Loin de ma tombe. [Swann Mc Fear.] [12/11/2009.]

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Elle avait de la suite dans les idées, c'était clair. Presque si elle n'avait pas prévu son coup à l'avance, mesuré les caractéristiques de la tombe avec un mètre, et même profité de sa pause café pour passer un coup de balai... Et, bizarrement, ça me plaisait. Le fait de reparler avec quelqu'un (ou plutôt quelque chose, en l'occurrence) de réel, ça me faisait du bien. Le bonheur ne se trouve jamais seul. Je ne jurais que par ça. Mais alors pourquoi n'avais-je pas quitté ma tombe plus tôt? J'oubliais momentanément mes peurs, mes angoisses, le passage, les Vadrouilleurs, mon éventuel remplaçant que je pourrais croiser n'importe où dans la rue, les gants... Oui, grâce (ou à cause) du sourire de la demoiselle, j'oubliais tout ça. à mes risques et périls. Je me disais que j'étais bête de n'être pas partie plus tôt.

...

Elle m'apporta par la suite la preuve qu'elle n'était pas vraiment saine mentalement (en tout cas moins que moi, que je trouvais) en me montrant un gamin. Ils semblaient s'ignorer mutuellement, en tout cas, le gamin ne bronchait pas à cause de nos présences. Peut-être ne nous voyait-il même pas. Elle lui prit le menton et il la repoussa. J'étais impressionnée, bluffée, mouchée... Tout ce qu'elle voulait... Il me venait plein de questions et je me demandais dans quel ordre les lui poser. J'essayais pourtant d'être claire...

- Mais... Comment? soufflais-je avec une voix qui trahissait amplement ma stupéfaction.

C'était une sorte de question et je me doutais qu'elle allait répondre, mais j'avais moi-même la réponse : la possession. Un peu comme des fantômes dans le grenier alors que le grenier est votre tête. Je n'y avais jamais pensé comme solution. Elle me donnait la chair de poule. Là dessus, je cessais de regarder le mioche avec mes grands yeux de poisson frit et je me retournai de nouveau vers Alyssa. Mon regard exprimait toujours ce "comment" indéfinissable qui m'avait pris en la voyant tripoter le môme. Elle regardait le gamin et lui parla.

-Swann... Nous quittons cet endroit ! J'ai quelqu'un à aider...

Elle partit, je ne savais pas où elle comptait aller mais je me doutais bien qu'il s'agissait de la sortie du cimetière. Sortir me ferait du bien, mais mes peurs me revenaient dans la figure. Je pouvais tomber sur des gens que j'avais connu, mais de toute façon ils ne me verraient pas. Je poussais un gros soupir de désolation. J'avais mal, j'allais mal : Alyssa avait raison et sortir de ma cage me ferait beaucoup de bien.

- Il te voit? Il t'entend? Il t'obéit?

Sur ma dernière interrogation, ma voix était devenue plus mystérieuse. J'étais victime d'un péché qui ne m'avait frappé que rarement : l'envie. L'envie d'avoir un jouet, un corps, comme elle. De pouvoir vivre, de pouvoir prendre part à la vie de la ville. De lutter contre l'Ombre ou pour l'Ombre, je n'aurais qu'à voir qui me prendrait... Et puis je n'aurais plus à me prendre pour un ange, je serais moi et pas une horrible caricature de ces créatures ailées. Mais moi...

- Ca doit être pratique... Mais moi j'aimerais récupérer MON corps.

Alyssa marchait tranquillement dans les rues de Heaven, du moins autant qu'un esprit puisse marcher, suivi par Swann qui, s'il ne comprenait pas la situation, avait décidé de faire comme s'il s'en fichait, à moins qu'il se fiche réellement de ce qui prenait à Alyssa tant que ça ne le concernait pas.

C'est à peine si l'ex-bourreau ne chantonnait pas. Elle s'amusait beaucoup, après tout le malheur des uns... Mais ne l'ai-je pas déjà dit ça? Elle prenait également un malin plaisir à laisser les questions de la demoiselle et le regard interrogateur de Swann sans réponses. Elle continuait simplement d'avancer au gré de ses humeurs, amusée de voir que tout deux la suivaient. C'est devant un vieux bar qui était maintenant fermé pour une raison quelconque qu'elle s'arrêta enfin pour répondre.

-Comment? Disons que un esprit se doit d'être très lié au corps qu'il emprunte...

Comme pour illustrer ses paroles elle déposa sa main sur la tête de Swann dans un geste qui se voulait affectueux...

-Swann? Nous avons une invité...
Le gamin ne répondit rien, il ne pouvait ni voir ni entendre cette invité alors faire semblant de s'y intéresser n'aurait eut aucun intérêt... Il se contenta donc comme depuis le début de suivre Alyssa. Tant qu'elle ne lui demandait rien de spécial il se moquait bien de ce qu'elle pouvait faire...

-Donc comme tu peux le constater oui il me voit et m'entend, quant à m'obéir... Il est normal qu'un enfant obéisse à sa mère...

Après un grand sourire qui témoignait davantage d'une folie certaine que de la joie l'ex-bourreau se remit en route, n'accordant encore une fois aucune attention au gosse et à l'esprit. Elle n'était pourtant pas sourde aux paroles de la demoiselle puisqu'elle s'arrêta quelques minutes après pour se tourner vers Swann.

-Quel était le nom de cette créature dans le jeu auquel tu jouais ce matin? Un zombie c'est ça? Et bien allons chercher une pelle...

