Un coin sombre entre deux murs.

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Les ruelles passent. Elle marche seule, elle a l'air perdu. L'air est lourd, ses pas pesants. Elle porte des bottes de cuir noir, un voile qui lui couvre la moitié de son visage d'ange. Sa démarche est fluide mais indescriptible. Les deux mains dans les poches de son pantalon noir lui aussi. Les ruelles passent et elle avance, déterminée. Elle ne se contrôle plus. L'esprit à pris possession de son corps, de son esprit. Elle n'est plus elle. Et pourtant elle voit, elle sent, elle comprend. L'esprit est en elle.Colère jouie au plus haut point. Qu'il aime lorsqu'elle se donne complètement à lui. Il aime cette sensation de puissance.

Colère avait décidé que cette fois, il prendrait entièrement possession de l'esprit de Mélanie. Habituellement, il la laissait s'exprimer, même si elle était influencée par la colère. Il l'avait vu grandir, il avait vu en elle une colère enfouie et grondante. Pourtant, elle ne s'abandonnait jamais totalement à elle. Elle préférait rester elle-même. Colère trouvait ça pitoyable, mais c'était ce besoin de toucher terre qui faisait qu'il la trouvait attachante. Car peu à peu, il lui faisait perdre cet appui qu'elle pensait avoir solide. Il lui faisait monter les marches qui menaient au palais de la folie. Par l'utilisation de son pouvoir fatiguant, chaque fois, un peu plus il s'introduisait complètement en elle. Ils finiraient un jour par ne faire plus qu'un seul et même esprit.

Mélanie passa un tournant et se retrouva dans une étroite ruelle. Elle arrivait simplement à communiquer avec Colère mais ne pouvait parler. Tout son corps était régit par la pensée de Colère.

* Mon amour que cherches-tu ? *

* Une jolie proie ma belle .. tiens en voilà une .. *

Un homme aux airs de malfrat venait de débarquer dans la ruelle. Il semblait avoir couru longtemps et s'arrêta pour respirer. Il avait une expression d'inquiétude qui changea tout à coup lorsqu'il vit la personne qui se trouvait devant lui. Son regard passa sur les jambes de Mélanie puis il remonta vers son visage en s'attardant sur sa poitrine. Il siffla vulgairement et s'approcha de la femme.

" Que fais tu, te promenant ainsi ma belle ? Ce n'est pas un endroit pour toi .. Sais-tu que rôdent ici de drôles de créatures ? "

Il sourit et on pu apercevoir des canines prohiminente. Encore un vampire. Colère riait dans la tête de Mélanie. Il semblait bien s'amuser. Mélanie quant à elle était inquiéte. Elle savait que Colère lui ferait utiliser le pouvoir de la folie et elle n'aurait jamais le temps de rentrer chez elle sans s'effondrer au sol. Et si des gens comme ça étaient partout, où pourrait-elle se poser pour dormir en sécurité ? Mais bien évidemment, Colère n'y avait pas pensé à tout ça et il ne semblait pas non plus s'en préoccuper. S'il avait eu un corps, on l'aurait vu se frotter les mains. Le colère commençait à monter. Chaque partie du corps de Mélanie commençait à trembler. Colère sentait la colère monter. Mélanie aussi et de plus en plus, elle avait envie d'hurler, de donner la mort à cet inconnu.

" Oh mon joli, je cherchais quelqu'un comme toi. Mais tu n'es pas ce que je désirais, je suis à présent énervée tu sais. "

Mélanie et Colère avaient parlé d'une seule et même voix. Les deux esprits s'étaient emmêlés. Mélanie sentait cette envie de tout faire exploser, ce besoin de planter ses lames dans la chair du vampire. L'attente était insupportable. Ses yeux noirs prirent une couleur argentée. Ses muscles étaient tendus et tremblants. L'homme ricana sans rien comprendre, il avança une main sûre vers la poitrine de Mélanie. Il resta ébahi lorsqu'il vit quatre lames d'une des armes de pugilat se planter dans sa main. Mélanie retira les lames, extirpant un cri d'horreur à son ennemi. Celui ci restait interdit et ne savait que faire. Mélanie se mit à rire.

" Que .. que.. " Essaya d'articuler le vampire.

Mais déjà Mélanie léchait le sang déposé sur ses lames. Alors Colère donna l'ordre.

" Ecoute le bruit des morts .. " Chuchota la jeune femme.

