Youhou, un bar plein de... Démons ?! [15/01/13]

J'allais de surprise en surprise cette nuit là. Jusqu'à il y a encore... Approximativement cinq minutes, j'ignorais que les humains étaient pourvus de ce genre de pouvoirs. D'ailleurs, ils étaient sensés être complètement dépourvus de pouvoir. Moi qui avait prit pour passe temps de nuire à cette sous-race allait peut être me décider à trouver un autre passe temps genre... Le point de croix... Ou... Ou bien la peinture... Ouais j'allais peindre le chaos de Heaven depuis ma chambre bien sécurisée en zone IV et je deviendrais célèbre une fois que Malphas aurait fini de pomper Heaven et que je pourrais fuir de cette ville... Du moins s'il me laissait m'échapper ou si je survivais jusque là...

"Allez, ramène toi ! Cinquante mètres encore."

Cet ordre suffit à stopper le flot de pensées stupides. Je me redressait un peu, déjà moins essoufflé et jetais un coup d'oeil autour de moi, me reprochant mentalement ma négligence face à la situation. J'aurais du penser à vérifier l'absence de danger en premier lieu...

A mon grand soulagement je reconnaissais l'endroit qui se trouvait presque à la périphérie de la zone II, ce qui signifiait plusieurs choses, d'abord la précieuse énergie dont nous avions besoin, l'absence d'humains transgéniques qui se transforment en gros canidés et... Je ne vais pas tout vous nommer.

Je reprenais finalement la marche et suivait la démone sans réfléchir. A ce stade j'aurais très bien pu partir de mon côté et oublier cette rencontre mais j'aimais autant être avec elle si ces trucs nous retrouvaient, ils seraient sans doute attiré en premier lieu par celle qui les avait frappé que par moi et alors je pourrais peut-être fuir avant que les choses ne se gâtent et que je finisse en pâtée pour chien... C'est alors que je comprit où elle m'emmenait et marquait une seconde d'hésitation... A première vu ça ne semblait être qu'un bar ordinaire, mais c'était un bar de la zone II, ça voulait dire que la clientèle serait essentiellement occulte. Occulte et démoniaque... Démoniaque et dangereuse... Devais-je rappeler que les démons voulaient ma peau encore plus que les humains ? Oh bien sur, ils ne pouvaient me tuer... Je restais apparenté à leur prince et ne pouvait payer le lourd tribu de ma naissance qu'en restant vivant... Mais je n'étais pas friand des coups...

Je m'arrêtais à quelques pas de la porte... Devais-je lui rappeler les risques que j'encourais si j'étais reconnu, ce qui risquait fortement d'arriver ? Je pourrais peut-être lui suggérer un autre endroit.... Mais ce n'étais pas aussi simple.... Elle était démone aussi et tout aussi pleine de mépris vis à vis de mon existence que les autres... Me vint alors à l'idée qu'elle avait peut-être choisi cet endroit exprès et que le hasard n'avait au final pas grand chose à voir là dedans... Peut-être même depuis le moment où j'avais choisi de l'attaquer plutôt que de faire mon boulot bien tranquillement... Si c'était le cas alors il ne me restait plus qu'à accepter mon sort. Je lui emboitait finalement le pas en rentrant la tête dans les épaules, attendant le début des hostilités...

Malgré ce que pouvait penser Lucyan, Cendre n'était pas animée par le sadisme. Certes, le malheur des autres ne la touchait pas plus que ça ; mais son esprit était apparemment basé sur une mécanique trop simpliste pour échafauder de vraies stratégies dédiées à la souffrance d'autrui. Parce que, si elle n'était pas complètement idiote, Cendre avait tout de même quelques problèmes avec le discernement, les priorités, et les pensées sur le long terme. C'était peut-être ce qui l'avait poussée toute sa vie à fuir les obligations, les études, mais aussi la pratique du lynchage organisé ; tant qu'elle pouvait trouver un coin où faire la sieste...
Tout était simple au fond du crâne de la jeune femme, et peut être un peu trop simple au goût de l'univers.

Par exemple, attendre que les gens vous disent clairement ce qu'ils pensent au lieu de recevoir leurs signaux émotionnels n'est pas un moyen pratique de communiquer : Cendre ne releva hélas rien de particulier dans le comportement de Lucyan ; et les conséquences auraient de bonnes chances d'être désastreuses.

Elle s'engouffra dans le bar en poussant du pied la porte d'une propreté douteuse ; une bouffée de chaleur parfumée à la bière et la transpiration l’accueillit joyeusement. La jeune femme n'était pas une habituée du coin, mais pas non plus un visage anonyme. En général, personne n'avait de sentiments haineux à son égard par ici ; son caractère qui tirait un peu vers la blonde caricaturale devait y être pour quelque chose. Et puis, même si elle devait croiser quelqu'un à qui elle devait de l'argent, ou bien quelques dents, personne n'avait envie de déclencher une apocalypse au milieu de la clientèle du bien nommé "Coupe-gorge". Enfin, pas grand monde.

Le bar était quasiment une caricature, tout droit sortie d'un vieux western. N'ayant jamais eu l'occasion d'en voir un, Cendre ne pouvait évidemment pas le savoir, mais tout était là : de la lumière tamisée au barman méfiant, en passant par la clientèle armée jusqu'aux dents et le nuage de tabac qui tournoyait au plafond, l'effet était saisissant de réalisme. Ne manquaient que quelques chevaux attachés devant la porte.
Les étoiles devaient être du côté du cambion, puisque personne ne fit attention à leur entrée plus d'une demie seconde. Parce que, tout le monde avait mieux a regarder. Même le barman, qui tourna tout juste la tête un instant.

