Un drôle de loup [07/01/2010, PV Gemme]

La nuit était calme, seulement troublée par les passages des soldats patrouillant dans les rues, et, par moment, Le bruit de coups de feu déchiraient le silence. Quelqu'un qui avait été pris dehors? Peut-être... Ce n'est pas la lueur de la lune, voilée par les nuages qui permettrait de le savoir.

Le parc de Heaven ne semblait pas inquiété par les patrouilles, et peut-être est-ce pour ça qu'Effie s'y était rendue. Habituée qu'elle était à dormir par tranches de six heures (afin de partager son temps entre sa famille et les vampires), elle se trouvait donc en une heure ou la plupart des enfants sont supposés dormir, et la totalité des habitants est supposée rester chez elle. Qu'y pouvait-elle si elle s'ennuyait?

La fillette, donc était installée confortablement dans un arbre (d'expérience, elle savait que les adultes ne pensent jamais à lever la tête, le seul qu'elle connaissait à y avoir jamais pensé étant son aîné), descendant régulièrement faire le plein de cailloux, pour les lancer dans l'eau. Un jeu stupide, mais ô combien captivant!

Elle ne savait pas exactement depuis quand elle avait ce pressentiment, un peu comme une odeur inconnue, sur laquelle on vient de mettre le nez... Il y avait quelqu'un ici... Mais où... Impossible de le dire... Ce n'était pas un humain, elle ne le pensait pas, pourtant... Oh et puis zut! La fillette se laissa tomber de son arbre, et commença à chercher... Vous connaissez le jeu "chaud ou froid?" ben la puce elle essayait d'y jouer... Sauf que vu comment elle était partie, c'était pas gagné.

"J'vais te trouver!"

S'exclama la puce en s'élançant vers un buisson... vide... Un soupir, et la fillete reprit son jeu de cache cache avec son invisible compagnon de jeu (qui n'était même pas au courant si ça se trouve)

[Bon, t'auras deviner, c'est toi qu'elle essaie de trouver... J'l'ai fait partir dans l'autre sens parce que sinon, elle t'aurai repéré, là, t'as la possibilité de lui faire la surprise si tu veux. Si Pb, MP!]

Ses pattes avaient laissaient des traces dans la neige, mais le vent les avait en grande partie recouverte et elle mettait à contribution tous les éléments du terrain pour brouiller les traces. Là, elle avait sauté sur un arbre mort, ici, par dessus une rivière. La louve savait bien comment procédaient les chasseurs, on ne vit pas quinze ans à porté de fusil sans apprendre à se cacher. Mais ce qu'elle ignorait, c'est que les chasseurs de cette ville n'étaient pas forcément semblables à ceux du dehors. Mais elle n'avait pas peur. Puisqu'elle ne pouvait plus sortir, elle visitait son nouveau territoire. La nuit était calme et blanche, parfaitement silencieuse. Était elle tombée dans une ville fantôme ? Non, les odeurs ne trompaient pas. Il y avait de la vie mais elle était cachée. Son nez, pointe noire au bout de sa toison blanche, repère une autre piste. Ressente celle ci, d'ailleurs les traces dans le neige sont fraiches. Et il y a du bruit au bout du chemin. Les pattes de loup suivent celles de l'enfant comme elle s'approche avec prudence.

"Un petit d'homme en pleine nuit ? Elle n'a pas l'air perdue. Qu'est-ce qu'elle fait ? Ce louveteau a besoin qu'on lui apprenne à pêcher correctement." Pense la louve, rodant autour de sa proie. Non, le terme est mal choisi. Elle ne chasse pas, elle observe, espionne. Sa toison blanche se fond sans mal dans la neige et seuls ses yeux jaune teintés de vert et sa truffe noire diffèrent de la grande étendue blanche. Elle passe en silence derrière l'arbre et disparait aussitôt dans un buisson, elle doit s'approcher. La gamine a une odeur étrange, vaguement... Elle ne peux pas la considérer comme une proie puisque cette fillette porte l'odeur lointaine d'un louveteau. Enfin, elle lève le nez et goute le vent. Ce n'est pas la piste qu'elle a suivit. Celle ci est trop vague, trop humaine. Non, pas humaine d'ailleurs, il y a autre chose mais elle n'a jamais sentit cette odeur.

