre heures, la rue demeurait déserte. Le regard plongé dans la lunette de son fusil, Hajek ne répondit pas. Jacks n’avait jamais été patient. Grand, bourru, il était un homme d’action plus que d’esprit. Pourtant, Hajek l’aimait bien. Une âme fidèle, prompte à agir et extrêmement loyale. Un homme de confiance, et un des premiers à avoir rejoins le petit groupe d’insurgés qu’il avait fondé, trois ans plus tôt. Le temps avait passé, et Hajek s’était découvert des capacités hors du commun. Aussi avait-il décidé de lutter pour ses intérêts, plutôt que de sombrer dans une vie morne et lourde de regrets. Après quelques mois passés à vivre au crochet de la société, il avait finit par trouver un job rentable, qu’il complétait grâce à quelques petits boulots pour la plupart illégal. Il s’était bâtit une nouvelle vie, loin du monde extérieur qu’il connaissait autrefois. C’était une guerre qui était née dans l’esprit d’Hajek. Une guerre pour la vengeance.
Une guerre pour Heaven.
« Cible à neuf heures. Hajek, il est à toi dans deux minutes, trente six secondes. Soit précis. Jacks, met toi en position. A la moindre bavure, ils pourront mettre l’opinion publique contre nous. Alessandro Campanelli, le troisième du groupe. Charmeur, talentueux, Hajek avait trouvé en lui l’essence même de l’héritage italien. Blond platiné aux mèches dansantes, ses yeux grisés reflétaient une malice évidente. Sa longue chemise immaculée et son pantalon de toile renfermaient un cependant un révolver accompagné de ses six balles. « Par précaution », comme il aimait le dire. Un homme aussi dangereux que passionné. Mais c’était avant tout un homme droit, en quête de justice et de liberté. C’était ce qui l’avait conduit ici.
« Ethel ? La petite dernière du groupe leva la tête, ses longues boucles rousses dodelinant délicatement sur ses joues blêmes. Ses yeux verts se posèrent sur le visage d’Hajek, trop occupé à scruter la rue pour lui accorder un regard. Acquiesçant sans un mot, comme à son habitude, elle vint se poster près de lui jumelle en main, une large montre à gousset dans l’autre. Si Hajek était le tireur du groupe, Ethel maniait les armes blanches comme personne. Distante de par un caractère anormalement isolée, elle était néanmoins l’élément le plus professionnel d’Hajek.
« Tiens-toi près. Il ne fallut que quelques instants pour que le canon de l’arme ne crache sa salve meurtrière, la balle traversant la vitre arrière de la voiture. Aussitôt, Ethel abandonna Hajek dans la salle de tir, filant au rez-de-chaussée pour participer à la neutralisation des gorilles qui affluaient hors du véhicule. Aucune fuite n’était permise. Ils n’avaient pas le choix. Coup de feu et cris déchirèrent la nuit. Pour sa part, Hajek commença à ranger le matériel. Ils en avaient finit ici. Il était temps que chacun retourne chez lui pour la nuit. Un sang nouveau entachant une nouvelle fois leurs mains.
*
* *
Le verrou claqua derrière Hajek qui s’empressa d’abandonner ses affaires pour une douche brûlante. La journée avait été longue. Sans doute trop. Vingt minutes plus tard, Hajek se glissa dans son salon, découvrant une nouvelle fois les locaux miteux des quartiers pauvres où il résidait. Un soupire outrepassa ses lèvres, et le jeune homme se laissa tenter par l’arôme amer d’un café chaud. Allumant la télé alors que l’eau chauffait, le regard d’Hajek se posa sur les pièces éparpillées sur la table faisant face au canapé délabré. Le mot « Mercure » était gravé en lettres ondulées sur l’un des fragments. Un hommage à un personnage dont il comprenait à présent les mœurs. Regagnant la cuisine, il entreprit de remplir un plein bol de sa délicieuse liqueur, jusqu’à ce que les tonalités graves du présentateur ne l’interpellent.
« … et nous voici aujourd’hui face au phénomène qui fait trembler d’hésitation les habitants d’Heaven. L’Ombre, ce récent groupuscule, peut-il vraiment être considéré comme une menace, ou doit on attendre d’en savoir plus sur ses mystérieux individus ? De nombreuses suppositions sont… Son œil se ferma lentement, laissant Hajek face à ses songes. L’Ombre… Leurs objectifs n’étaient pas encore clairs aux yeux du monde. Pourtant, une intuition intimait à Hajek que quelque chose allait bientôt arriver. Quelque chose de… Nouveau. Et qui allait sans doute bouleverser ses plans.