Alors tout recommença comme d'habitude. L'homme se comporta comme un fou. Dans sa tête se passait les pires atrocités du monde. Il ne pouvait plus rien voir, la vision dans son esprit était trop douloureuse. Il ne pouvait plus bouger, son cerveau ne pouvait plus le contrôler. La seule chose qu'il réussit à faire ce fut de se tenir la tête et de hurler à tout va. Le sourire de Mélanie apparut et s'agrandit petit à petit. Il restait quelques secondes avant que l'état de l'homme ne revienne à la normale. Elle s'approcha alors de lui et lui planta un objet de bois dans le coeur, comme il fallait le faire pour les vampires. L'homme mourrut alors et disparu en poussière. Et ce fut fini. Colère redonna le contrôle de son corps à Mélanie. Celle ci s'écroula au sol. Un besoin de dormir prenant et impossible à contourner. Elle se mit contre le mur et le sommeil l'emporta dans un enfer encore pire que le vrai ..

* Dors ma douce, car tu m'as offert ce que je désirais .. *

Elle est recroquevillée. Elle tremble. Son esprit se repose, car bientôt tout cela va recommencer. Bientôt la colère la reprendra et elle tuera encore une fois. Car ce besoin est inépuisable, infini. Le sommeil ne la reposera pas car elle rêvera encore de ses démons, comme chaque fois que son esprit n'a plus aucun contrôle ..

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Des bruits de pas précipités se faisaient entendre dans quelques ruelles vides de la ville d'Heaven. Une jeune adolescente avançait rapidement, vêtue de la tête au pied par un long manteau noir et chaud. Elle se fondait dans la nuit telle une ombre froide, longeant presque les sinistres murs qui se dressaient à ses cotés, essayant sans doute de ne pas se faire remarquer. Ses cheveux mal coiffés comme à son habitude voletaient autour de sa tête au rythme de son avancée, et ses yeux sans expression se posaient dans toutes les directions en même temps, comme si elle redoutait que les ténèbres ne l'attaquent à l'instant.

Et d'ailleurs, c'était bien ce qu'Inori redoutait. Ce n'était pas qu'elle était d'une peur excessive, tout du moins elle ne le pensait pas, mais plutôt elle ne connaissait que trop bien le genre de personnes, ou de races, qui se promenaient la nuit et qui n'étaient pas vraiment de fort bonne compagnie. Pourquoi alors, revenir aussi tard chez elle? Une question pertinente à laquelle la réponse était si idiote... Tout simplement parce qu'elle s'était assoupie. Oui, elle avait rejoins le pays des songe alors qu'elle contemplait le monde passer sous ses yeux dans une rue bondée, comme à son étrange habitude. Et lorsque ses yeux s'étaient rouverts, le soleil s'en était déjà allé.

Cela faisait quelques jours que ce genre d'évènement lui arrivait. S'endormir en ayant pourtant dormir tout le temps qu'il lui était nécessaire, s'assoupir sans raison et sans même que Candy ne la possède. Sans raison? Non ! Non, il y avait bien une de raison. Un épuisement qu'elle ne pouvait s'avouer à elle-même, une fatigue à laquelle elle refusait de croire. La raison était justement, cet esprit qui la possédait. Cet esprit avec qui elle combattait avec toutes ses forces, pour ne lui laisser aucune ouverture en elle. Car un jour où l’autre elle devrait se dire la vérité, et reconnaître que celui-ci devenait de plus en plus présent dans sa vie. Car même si avant il ne prenait son contrôle que périodiquement en ne lui laissant presque aucune trace et que maintenant il le faisait beaucoup moins, elle ressentait désormais sa présence à ses cotés perpétuellement, ce qu'elle ne sentait pas avant. Et ceci lui paraissait fort désagréable.

Un long et terrible hurlement déchira le fil de ses pensées, brisant le silence pesant de la nuit. Il semblait venir tout droit d'une personne que l'on aurait jeté au fin fond des enfers pour que son âme soit torturée encore et encore. La demoiselle s'arrêta dans sa course, comme se heurtant à un mur invisible, un frisson lui parcourant le corps de haut en bas. Le cri se refondit alors rapidement dans un silence inquiétant, comme si il n'avait jamais fleuri au beau milieu de la nuit.

* Mais qu'est-ce que c'était que... ça?! *

L'enfant se mit à courir. S'éloignait t'elle du lieux du cris sanglant, ou bien s'en rapprochait t'elle? Elle l'ignorait. Courait t'elle par peur, par une joie malsaine de voir ce qui s'était passé, ou bien était-ce encore par pure paresse de rencontrer quelqu'un qu'elle devrait peu être combattre? Encore une question sans réponse... Tout cela pour dire que sa course effrénée s'arrêta dans une autre ruelle sombre et calme, semblable à la dernière. Cependant, une chose changeait le paysage...