L'enfant descend, remonte, jette des cailloux et recommence. Gemme a enfin compris le jeu mais elle n'en comprend pas l'intérêt. La petite n'apprend rien de cette manière et surtout, la louve ne comprend pas pourquoi cet enfant est seule dans la foret. Il pourrait lui arriver n'importe quoi, nul n'est là pour la protéger. Elle hésite, elle vient de se souvenir d'un autre lieu où elle a senti l'odeur inconnue. Mais non, elle ne peut pas laisser ce louveteau naïf tout seul. Puis, elle comprend qu'elle est repérée. Il y a plusieurs possibilités pour le chasseur découvert. La première est de partir, la seconde d'attaquer, et la troisième de continuer à roder avec plus de précaution. Il y en a bien une dernière qui consiste à se montrer mais pas avant d'avoir vu les capacités de ce petit d'homme. Gemme file dans un buisson et observe encore. L'enfant a filé dans la mauvaise direction, et elle joue toujours. Mais ce jeu là est bien meilleur pour elle.

Silencieuse comme une ombre, la louve blanche se rapproche. Une trace, assez proche de la fillette pour que celle ci la voit en cherchant un peu, mais ce qu'elle cherche a disparu trop vite pour qu'elle puisse le voir. Un peu plus loin, une autre trace. Non, une piste même, bien claire, facile à suivre. Tapit dans les fourrés, Gemme propose à l'enfant un nouveau jeu. Pour un court instant, elle est la proie, mais une proie bien dangereuse. Elle suit la rivière lentement, vérifiant que l'enfant suit les traces. Petit à petit, il y a de moins en moins d'indices et toujours, la louve guette. Mais elle ne surveille pas que sa petite élève, elle ne perd rien du monde qui l'entour. La louve se sait en territoire inconnu et le jeu n'enlève rien à la prudence. Au bout d'un moment, les traces deviennent très rares, mais des yeux brillants fixent la petite à travers un buisson. Si elle a suivit la piste, elle se retrouvera dans un bosquet très fournie en végétation. A coté, le ruisseau coule toujours.

Un bruit. Non. Un bruissement. un simple frémissement de feuilles, juste à coté. L'enfant relève la tête, s'approche. Il n'y à rien, pourtant. Un léger sourire nait sur ses lèvres, alors qu'elle cherche attentivement. Il n'y a pas de vent, pourtant, les feuilles ont bougé. Il n'y a pas de contradiction. Pour que les feuilles bougent, il faut que quelqu'un ou quelque chose les ait bougé. Est-ce le jeu?

Là. Une trace de patte. Celle d'un loup. Le sourire se fait plus franc. Elle a beau savoir qu'il n'y a que peu de chances que ce soit bien elle, elle ne peut s'empêcher d'espérer.

"C'est toi Laure? T'es pas un peu vieille pour jouer à cache cache? Ou t'as juste peur de te faire punir par papa?"

Non, parce que c'est pas que, hein? Mais si son père ou son oncle avait appris que la petite fille s'était retrouvée seule pendant plus d'un an, la Laure, elle aurait pris cher! Sans parler de la probable réaction de Falelmine, N'Tavaen et Aleyfalen Sagimoore... C'était pas des violents, mais la puce savait (pour s'être plusieurs fois fait engueuler) qu'il était déconseillé de s'attirer leur foudre...

Bref. Tout en parlant, la fillette avait mis ses points sur les hanches, s'attendant à voir la lycantrophe apparaitre. Devant le silence, elle leva les yeux au ciel, marmonnant.