Chapitre III :
Trahison.
Printemps 2009.
Ses doigts gantés caressaient doucement le métal froid de l’arme, faisant glisser le chargeur vide d’un geste expert. Un petit sourire se dessina sur le visage d’Hajek, qui reposa finalement le pistolet sur la table de son salon. S’étirant péniblement, le jeune homme caressa doucement le chaton noir blottit sur ses genoux, son regard se perdant dans la pièce. L’immuable flux du temps avait finalement eut raison de lui, tant et si bien qu’Hajek avait finalement oublié sa sœur, et l’incident d’il y a cinq ans. Il avait finit par apprendre les assassins déjà morts. Plus rien n’était à faire. Ne restait en lui que la sinistre ambition qui n’avait cessé de croître en son esprit.
Heaven.
Le temps l’avait changé. Etait-ce une des conséquences de ses choix ? Il ne le savait pas vraiment. Cependant, il savait ne pas pouvoir lutter contre ce qu’il était à présent. Il devait accepter. Se résigner, et accomplir des ambitions insoupçonnées. Ce qu’il voulait ? Personne n’était digne de le savoir. Ainsi, sa quête solitaire se poursuivait, secondée du trio qui l’entourait avec la même loyauté qu’au premier jour. Trafic, informations, assassinat. Ayant abandonnés au fil du temps la bannière de terroristes face à l’influence de l’Ombre, il avait été décidé qu’ils séviraient dans leur propre domaine, faisant concurrence à cette organisation arriviste pour mieux la détruire au moment propice. Tous avaient jurés de rester unis face à l’Ombre. Une promesse qui avait renforcé la détermination d’Hajek. Mais à présent, il restait hésitant face à son propre avenir.
Ce fut la sonnerie de son téléphone qui tira Hajek de ses songes.
« Hajek ! On a entendu parler d’un truc louche au sujet de l’Ombre. Tu sais, on avait eut vent d’un savant cinglé venu les rejoindre ? Eh bah il aurait pondu des pierres, un truc du genre… Mais d’après les fuites qu’on a eut, elles auraient des capacités… Etrange, un truc du genre. Faudrait que tu viennes voir, on nous à livré toute une flopée de document – même si ça nous à coûté une jolie somme. Tu peux venir ?« Je suis là dans vingt minutes, attendez moi avant de commencer. Les photos étaient éparpillées sur la table, Hajek furetant entre les documents pour observer l’allure de ces fameuses « pierres ». Une telle information avait du leur coûté très cher. Mais son intuition lui soufflait que cet investissement lui serait profitable. L’œil d’Hajek se figea lorsqu’il aperçu, parmi les documents, la photo d’une pierre teintée de la couleur du sang. Il ne put s’empêcher de songer à ses propres capacités, et une étrange impression le saisi. Un frisson, comme s’il venait de trouver ce à quoi il devait à présent aspirer.
Dans un élan d’adrénaline, il fit démarrer la bande auditive qui leur avait été remise.
Ce qu’ils purent alors entendre les fit frissonner.
*
* *
Après un bref débat, il fut décidé que les quatre frères d’armes se mettraient en quête des pierres de l’Ombre dès qu’une brèche naîtrait dans l’organisation. Ce qu’ils avaient pu entendre avait suffisamment attisé leur intérêt pour que tous soient prêts à prendre le risque à la première occasion, et une partie de leurs fonds fut prélevée dans l’optique de collecter un maximum d’informations. Mais cela ne suffirait pas. Hajek le savait. Ainsi, il prit la décision d’aller lui-même enquêter sur ce fameux rubis qui hantait son esprit.
De s’enfoncer seul dans la gueule du loup.
Il était 17h16 lorsque mademoiselle Denier rejoignit Franck Ramirez, un des soldats de l’Ombre connu des particuliers comme une taupe idéale, colportant à qui sait y mettre le prix des informations intéressantes au sujet du groupuscule. Le rendez vous avait été fixé au petit parc de la ville, fréquenté par de nombreux couples d’Heavenois. Lorsqu’il l’aperçut sous un cerisier en fleur, Franck Ramirez tomba aussitôt sous son charme. Ses longs cheveux bruns dansaient autour de sa silhouette délicate, et ses formes délicieuses n’avait pas échappée au soldat. Lorsque son regard d’émeraude se posa avec étonnement sur le soldat égaré pour mieux se muer en sourire, il se sentit pousser des ailes et la rejoignit aussitôt. Intérieurement, la jeune femme sourit. Mercure collé à même sa hanche, rejoindre le QG de l’Ombre ne serait plus qu’un jeu d’enfant.