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Sa mère?!! Mais comment un esprit qui prétendait être le serviteur d'un type mort quelques siècles avant pouvait être la maman d'un gamin de l'âge de ce dénommé Swann? Je me le demandais bien volontiers et mon air paumé, stupéfait me trahissait assez bien. La bouche ouverte, les yeux complètement éclatés dans mes orbites (ils étaient dilatés en fait) , je savais que j'avais vraiment l'air hébétée : je l'étais. Mais au fond, je me doutais que je n'étais pas au bout de mes surprises, en compagnie d'une fille aussi sensée qu'une vache et un gamin aussi bavard qu'un radiateur, j'étais dans de bonnes mains... Mais bon, je me contentais d'ignorer tout ça.

- Un zombie?! Euh...

Je préférais largement rester désincarnée jusqu'à ce que quelqu'un me rende mon corps à moi, et à moi seule... Je ne tenais pas à devenir une créature étrange... Surtout que j'avais pas mal de stéréotypes à leur sujet : ils étaient morts; ils étaient durs à contrôler; ils étaient sales; et plutôt gaga... Absolument pas ce dont j'avais besoin. Je voulais mon corps : mince, léger, agile, doux. Mes tics d'avant me manquaient vraiment... J'avais envie de me faire craquer les doigts, les cervicales, les poignets... J'arrivais même à me faire craquer les omoplates ! Ne me demandez pas comment je fais... Mais ça, il fallait que j'arrive à le résumer en quelques mots qu'elle comprendrait.

- Je veux mon corps, un autre me paraît de trop...

Mais bien sûr, cet égocentrisme me perturbait. Elle ne me connaissait pas, elle ne savait pas qui j'étais réellement, elle ne voyait qu'un reflet de mon âme... Qu'une simple chose avec un ego assez surdimensionné. Mais je n'était pas ça, pas ça du tout... J'avais honte de mon comportement, alors je baissais la tête. Si j'avais pensé qu'elle aurait pu me prendre en pitié, j'aurais pleuré. À force de toujours devoir satisfaire tout le monde... Devoir sourire, devoir être là, devoir supporter les moqueries et les pleurs des autres... J'avais appris à m'accorder une pause, j'avais appris à pleurer sur commande. C'était drôlement pratique, avec mes professeurs quand j'étais à l'école... "M'sieur, j'ai pas eu le temps de faire mon exercice, j'ai... Snif. J'ai du aller m'occuper de ma pauvre grand-mère... Snif !". Ça marchait à tous les coups. Il ne manquait que le blabla autour et j'arrivais à manipuler les autres.

- Je sais que ça peut paraître... Euh... Égoïste, mais c'est mon corps, que je voudrais...

Alyssa avait clairement l'impression d'avoir trouvé un jouet de plus... Après Swann elle se retrouvait avec une deuxième personne qui pouvait la voir et qui n'osait affronter son autorité... C'était une expérience plutôt agréable, après tout Swann était très docile mais on se lassait vite de n'avoir qu'un enfant en guise d'interlocuteur... Peut-être pourrait-elle obliger cette fille à rester en leur compagnie... Après tout la vie sous forme d'esprit n'était pas si grave une fois que l'on s'y était habitué... Enfin vu comment l'autre réagissait mieux valait attendre un peu pour lui faire une telle proposition.

Alyssa se demandait à quel moment elle avait laissé sous entendre que ce ne serait pas le corps de la dénommée Stéphenia qui serait exhumé mais un autre? A aucun moment elle n'avait eut d'autre intention que de déterrer sa dépouille, mais si son corps se trouvait dans un cercueil il y avait des chances qu'il ait déjà entamé le processus de décomposition avec tout les effets que cela pouvait avoir... D'où l'idée de cette pauvre âme ressuscitée sous la forme d'un zombie, après tout il fallait bien faire de nouvelles expérience dans la vie.

-Soit rassurée tu aura ton corps...

Lui dit-elle sans se départir de son sourire à mi chemin entre le rictus de cruauté et le sourire moqueur... Elle se tourna enfin vers l'enfant afin de lui demander:

-Swann? Ces pelles où pouvons nous les trouver...

Le gamin continua de l'ignorer... Si Alyssa n'avait pas été certaine que son contrôle sur l'enfant était total elle aurait pensé qu'il ne l'entendait pas. Son sourire disparu remplacé par un regard mauvais, il avait réussi à l'énerver et sauf s'il rectifiait son erreur il ne s'en sortirait pas ainsi... Elle enserra son cou de ses doigts fins et approcha ses lèvres de son oreille lui murmurant quelque chose que lui seul pouvait entendre. Les yeux du gamin s'agrandirent sous la peur et il se dégagea de l'étreinte glacée de l'ex-bourreau.

-L'école... Des pelles là bas pour le jardinier...

Le sourire de Alyssa s'agrandit. Sous les effets de la peur le gamin devenait toujours tellement obéissant... Elle ne lui avait pourtant jamais rien fait mais il continuait de la craindre et elle continuerait d'en jouer aussi longtemps que nécessaire...

-Eh bien direction l'école

Conclu-elle toujours aussi souriante... Le gamin toujours sous le choc se mit en route tout de suite, décidément quel changement avec son comportement désinvolte d'avant. Encore une fois l'esprit se remit en route, réfléchissant déjà aux moyens qu'ils devraient employer pour entrer dans le bâtiment... Quoique ça ne devrait pas être très dur, après tout Swann avait l'age d'aller à l'école, ont n'allait tout de même pas lui reprocher d'y entrer, si?

Sujet: Re: Loin de ma tombe. [Swann Mc Fear.] [12/11/2009.]

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