"Et c'est moi qui manque de maturité, j'vous jure..."

Bien, elle n'avait donc plus qu'à jouer à cache cache... Bien... Maintenant qu'elle savait que cherchait, elle fut plus attentive, les leçons de son père et de son frère lui revenant en mémoire. La piste est facile à suivre, au début, puis de moins en moins... Une fois, deux fois, Effie doit revenir sur ses pas. Elle ne joue plus. Ou plutôt si. Mais elle reste concentrée. Trouver les indices, doucement, remonter la piste. La dernière trace se situe au milieu de plein de buisson... A partir de là, son partenaire de jeu peut être n'importe où. Le ruisseau lui donnerait bien une idée, mais d'une part, elle n'est pas sure d'avoir assez de contrôle pour, vu qu'on est pas en pleine lune, et d'autre part, elle n'est pas sure que Laure appréciera de se faire tremper jusqu'aux os... Alors après un dernier regard sur le ruisseau, elle ferme les yeux... Et tente de se concentrer sur son "détecteur"... Se concentrer sur cette "odeur" inconnue... Etant plus proche de la louve, la fillette perçoit mieux sa présence. Et fait donc un pas dans sa direction... Un deuxième... Et manque de se casser la figure... Et oui, ouvrir les yeux, c'est mieux pour savoir où on met les pieds!

"Raaaaah... Laure euh, c'est plus drôle... Ou tu te cache?!"

Tout en ralant, la fillette scrute les buissons, passe sur les étincelles jaune une première fois, sans les remarquer, continue de scruter... Avant de tilter qu'il y avait peut-être un truc interrsessant dans le buisson d'à coté... Et oui, Effie était une piètre chasseresse...

La louve jaillit du buisson et se poste devant la gamine, muscles tendus, prête à attaquer. La fillette n'a pas le droit d'avancer vers elle car elle redevient la chasseuse. Dans cette démonstration de force, aucun bruit, tout juste un froissement de feuille. Silencieuse, elle se met à tourner autour du louveteau perdu d'un air menaçant. Elle lui dit sa place à la manière des loups et il n'est vraiment pas nécessaire d'avoir des gènes canins pour comprendre qu'il ne vaux mieux pas s'opposer à elle, sinon elle attaquera. Reste à savoir la cet enfant aurait la présence d'esprit de s'en rendre compte. En tous cas elle n'était pas bonne chasseuse et un brin d'intimidation en lui ferait pas de mal pour la remettre à sa place. les yeux brillant de la louve ne la lâche pas un instant tendit qu'elle s'approche progressivement. Rien dans son aspect n'indique qu'elle est plus qu'un simple loup mais cette fillette semble avoir un odorat capable de détecter bien plus que la plupart des humains. Avec un tel atout, elle pourrait faire une meilleur chasseuse, mais elle semble très jeune, bien plus que tous les petits humains que la louve a pu côtoyer. Comme une danse sauvage, elle se glisse dans la neige, toujours plus proche de l'enfant. Si la petite fait un geste vers elle, elle sera accueillit par un grognement sourd.

"Cette odeur... Proche de celle des humain mais pas tout à fait. Je ne l'ai senti que par ici. Qu'est ce que c'est que ce louveteau là ? Si jeune, seule, la nuit, elle n'est pas comme les autres. Les bipèdes de son âge ont peur la nuit et elle, elle joue. Pourtant, elle n'a pas appris grand chose de la chasse et semble incapable de se débrouiller seule. Que sont les hommes par ici ? Ce louveteau est jeune, je peux lui apprendre... Mais elle devra déjà apprendre les règle de la meute." Pensait la louve, contournant toujours l'enfant. Elle est calme mais pas en confiance, elle est prête à se défendre même si elle ne craint pas cette proie. Et elle observe aussi. Laure, la fillette l'a appelé par un nom qui n'est pas le sien. Une autre louve ? Non, elle n'a pas sentit d'odeur de louve, ce doit être les faux. Finalement, il n'y a apparemment pas d'autre choix pour communiquer. Elle ne pense pas que cet enfant comprendra le langage des loups. Sa gueule s'entrouvre et elle se met à parler. Sa voix est étrange, comme un chuchotement qui ne brise pas le chant de la nature.