Ils marchèrent longtemps, la demoiselle profitant de chaque distraction de son compagnon de marche pour analyser le trajet qu’ils suivaient, passant le reste de son temps penché en sa direction, le contemplant de ses grands yeux verts. Lorsqu’il engageait la discussion, elle répondait spontanément du bout de ses lèvres pulpeuses, ou pouffait d’un rire contenu afin de ne rien briser du charme qui avait conquit la taupe. Lorsqu’ils arrivèrent finalement face à la haute bâtisse, il lui sembla évident que l’homme avait repoussé à la limite maximale l’échéance.
« Nous y voilà… Bon bah je vais d’voir vous laisser, il ne faut pas que je m’absente de mon post trop longtemps, moi…« Je comprends, ne vous en faites pas pour moi. Je vous recontacterais bientôt, c’est promit. Elle lui adressa un clin d’oeil discret, et le soldat, ragaillardit, fila à son post sans plus de manières.
« Compte là-dessus… Sitôt la rue libre, Hajek s’engagea dans le bâtiment. Conservant son apparence de femme, il gagna les escaliers et gravi les étages jusqu’à croiser un large homme en uniforme. Son appartenance ne laissait pas peser le moindre doute, et Hajek comprit bien vite qu’il devrait jouer la carte de la séduction une nouvelle fois.
« Excusez-moi ? La discussion s’engagea sur un grognement du chien de garde. Dès que son regard se posa sur elle, la demoiselle se pencha en avant, sertie d’un sourire ravageur. Le visage de l’homme lui indiqua qu’elle avait fait mouche. Se redressant, elle expliqua sa situation, et sa vive envie de rencontrer le leader, ondulant sur elle-même dans une mise soucieuse en faisant danser ses formes.
A 18h32, mademoiselle Denier toqua à la porte du leader de l’Ombre…
*
* *
Dès qu’il eut accès aux archives de l’Ombre, Hajek ne perdit plus une seule seconde. Trois jours durant, il ne quitta la salle que lorsque la fatigue l’empêchait d’assouvir sa soif de connaissance. Ainsi reclus du monde, il semblait absout du temps comme de la faim. Ses journées n’étaient que passion pour ses pierres, qu’il étudia en détail. Puis, sans qu’il ne s’en aperçoive, ses recherches ne furent bientôt qu’exclusive qu’à la pierre pourpre qui le hantait. Son obsession fanatique semblait insatiable, et chaque rapport terminé n’était que le prélude du suivant.
Ses recherches s’achevèrent lorsque toutes les archives retrouvées de Jowls furent gravées dans son esprit. Pourtant, il n’avait pas trouvé ce qu’il été venu cherché. Il voulait plus de réponse. Découvrir la vraie nature de ces pierres. Mais surtout, il voulait se rubis qui obsédait son esprit.
Lorsqu’il alluma son téléphone portable, Hajek découvrit avec appréhension une quantité effarante d’appels en absence, en provenance de son petit groupe d’amis. Sitôt qu’il eut composé le numéro d’Ethel, la voix hurlante d’Alessandro vint lui percer les tympans. Après une justification évasive, Ethel réussie à regagner son combiné, et Hajek n’eut aucun mal à imaginer l’air agacé de l’italien.
« On a découvert que l’une des pierres est en possession de l’Ombre. Apparemment, leur groupe de recherche tenterait de percer les secrets de Jowls en travaillant dessus. Hajek se figea. La réponse à ses questions n’était qu’à quelques pas de lui. A porté de main.
« Mais je pense que tu ne vas pas aimer la suite. Il s’agit du rubis, Hajek. *
* *
Le jeune homme tournait en rond, arpentant son appartement de long en large dans l’espoir de trouver une idée, une ultime solution pour atteindre l’objet de ses désirs qui résidait sous son nez. La pierre… Il devait s’en emparer.
Ce fut en Avril que le destin bascula dans un bruit sourd. Une explosion, pas si lointaine que ça. Penché à la fenêtre, Hajek eut tôt fait de découvrir l’origine de l’explosion.
Le quartier général.
