À la recherche d'une pelle. [Swann Mc Fear.] [18/11/2009]

Elle avait de graves problèmes psychologiques extrêmement bien enfoncés dans son être... Vraiment, elle en avait des énormes de soucis. Peut-être était-elle un peu schizophrène, ce qui pourrait expliquer pourquoi elle prétendait être le bourreau d'un type mort depuis des siècles et aussi pourquoi le gamin la voyait et lui obéissait. Ou alors il était médium et poursuivi par une folle dingue de sa famille... En tout cas, j'avais compris une chose : il fallait que je me méfie d'elle et de se qu'elle pouvait bien raconter. Déterrer mon corps pour me le rendre? Pourquoi sentais-je que ça serait plus dur à faire qu'à dire? Tout simplement parce qu'un mioche de l'âge de celui que j'avais devant moi, trottinant presque pour ne pas être puni, ne pourrait pas avoir assez de force pour faire éclater la dalle de béton qui recouvrait ma sépulture, et ensuite creuser les trois ou quatre mètres de terre qui recouvrait mon cercueil... En plus d'être de la Folie, c'était de la maltraîtance pour le gamin. Nous étions déjà sur le chemin de l'école et lorsqu'elle décréta qu'on allait là bas nous étions proches du bâtiment. Une trentaine de mètres avant qu'on arrive devant la bâtisse, j'arrêtais les deux... Je ne sais pas encore comment je fis, mais j'arrêtais l'autre esprit, un peu comme un incarné aurait retenu un autre incarné en lui tenant le bras. Inconsciemment le gamin s'arrêta, toujours aussi pareil à l'image que j'avais de lui.

- Tu ne peux pas faire ça.

Si elle le pouvait parfaitement, mais ce n'était pas politiquement correct de sa part. Enfin, je doutais franchement qu'elle sache ce qu'était la notion du "politiquement correct". Ou si elle le savait, elle ne l'utilisait pas beaucoup. J'imaginais bien qu'elle était du genre à avoir toujours raison même quand elle avait tort dans sa façon de faire et d'être. J'avais bien envie de lui rabattre le caquet mais je n'osais pas. Je n'imaginais même pas ce qu'elle pourrait me faire subir pour le plaisir de me le faire subir. Elle avait certainement quelques tours dans la poche... J'avais la chair de poule à cette pensée. Ce n'était pas de la peur, mais plutôt du dégoût aux images mentales qui venaient fleurir dans ma tête. Bien sûr je ne lui montrai absolument pas. Je ne voulais pas qu'elle puisse percer en moi un autre sentiment que la joie ou la sympathie et la peur...

- C'est qu'un môme, fiche lui la paix !

Si j'avais pu, je l'aurais frappé. Pas pour lui faire mal ou déclencher une bagarre. Je l'aurais fait parce que c'était la seule chose à faire dans ces cas là pour bien illustrer ces propos... Et en plus, j'en aurais profité pour lui montrer que j'étais prête à me battre pour défendre mes idées. Mais je savais que j'étais trop faible pour espérer la toucher ou lui faire mal. En plus, c'était une mauvaise idée pour ma survie momentanée... Je me contentais de lui lancer un regard que j'avais essayé de débarrasser de toute trace de crainte. Je ne voulais exprimer plus que toute ma frustration. Et c'était un mot faible... Mais ma détermination ne faisait probablement pas le poids contre cette peur grandissante, car je continuait, beaucoup plus doucement, un peu comme un dernier appel au secours :

- Fiche lui la paix.

Et pourtant, on savait toutes les deux que ça devait la démanger de le torturer... Le gamin s'était arrêté lui aussi. Etait-ce parce qu'il avait vu Alyssa s'arrêter ou parce qu'il avait senti qu'il sepassait un truc étrange entre nous autres esprits...? Barf, je secouai la tête pour chasser de mon esprit (huhu, ironie du sort) que le gamin ne pouvait pas me voir... C'était frustrant de savoir que j'étais bel et bien seule, avec pour seule compagnia cette fille bizarre. Je devais me débarrasser d'elle au plus vite... Quitte à retourner gésir sur ma tombe, il fallait que je sorte de ce truc infâme qui se refermait sur moi.

...

J'allais lui devoir des services après, et franchement, je n'en avais pas envie. En plus, de la oir si supérieure aux autres, ça me donnait envie de la carboniser vivante. C'était pas parce que je n'avais plus de corps momentanément que je ne pouvais pas invoquer mes flammes. Mais ça n'aurait aucun effet sur elle et ça carboniserait le môme. Pauvre môme. Et puis nous vîmes le jardinier. Apparemment, elle voulait qu'on lui demande de l'aide à lui... Elle s'appretait même à faire ressortir mes traits pour qu'il se rende compte qu'il y avait urgence... Mais qui disait qu'il la verrait elle? Ou alors qu'il ne me verrait pas? Elle m'énervait cette fille... Franchement, c'était rare que je m'énerve et c'était rare que je laisse ma haine ressortir sur les autres...

° Reste zen Stéph, reste zen... ° pensais-je pour essayaer de me calmer.

Le type regarda dans notre direction, semblant attendre qu'on bouge ou qu'un on dise quelque chose... Certainement qu'il ne nous voyait même pas et qu'il regardait juste Swann, tout seul dans la rue. Ce mioche me paraissait sympathique... Si on enlevait le fait que la gonzesse qui semblait "veiller sur lui" lui pourrissait carrément la vie. Je serrais les dents, laissant mes mains toujours aussi détendue. Je pouvais grincer des dents qu'elle n'aurait certainement rien vu, mais je savais que si elle remarquait mes mains, elle ne me lâcherait plus.

...

Elle n'avaient rien de fantastique, mes mains. C'était juste qu'elle savait se battre, cette fille, c'était certain. J'avais assez de culture pour savoir que les guerriers (surtout ceux des temps passés) aimentben surveiller les gestes de leurs "dversaires", comme ça ils savent si oui ou non ils doivent attaquer... Mais moi, j'avais décidé que je ne voulais plus de son aide. Ca tournerait trop mal et trop vite. Et surtout, je ne contrôlais rien chez cette fille. Elle vivait a vie sans même chercher à comprendre les autres. Je ne voulais pas m'enrôler dans un cercle pareil.

- Désolée p'tit bout, dis-je à l'attention de Swann. Alyssa, c'est sympa de ta part de vouloir m'aider, mais je crois que j'ai besoin d'une autre forme d'aide... Au revoir.

Et dans un nuage de fumée blanchâtre, mon reflet qui me servait de corps disparut, laissant le gosse, la psychopathe et le jardinier en méditation forcée. J'imaginais bien qu'elle m'en voudrait et qu'elle ferait tout pour me tuer, à une autre occasion, mais justement, ce serait une autre occasion alors je ne me faisais pas trop de souci...