- Qui es tu petit d'homme ?... Non, ne cherche pas à approcher ou tu goûtera mes crocs. Reste où tu es et dis moi ce qu'un louveteau de ton âge fait seul ici.

Les yeux jaunes clignent d'un air vaguement menaçant. Elle ne la laissera pas approcher ni la toucher. Ce n'est pas la première fois qu'elle approche des hommes et elle connait leur manie de vouloir toujours toucher son pelage, mais elle ne se laissera pas faire tant qu'elle ne connaitra pas la nature de l'enfant. Déjà, elle sait que ce n'est pas un danger mais cette certitude ne l'empêchera pas d'administrer une sévère correction si nécessaire. Les petits doivent très tôt apprendre à se tenir et à respecter leur place... Du moins, dans le monde des loup. Jouer est une chose, mais il n'est plus temps. Le jeu est terminé, elle a vu les capacité de cette fillette à suivre une piste. D'ailleurs ce n'est pas brillant... Fermer les yeux face au danger, quelle aberration ! Même un louveteau en bas âge n'aurait pas commis cette erreur. Gemme reprend la parole avant qu'elle ne puisse répondre.

- Ne tourne jamais le dos à un prédateur, louveteau. Tu ne dois qu'à la chance d'être toujours en vie avec si peu de prudence.

Puis elle s'immobilise face à la gamine et attend. De la patience, elle en a à revendre, et personne ne l'attend. Bien sûr, elle a aussi des questions à poser sur cette ville dont on ne peut sortir et les odeurs mais elle n'est pas encore prête à avouer son ignorance. Pour le moment, elle jauge sa proie. Elle ne prendra pas le risque de se mettre en position de faiblesse devant une inconnue, même si elle ne semble même pas avoir un an. "Non, plus que ça... Les humains grandissent bien plus lentement. Combien d'années ? Trois peut être ?" Se corrige t-elle en humant l'air. "Ou moins, ou plus. Et il y a cette odeur étrange qui vient tout perturber."

Surprise par l'irruption inattendue de la louve, effie recula d'un pas, manquant de peu de se retrouver les fesses par terre. La fillette ne jouait plus du tout. C'était pas Laure, mais une louve inconnue, et qui grognait... Effie n'en savait pas beaucoup sur le langage gestuel des loups, aussi ne comprit-elle pas tout. Passé une seconde de "ouah, j'vais me faire manger maman au secours", Effie se rendit compte d'un truc hyper logique... C'est que si la louve avait voulu la tuer, ce serait fait depuis longtemps... Non?

La fillette se rassénéra un peu... Avant d'ouvrir de grands yeux en entendant la louve parler...

"Trop coooooooool"...

Est-ce que j'ai déjà mentionné la capacité d'Effie à passer d'une émotion à une autre en moins d'une seconde? Ben c'était l'idée... Une seconde avant, elle était plutôt méfiante et à deux doigts de dégainer sa lame, et là, elle était limite admirative... Enfin, d'un autre côté, son raisonnement précédent lui semblant tout à fait logique, pourquoi s'inquiéter?

La louve ayant eu la bonne idée de préciser "pas touche, Effie laissa retomber sa main, avant de sourire ironiquement à la "mise en garde" de la louve. Un sourire qui lui donne l'air étrangement plus âgé, plus mature aussi.

"C'est pas la première fois que j'entends ça..."

Que ce soit Alé ou Néfi, elle a entendu plus d'une fois ce genre de commentaire... Mais vivre en surveillant en permanence ses arrières, c'est pas franchement une vie, n'est-ce pas? Pas aux yeux de l'enfant, pas lorsqu'elle voit ses frères et soeurs ou ses camarades d'écoles qui vivent en toute insouciance...