Une chose? Non, une personne plutôt. Un corps assis par terre, recroquevillé sur lui même, dos au mur. Une demoiselle tremblant de tous ses membres, semblant être en proie à un repos sanglant. Une autre jeune fille s’approche d’elle, inquiétée. Sa main s’approche de son épaule comme pour la secouer et vérifier que ce n’est pas une illusion, que la dame est en vie. Mais cette paume se rétracte vite pour se replacer le long du corps de son possesseur, comme retenu par une force invisible. Seul une voix se fait alors entendre dans le nuit, douce et chantonnante comme celle d’un enfant.

" Mademoiselle? Est-ce que ça va? Mademoiselle?... "

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Elle court, elle va vite, mais le chemin est incertain. La forêt est lointaine puis de plus en plus proche. Elle finit par se ré-éloigner. Un cri, un frisson. Elle est dans une maison, elle est perdue. Du sang, partout, sur les murs, sur les corps. Les corps de ses parents, pendus. Ils lui demandent de tuer, de tuer, encore et toujours. La colère est en elle, à jamais, elle a froid. Son esprit se fait lourd, son âme est abîmée. Une enfance détruite par la désolation et le meurtre. Elle va mal.

" Mademoiselle? Est-ce que ça va? Mademoiselle?... "

Une voix, lointaine. Elle appelle, elle se rapproche. Mélanie se réveille.

En un sursaut apeuré, elle reprit ses esprits. Ses yeux eurent du mal à s'habituer à l'obscurité. Le froid lui engourdissait les membres un à un, elle se sentit défaillir. Mais une petite fille se tenait devant elle. Elle concentra son esprit sur elle. Il fallait qu'elle arriva à penser correctement. Penser. Que s'était-il passé ? Pourquoi était-elle à même le sol dans une rue si sombre ? Qui était-elle ? Puis soudain, tous les souvenirs réapparraissent, vivaces. Elle avait juste obéie à Colère, comme d'habitude. Des frissons parcoururent tout son corps, son manteau de cuir ne suffisait pas à la réchauffer. Elle essaya de se lever, sans succes, elle était trop mal, elle ne pouvait rien faire. Son voile avait glissé et on pouvait voir la cicatrice qui zigzagait sur sa joue gauche. Un air apeuré traversa alors son visage, il ne fallait pas que la petite voit cette cicatrice, c'était impossible ! Cette marque était une horreur même !

Mais les forces lui manquaient et elle ne put même pas lever un bras pour remettre le voile en place sur son visage d'un blanc laiteux. Ses yeux étaient effrayés. Il n'y avait aucune trace de Colère dans son esprit. Il n'était jamais là quand on avait besoin de lui. Puis elle se souvint que la petite lui avait parlé. D'une voix frêle un prononça ces quelques mots :

" Oui. Je vais bien, enfin je crois. "

La petite fille semblait si jeune et pourtant, Mélanie sentait un vague malaise provenant d'elle. Etait-elle différente elle aussi ? Etait-elle hanté par un esprit ? Peut-être ne le saurait-elle jamais. Mais une si petite âme se baladant tardivement dans des ruelles mal fréquentées l'étonnait. De plus, elles étaient à Heaven et pas n'importe où. Ici se trouvait nombre d'étranges curiosités dont le monde ne veut pas. Mélanie commença à avoir la tête qui lui tournait à force de réfléchir. Elle n'avait pas assez dormi, la récupération de son pouvoir devait être plus grande. La petite avait coupé son cycle et elle ne pourrait redormir que dans quelques heures. Jusque là elle veillerai dans cet état à demi éveillé, sans pouvoir faire grand chose. Tel était le prix à payer pour utiliser un grand pouvoir.

" Mais je ne peux pas bouger .. "

Mélanie tremblait de plus en plus .. Mais que faisait cette gamine, pourquoi n'était-elle pas encore allée chercher de l'aide au lieu de l'appeler comme ça .. Elle devrait déjà être en train de courir pour s'enfuir ou pour aller à l'hopital demander du personnel pour venir chercher Mélanie. Mais avant d'avoir pu fini sa réflexion, les abîmes des songes vinrent chercher son esprit. Elle tomba alors lourdement sur le sol. Et sa tête percuta une pierre. Du sang coula lentement de la plaie.