Dans un coin de la salle, un règlement de comptes se préparait.


[PARDON >_< Pardonpardonardon >_____<]

La tête toujours enfoncée dans les épaules et les muscles tendus, prêt à recevoir le chaos, la mort et la destruction en plein sur mes frêles épaules, je pénétrais dans le bar à la suite de la démone. Bien que je n'eut jamais mit les pieds dans ce genre d'endroit, je n'eut pas tout de suite la curiosité d'inspecter les lieux du regard... J'attendais, une, deux secondes, le temps de m'assurer que j'allais bien rester vivant avant de me détendre légèrement.

L'endroit n'avait rien de bien impressionnant, c'était plutôt crasseux et aussi miteux que l'extérieur le suggérait. L'air empestait l'alcool et le tabac. Les démons auraient eut tord de se priver après tout puisque leurs poumons ne risquaient pas grand chose du cancer, pas plus que les miens, mais l'odeur m'arrachait tout de même une légère toux. Au moins nos poursuivants n'auraient pas l'idée de venir réclamer justice ici... Du moins j'espérais et s'ils essayaient quand même, des humains, aussi étranges soient-ils seraient vite repérés et malmenés au milieu de ce rassemblement d'occultes.

-Tu crois qu'on me demandera ma carte d'identité ici ?

Demandais-je avec un sourire. Pas que j’eus l'intention d'aller commander un verre cela dit.

A mesure que le temps passait je me détendais un peu, personne ne semblait vouloir me tailler en fins morceaux. Je ne savais toujours pas pourquoi je me trouvais ici mais ne m'en souciais plus trop. C'est alors que j'avais baissé ma garde que le mur au fond du bar s'écroula...

Je ne m'y attendais tellement pas que je mit un moment à comprendre ce qu'il s'était passé. J'avais bien entendu le fracas de même que le nuage de gravât et de poussière qui se répandait maintenant un peu partout ne m'avais pas échappé mais je ne comprenais pas, pas plus que les autres usagers du bar. Il fallut attendre quelques secondes que le nuage soit dissipé pour comprendre ce qu'il s'était passé...

J'écarquillais les yeux devant la chose qui apparut par le trou béant dans le mur. Le premier nom qui me vint à l'esprit fut "araignée" mais pas le genre d'araignée qui court sur les murs dans cette dimension... Non, un truc énorme avec de grandes pattes noires et griffues, une gueule énorme qui pourraient avaler sans problème un homme adulte... Un démon comprenais-je alors que la bête s’avançait dans la pièce. Je reculais lentement mais n'ayant pas bien prit en compte la configuration des lieux je me retrouvais vite dos au mur.

La bête s'avançait toujours. Pour l'instant elle ne semblait pas vouloir attaquer et se contentais de fixer les occupants du bar de ses... Yeux... Du moins c'est ce qu'il semblait.

D'accord. Un démon-araignée immense venait de se taper l'incruste, sans prévenir. On pouvait légitimement supposer que ce n'était pas normal. Cendre tilta un moment, tandis que l'assistance se figeait dans une espèce de mouvement hébété généralisé, et qu'un épais nuage de poussière et de platre aloudissait encore l'atmosphère déjà confiné du bar. S'il y avait eu un pianiste de saloon ici, ce qui n'aurait pas détonné du tout avec le décor, la musique se serait arrêtée.

Simultanément, une dizaine de lames chuintèrent en sortant du fourreau, tandis que divers armes et autres moyens de défense magiques faisaient de même ; personne ne pipa mot. Une bestiole de ce genre n'était probablemement pas du domaine de l'insurmontable aux yeux de l'assistance, ici. Cependant, personne n'avait aparemment envie de briser l'inertie qui tenait toujours l'atmosphère.

L'araignée tourna lentement la tête, et Cendre recula de quelque pas. S'il y avait bien quelque chose dont elle n'avait pas du tout envie, c'était de se retrouver nez à nez avec cette chose ; heureusement pour elle, des tas de choses se trouvaient sur le chemin entre la démone et le monstre. Des tas de trucs armés et prets à en découdre, apparemment.

"Tu sais, lâcha-t-elle à l'attention du loupiot, je crois que l'univers ne nous aime pas"

L'univers devait avoir sa fierté. Il se sentit obligé de confirmer immédiatement ce propos.

Il faut dire que, les murs, ce sont des choses importantes. Parfois, un mur renferme une poutre, qui, par exemple, soutient un bout du plafond. Et parfois, démolir un bout de poutre n'a pas un effet immédiat, mais peut tout de même, en quelque minutes, provoquer l'effondrement total d'un bâtiment.
C'est ce qui se produisit. Il y eut un craquement. Puis un autre. Puis de la poussière se mit à tomber.Tout le monde ou presque, démarche absolument dénuée de bon sens en cette situation, leva le nez en l'air ; et à cette occasion, Cendre put très nettement voir un immense bout de plafond se détacher au dessus de sa tête, et lui dégringoler lourdement sur le coin de la tronche. D'autres victimes de l'effondrement du toit furent à déplorer, mais la démone était assez peu intéressée par leur destin tragique.

Un plafond, tout seul et de surcroit, insalubre, n'est pas un moyen très fiable de tuer un démon. Il faut dire que celui du Coupe-Gorge ne devait pas être d'une incroyable solidité, ni d'une épaisseur spectaculaire. Cendre se dit donc, avant de perdre lamentablement conscience, que bon, une méchante migraine se profilait, mais qu'au moins elle échapperait à l'araignée géante.

Et puis soudain, tout devint joyeusement noir.