Amnesy therapy. [Jonh Novack Jr] 02/05/2010.

Il m'a rappellé son nom. J'ai eu envie de me le noter sur la main, mais je l'ai pas fait. En fait, j'avais plus de place, et plus de stylo, et puis de toute façon, même si j'aurais pu me prendre un petit bout de mollet pour l'écrire, j'aurais été surprise, une fois oublié de me laver et de... Tomber sur le nom d'un homme là. Alors je me le suis répété dans la tête, histoire que ça rentre, ou au moins que je me trouve un surnom possible. JN? Nan, trop chiant à prononcer. Jonh, quatre lettres, ça devait quand même pas être trop dur, si? Bah fallait croire que si, m'enfin bref. Et puis j'ai entendu : "USA colorado, moi aussi". Bon, c'était peut-être pas dans cet ordre, mais je m'en fichaiiiis, j'avais réussi à entendre. C'est passé comme il fallait.

Jusqu'à ce que mon cerveau traite le "moi aussi". Comment ça? Moi aussi? Ca voulait dire quoi ça? Jai failli m'étouffer, mais j'me suis contentée d'inspirer bruyament. Un peu comme si on m'étranglait... J'ai retenu une crise de toux et je l'ai regardé, de mes grands yeux interloqués. Oui oui c'est ça d'accord, que j'ai eu envie de répondre. Mais j'en ai rien fait, j'ai souri. J'ai pensé qu'il devait avoir raison, ou qu'au pire il vallait mieux que je rentre dans son délire.

" Denver? Le nom me dit 'aguement quelque chose."

J'ai zappé le "v" de "vaguement". J'aimais bien zapper les "v" des mots. 'Achement, 'aguement... Enfin, c'était pas complètement un mensonge. J'avais dû entendre ce mot, avant, mais ça m'avait pas franchement marqué. Probablement que j'y étais jamais allé. Mais ça lui faisait plaisir, et puis j'avais rarement l'occasion de tisser des liens avec des gens. Pedant qu'il me parlait de sa vie, je hochais gentiment la tête, posant une demi fesse contre la grille en métal forgé. J'ai failli reculer, parce qu'elle était glacée, mais j'ai tenu bon.

J'ai voulu parler à mon tour. J'ai bien dit "voulu" mais il m'a coupée. Dommage j'aurais une autre occasion de lui dire que je me souvenais de rien de ma vie d'avant. Mais bon, il avait l'air content.

- Dis, ça te dit qu'on bouge un peu de là ? Faire un bout de chemin ensemble. Tu peux venir avec moi, où même, que je te raccompagne chez toi ?

Euh... Oui oui, c'est ça, que j'ai eu envie de répéter (même si je l'avais pas dit la première fois). J'ai fait un effort, j'ai pas pris mes jambes à mon cou. Enfin quoi?! C'était un peu comme s'il m'avait dit "et après on fera l'amour jusqu'au petit matin." J'savais même plus comment on s'y prennait. Si tant était que j'avais su un jour.

"Me raccompagner chez moi..."

J'avais une hésitation. Qu'estce que j'allais bien pouvoir lui dire... Et puis j'ai trouvé.

" Ca va être difficile, je sais même pas où je vis."

TADAAAAAAM. Facile hein?

"Mais on peut se promener, ouais."

J'ai souri. Et puis je me suis levée de ma grille. J'ai revecu. J'ai fait quelques pas dans la première rue (celle d'où sortaient les loubards un peu avant). P't'être qu'on trouverait quelque chose dans la rue, d'intéressant. Genre un bar ... ou un parc, ou un immeuble qui me rappelerait quelque chose. Au moins, j'étais rassurée, j'allais déambuler dans les rues avec quelqu'un qui aurait plus de chances de s'y retrouver, parce que moi, c'était définitivement mon cauchemar.

"Vous pensez à un endroit en particulier?" que j'ai demandé en marchant.

Histoire que je voie s'il fallait que je me tire en sprintant ou pas. Quoi que j'avais plus vraiment peur de lui. En plus, avec la casquette en moins, il avait nettement moins l'air d'un clochard... Bon, y avait quand même un truc qui me titillait, mais qui ne me faisait pas spécialement peur : son cache-n'oeil. Barf, je suis polie, moi, je suis pas du genre à faire de remarques. En plus je pouvais rien lui reprocher. Moi dans le genre "kinder surprise" j'étais pas trop mal non plus. Hu hu.