"J'm'appelle Effilys, mais tout le monde m'appelle Effie... C'est plus court. Et... J'me balade. Quitte à m'ennuyer toute seule, je préfère être dehors, c'est mieux que d'être enfermée dans ma chambre, tu crois pas?"

Rester seule, elle commence à en avoir l'habitude. Oh, bien sur, les membres de l'ombre sont tous plus où moins gentil avec elle... Arsynhiel lui a même fait un spectacle de marionnettes, une fois, avec des chausettes... Mais quand elle se sent nostalgique de sa famille, ils ne sont pas franchement efficaces...

"T'es qui toi? J't'ai jamais vue ici!"

Bon, d'accord, ça veut rien dire... Sauf que Effie est là régulièrement, presque toutes les semaines, alors si la louve avait été là depuis longtemps, elles se seraient déjà rencontrées, non?

La louve s'était remise à tourner, encore plus proche de l'enfant. Ses pattes se croisaient sans bruit pour réduire encore le cercle, dessinant peu à peu un tourbillon dans la neige. Un tas de neige tomba de l'arbre le plus proche, sans doute jeté au sol par le vent, et Gemme bondit sur le coté, prudente. Ce ne fut qu'après s'être assurée qu'il n'y avait aucun danger quelle repris sa ronde. Un pas bien calculé, la truffe qui s'avance pour renifler l'intruse, les yeux brillants s'éteignant un court instant et elle se remet en marche. Ce louveteau était trop étrange pour qu'elle lui fasse confiance. Au début, elle semblait avoir peur et maintenant, elle se comportait comme si la louve ne représentait aucun danger. Il allait falloir lui ré-expliquer sa place. Elle lança un regard à la lune avant de se décider brutalement. La louve bondit et tira l'enfant par le col, la jetant à terre, puis elle saisit la gorge de ses dents sans lui laisser le temps de réagir. Pourtant, elle ne serra pas le moins du monde, tout juste de quoi faire oublier à la gamine toute velléité de fuite. Entre la douce prise des crocs, un grognement menaçant se faisait entendre. Là encore il ne s'agit pourtant que d'intimidation courante chez les loups, mais elle avait remarqué que ce genre de manœuvre faisaient beaucoup d'effet sur les petits d'hommes. Elle posa ensuite sa patte griffu sur le torse de la petite et l'observa. Elle avait tout son temps, aucun danger immédiat. C'est elle qui posera les questions et elle n'a pas l'intention de se laisser considérer comme une grosse peluche. La gueule s'ouvrit à nouveau et la voix de la louve repris, plus basse encore. Elle était si près que l'enfant pouvait maintenant voir clairement les crocs bien blancs et pointus, la langue rappeuse qui glissait dans la gueule de la louve pour former les sons, les babines grisées, bougeant légèrement elles aussi, et surtout les yeux jaune vert du prédateur qui la fixaient sévèrement.

- Non, tu ne m'as jamais vu. Mais il est facile de comprendre pourquoi quand on voit comme tu chasses. Tu n'as apparemment pas compris que c'est ta vie qui dépend de ton attention. Un louveteau incapable de se défendre comme toi ne devrait pas être laisser seul. Ta meute est inconsciente. Je pourrais te tuer si je le désirais, et si tu ne prend pas garde, je le ferais.

Gemme ponctua la menace d'un regard acéré. Ce n'était pas des paroles en l'air ; si la petite était incapable d'apprendre, elle lui sauterait à la gorge. Elle ne la tuerait pas dès les premiers avertissement mais se pensait capable de l'effrayer assez pour qu'elle se résolve à apprendre. Qu'un louveteau veille visiter le monde et se mette en danger n'était pas un problème, au contraire, mais si il n'apprenait pas de ses erreurs, il fallait passer au cran supérieur. Et cette fillette ne semblait pas avoir compris la leçon. Deuxième avertissement, donc, et au troisième la neige serait tachée de pourpre. Elle en avait vu passer des louveteaux, et avait influencé l'éducation de beaucoup de petits d'hommes aussi. Effie n'était pas la première à contempler ses crocs de plus près qu'elle ne l'aurait sans doute voulu.