Une fois sur place, le soldat de l’Ombre n’eut aucun mal à se faufiler entre les patrouilles tentant de sauver les rescapés, et fonça jusqu’aux débris du département de recherche. Son cœur battait au point qu’il semblait prêt à sortir de sa poitrine…
Chapitre IV :
Vrai visage.
Il faisait nuit noire lorsque l’œil d’ambre d’Hajek s’ouvrit. Pas plus d’effroi que de surprise n’hantait son regard serein. Ce songe, il ne le connaissait que trop bien. Sans doute car il l’avait déjà trop rêvé pour en être surpris. Quittant ses draps, ses pieds rencontrèrent le sol froid dans un violent frisson. Voilà des années qu’il revivait, lorsque ses paupières se refermaient, la détestable histoire de sa vie. Un sourire se peignit sur son visage, jusqu’à ce qu’un rire violent ne secoue tout son corps, déchirant le silence de la nuit. Il l’avait fait, après tout. Sans remord, il avait prit la vie de ses trois amis découvrant sa trahison. Tout cela pour un simple caillou rougeoyant. Hajek se laissa choir au sol, son regard rivé sur la lune qui frappait à sa fenêtre. Sa main l’entoura, pour mieux s’en emparer.
Etait-il aujourd’hui enclin à la folie ? Lui-même n’en savait rien. La seule vérité résidait dans son existence altérée, sa personnalité brisée pour donner naissance à un être enclin à rejoindre le péché originel. Une âme souillée et pervertie… Un sourire carnassier déforma ses lèvres fines. Un chien aux crocs longs, capable de mordre la main d’un maître trop audacieux. Tout comme il l’avait fait avec l’Ombre, des années auparavant. La pierre en sa possession et son intérêt flétrie pour une organisation sans idéaux l’avaient poussé à quitter le groupuscule aux premiers remous favorables à sa fuite. Les événements avaient été tels que l’assaut de l’armée avait coupé court à toute tentative d’exécution, et les dossiers vite enterrés. Très vite, le monde avait prit une autre saveur. L’amertume. Peu à peu, sa vie s’était stabilisée, jusqu’à ce qu’Hajek bâtisse à son nom un large réseau d’informations et trafic dont il s’était fait l’unique maître. Les vents tournaient, et les événements se succédaient.
Et plus que jamais, la guerre continuait.
₪ PREFERENCES ₪
- Ce que votre personnage aime : Hajek aime particulièrement les chats – bien que tous ne lui le rende pas. Fervent amateur d’armes à feu et surtout d’échec, son attraction pour la psychologie et la stratégie le rende ouvert à tout type de conversation. De nombreuses lectures, comme la Divine Comédie, font partie de ses hobbies.
- Ce qu'il n'aime pas : Aussi idiot cela puisse-t-il paraître, Hajek n’aime pas le faux café, pas plus qu’un café lacté ou sucré, qu’il qualifiera d’impie. De même, il méprise tout particulièrement l’arrogance, ou la confiance en soit chez une personne qu’il juge incapable, ou indigne d’un tel orgueil. Ce qui peut expliquer bien des situations embarrassantes…
- Liens familiaux : Plus rien en Heaven qui ne vive encore.
- Animal possédé : Un chat.
- But :Des objectifs sombres et insaisissables, qu’il nomme parfois « guerre ». A bon entendeur.
- Autre renseignements : En possession de la pierre de Rubis.
₪ VOUS ₪
- Comment avez-vous connu le forum ? On m'a donné le lien.
- Votre niveau de RP : Euh.. Wait and see ?
- Rang personnalisé : King of Spades.
- Voulez-vous une demeure ? Yes sir.
- Description de la demeure : Enrichi de ses années de commerce, c'est un large appartement des quartiers riche qu'à pu s'approprier Hajek. Derrière la porte se découvre un vaste salon, parsemé de deux canapés encadrant une longue table noire. Au fond, c'est un haut bureau qui fait face à la baie vitrée de l'appartement. Contre les murs, c'est une vaste bibliothèque qui s'étend, prolongée à l'étage sur une simple mezzanine. C'est entre deux étagère de livre, au rez-de-chaussé, que se découvre une porte béante menant à l'unique salle d'eau de la salle. D'autres pièces, moindre, s'éparpillent aux quatre coins de la salle.
Autant vous dire qu'il est préférable de connaître les lieux avant de se risquer à retrouver un quelconque objet.
- Des suggestions ? Aucune pour l'instant.
- En cas d'abandon voulez-vous passer votre compte en prédéfini ? OUI [] NON [X]