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Les yeux bleus et vides de l'enfant n'avaient de cesse de fixer la jeune fille recroquevillée au sol, tremblante. Pourquoi n'arrivait t'elle donc pas à l'approcher un peu plus? Pourquoi son geste s'était t'il arrêté de lui-même pour lui revenir, sans même que sa raison ne lui ordonne? Pourquoi ressentait t'elle un léger noeud à son ventre, mais pas de ceux que provoquait la peur; mais plutôt de ceux que l'on ressent lorsque l'on rencontre quelqu'un qui vous est totalement inconnu et pourtant vous semble un peu... familier, sans que l’on puisse dire pourquoi? Et pourquoi n'avait t'elle donc aucune réponse à donner à ses propres questions?...

L'inconnue s'éveilla en un sursaut apeuré. Le mouvement provoqua chez Inori la même réaction, suivie de quelques petits pas de reculs totalement involontaires. La pénombre qui régnait en maître dans la ruelle et le froid qui grandissait semblaient avoir engourdit tout deux sa réflexion, et de ce fait, elle ne s'était pas attendue à ce genre de réveil. Pourtant la chose paraissait plus que normale et n’aurait pas du provoquer de surprise chez l’adolescente car, après tout, ne venait t'elle pas réveiller une dame seule et assoupie dans un endroit peu rassurant et complètement désert?... La jeune Kuroi se rapprocha lentement.

La demoiselle toute vêtue de noir semblait avoir repris ses esprits sans pour autant être totalement éveillée, encore un pas restée dans le pays des songes. L’engourdissement du sommeil et celui du froid étaient sans nuls doutes les explications les plus plausibles, tout du moins selon Inori. La jeune dame essaya bientôt de se relever mais en vain, elle n’avait presque pas bougé, si ce n’était pour ne pas dire pas du tout. L’enfant eu alors un imperceptible mouvement dans sa direction, mais ne pu le continuer. Elle aurait voulu l’aider à se relever, mais l’expression apeurée qui avait traversé l’espace d’un instant le beau visage d’un blanc lait de la femme l’avait stoppée, comme une barrière. La première réaction qu’elle eu fut de ce retourner précipitamment pour s’apercevoir… Qu’aucune présence menaçante ne se levait derrière elle. Elle soupira, son cœur battant, à moitié rassurée et repris rapidement son attention sur l’inconnue qui lui parla alors d’une voix frêle.

" Oui. Je vais bien, enfin je crois. "

Inori continua de l’observer bêtement durant les quelques secondes de silence qui durèrent. Il lui avait fallu un peu de temps pour percevoir le sens des paroles, car les battements de son cœur avaient tellement emplis ses oreilles à l’instant que sont cerveau avait mis du temps à reconstituer chaque mots dans son esprit.

" Mais je ne peux pas bouger .. "

Cette fois-ci, toutes les paroles s’étaient faites comprendre immédiatement par l’adolescente qui entrouvrit alors la bouche pour lui répondre. Mais, ses premiers mots furent imperceptibles, transformés dès leur passage dans la gorge de la jeune fille en un cri. La demoiselle venait de s’affaisser lourdement sur le sol froid sous ses yeux, et de sa tête coulait lentement un liquide rouge sombre d’une blessure provoquée par le contact violent rencontré d’une pierre.

Cette fois-ci, aucune force invisible, aucune volonté imperceptible n’empêcha la petite de s’approcher de la jeune femme. Ses mains agrippèrent rapidement ses épaules pour la remettre assise par terre. Le sang coulait maintenant sur son visage au lieu du sol humide et cela inquiétait d’autant plus Inori. Que faire ? Elle regarda aux alentours comme si elle espérait voir soudain surgir quelqu’un pour lui prêter main forte… Mais au bout de trente seconde la vérité revint la réveiller complètement. La seule aide qu’elle trouverait ici serais celle de créatures prêtes à faire d’elles deux leur dîner. Sans alors même réfléchir une minute de plus, l’enfant entrepris d’abord difficilement de relever la femme. Comme elle-ci était plus grande qu’elle ce n’était pas mince affaire, mais elle y parvint tant bien que mal. Ayant collé la jeune femme dos au mur, elle se retourna rapidement pour que celle-ci ne retombe pas par terre, mais sur son dos. L’ayant bientôt installée d’une manière qui serait la plus aisée possible pour elle deux, elle se mit à courir aussi vite que lui permettait ses courtes jambes.

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