"Plus de trois ans" Décida t-elle. "Bien plus sans doute mais elle n'a pas appris à craindre ni à respecter. Elle ne sait que jouer. Puisque sa meute n'est pas fichu de lui enseigner la discipline, je vais devoir m'en occuper... Elle semble connaitre l'endroit en plus, ce louveteau pourrait ne pas être qu'une gêne." Continua t-elle en silence. Puis elle retira sa patte et la reposa au sol, restant tout près de la gamine. Seul un autre loup aurait pu expliquer à Effie que Gemme venait en quelque sorte de l'adopter car de ce point de vue, le langage gestuel des loups est très différent de celui des hommes. Pourtant c'était le cas, si la louve prenait la peine de corriger cette fillette, elle prendrait aussi celle de la protéger pendant qu'elle apprendrait. Toujours très proche, Gemme releva la tête, laissant libre sa propre gorge, posant sur l'enfant un regard vaguement hautain.

- Lève toi, les humains sont trop inadaptés pour rester couché dans la neige.

Puis la ronde repris, elle observait. Maintenant, peut être pouvait elle parler. La fillette l'écouterais sans doute avec plus de sérieux. Ou si ce n'était pas le cas... Un coup de patte ? Un coup de dent ? Elle aviserait. En tous cas, impossible d'attendre plus. Elle n'avait aucune envie de rester trop longuement dans le même endroit inconnu. Si il y avait des faux loups dans le coin, ils devaient avoir un meilleur odorat que les bipèdes et ils la trouveraient. Hors, elle n'avait aucune envie d'être découverte avant d'en savoir plus sur eux. Peut être que cette gamine ne savait rien mais elle ne perdait rien à lui poser la question puisqu'elle était en position de force. Évidemment, la louve ne connaissait pas les armes de ce louveteau et agissaient en conséquence. Mais peut être était-ce mieux ainsi car si Effie l'avait surpris avec son pouvoir, dieu seul sait comment elle aurait réagit. La louve blanche s'immobilisa à nouveau, muscles tendus, comme prête à bondir, et resta sans bouger quelques instants avant de parler.

- Tu ne m'as jamais vu parce que je n'étais pas là. La ville m'empêche de sortir. Murmura t-elle, furieuse. Qui vit ici et quelle est l'odeur bizarre que tu porte sur tout le corps ? Ce n'est ni celle d'un humain, ni celle d'un faux loup. Dis moi aussi quelle est ta meute et où se situe son territoire.

Surprise par l'attaque à nouveau, la fillette n'eut que le temps de faire entendre un bruit, entre feulement et miaulement (assez difficile à décrire en fait...), plus une protestation de bébé qu'autre chose. Heureusement pour elle comme pour la louve, avant qu'elle n'ait eu le temps de penser à faire sortir sa lame, une scène revint à la mémoire de la fillette... Laure et sa grand mère s'étaient disputées, et en étaient venues au mains. Enfin, aux crocs... Et la fillette se souvenait de la matriarche tenant en respect l'adolescente... Sans être sure de ce qu'elle faisait, la vampirette leva les mains, imitation maladroite de la posture de sa cousine, un peu incertaine...

La louve se redresse, empêchant l'enfant d'en faire de même, tout en lui faisant un sermon. La fillette n'a rien à répondre. Elle a raison. Sauf sur un point... Sa famille n'est pas inconsciente. Sa mère l'a toujours protégée... La fille prend une brève inspiration pour chasser l'envie de pleurer, mais le regard qu'elle lance à la louve n'est pas franchement gentil. Du genre "On ne dit pas de mal de ma famille!" La louve l'a-t-elle vu? Peut-être pas, puiqu'elle l'autorise à se relever. De toute façon, si elle attaquait, tant pis. C'était la douche. Et tant pis si, en cette période, elle n'a pas grande maitrise de son pouvoir...

Effie se relève donc en frottant ses vêtements pour les débarrasser de la neige. Elle n'a pas de neige dans les yeux, mais elle les essuie quand même. Pendant ce temps, la louve continue son interrogatoire. Elle est nouvelle, donc? Et visiblement pas au courant de bien des choses... Il va falloir expliquer... Effie se tait le temps de tout remettre en ordre, puis commence ses explications. Mais cette fois, elle reste concentrée sur la louve. Les leçons reçues cinq années durant refont surface, trop vite au gout d'Effie... Elle n'y avait pas eu recours durant ces huit mois, elle aurait aimé que ça dure plus longtemps

"Personne ne peut sortir d'ici... J'suis coincée ici depuis un an, moi aussi, j'peux pas rejoindre ma famille... Y a plein de mondes ils sont bloqués ici... Des anges, des démons, des humains, des lycans, des vampires... Moi j'suis une vampire... Et ma meute... Est-ce que Arsynhiel et les autres peuvent être considérés comme tel? Ils sont pas ma famille, elle n'est pas là, mais ils s'occupent de moi, alors..."

A nouveau, la fillette se tut, vérifiant mentalement que rien n'a été oublié dans ce discours un peu décousu... Elle a parlé de tout, non? Difficile de savoir. Pour elle, ce sont des évidence, maintenant, qu'elle a appris seule. Mais est-ce assez clair? La fillette ne sait même pas ce que la louve entends par meute... Pour elle, c'est sa famille... Machinalement, sa main caresse le petit bracelet en cuir, cadeau de son père. Et la lame rétractable cachée à l'intérieur... En espérant ne pas en avoir besoin, mais vu que ses dagues sont cachées sous sa jupe...

[encore 2 tours, et on arrive à l'orphelinat? Si on ne croise pas de soldats... XD]

Effie gardait un oeil sur la louve, tandis que celle ci tournait en rond, visiblement énervée. C'était logique. D'expérience, elle savait qu'il ne valait mieux pas interrompre ce genre de réflexion, sous peine d'en prendre plein la tête question engueulade. Raison pour laquelle elle se tut et attendit. Elle comprenait la frustration de la louve, ayant ressenti (et ressentant encore parfois) la même chose. En plus de l'impression de perte, se retrouvant toute seule... Pour ne pas déranger la louve, la fillette s'éloigna de quelques pas, s'adossant à un arbre, et attendit. Sa famille lui manquait. Comme à chaque fois qu'elle y pensait. Bien pour ça qu'elle essayait de ne pas trop y penser...

La décision de la louve la surprit légèrement. Elle s'était décidée vite, plus vite qu'Effie n'aurait cru... Après une légère grimace, en entendant l'ombre qualifiés de "sa meute" (elle préférait ses parents! Ils étaient tous gentils, hein? Mais bon... C'était pas ca non plus...), Effie répondit en montrant la lune du doigt.

"J'sais pas si Arsynhiel y sera debout... Il est tard, si il dort j'sais pas où il sera... Rika, elle chasse, Noam... il dort, Jiki... Il boude..."

La fillette parlait presque plus pour elle même que pour Gemme, récapitulant les possibilités...

"Alan? Non, il va m'engueuler pour ce matin..."

La question de la louve la tira de ses comptes, et les pensées de la fillette s'accrochèrent à un autre problème... Comment expliquer un truc que c'était déjà pas clair pour elle?

"Les vampires c'est... Ben des gens comme moi... On vieillit pas, on doit boire du sang pour survivre... J'aime bien, mais j'préfère les bonbons, à la longue... Et on est supposé se taper dessus avec les loups garous... C'qui est débile... Les lycans, c'est les loups garou. Mon papa c'en est un... Et Laure aussi, pour ça j'croyais t'étais elle..."

La voix de l'enfan s'était légèrement éteinte, mélange du souvenir de la déception, et de l'embarras. Elle se reprit cependant très vite...

"Les anges et les démons, j'ai pas tout pigé... Les anges sont supposés être gentils, les démons méchants, mais un ange il peut devenir "méchant", et alors il a ses ailes elles deviennent noire... Karusi avait essayé de m'expliquer, mais j'avait pas tout compris... Il y a aussi les fantômes, mais ça, tu sais ce que c'est non? Les âmes des morts qui vont pas au paradis ou je sais pas quoi, et donc ils prennent possession de certains humains... Il y en a pas mal... Et pis il y en a d'autres, genre une fois, j'ai vu un gars avec des oreilles de chat, c'était trop mignon! J'sais pas c'était quoi, par contre..."

Oui, c'était décousu, et au fur et à mesure, Effie s'emballait en décrivant à sa compagne de route les races de Heaven... Avant de penser qu'il fallait ptet lui dire où elles allaient...

"On va à l'orphelinat. C'est pour les enfants qu'ont plus de parents. Arsynhiel est là bas d'habitude, mais si on le trouve pas, t'aura qu'à dormir chez moi s'tveux, on ira demain..."

Et ouais, mes cocos, parce que les humains, la nuit ils dorment! En général...

"Prisonnière..." Grogna Gemme dans un langage purement canin. Pas de mot, juste ses babines qui se retroussent et un grognement sourd. Les muscles qui se tendent, le poils qui se hérissent, les paupières plissées et un regard furieux aux alentours. Voilà ce qu'est ce mot dans le langage des loups. Ses oreilles blanches se plaquent sur sa nuque et ses narines se dilatent. La fureur de l'animal pris au piège transparait dans tout son être. Pourtant elle reste relativement calme car déjà, elle a accepté cet état de fait. Accepter ne signifie bien sûr pas se résoudre à subir, elle a bien l'intention de trouver un moyen de sortir. "Prisonnière d'un territoire si petit... Trop restreint pour une meute seulement... Et où plusieurs cohabitent. Non, impossibles... Ils doivent se battre... Je vais devoir me battre pour une place moi aussi..." Elle le sait. Les dimensions de la ville ne sont tout simplement pas suffisante pour accueillir ne serait-ce que toutes les odeurs qu'elle a repérer. Alors sachant qu'elle est loin d'avoir tout sentit, il y a de quoi craindre le pire. Une louve peut elle faire des crises de claustrophobie ? Pourquoi pas ? Quant on les voit tourner en rond dans une cage d'un zoo... Gemme en était là. Les parcs naturel, ce n'est rien qu'une grande cage même si les hommes croient bien faire alors une ville, rien de moins adapté pour un animal sauvage. "Enfermée... Pour combien de temps ? Je ne peux pas rester, je ne peux pas trouver une meute et vivre ici. Mais seule je suis trop faible pour sortir. La barrière peut peut être être forcée ?" Elle l'espère ou elle deviendra folle. Il lui faut sa liberté, son indépendance, plus encore que sa meute. Après tout, elle n'aurait pas tardé à les quitter de toute manière pour se chercher un compagnon et fonder sa propre meute. Mais les chasseurs l'ont poussés trop vite et la malchance l'a fait parcourir bien plus de kilomètres qu'elle ne l'aurait voulu pour arriver à cet endroit clos.

- Des Vampires contre des Lycans... Des Démons contre des Anges... Pourquoi toutes ces espèces vivent elles au même endroit ? Trop petit... Trop proches... Marmonna Gemme en se mettant en marche à coté d'Effie. Trop différents pour vivre en paix. Chaque meute à besoin d'un territoire sinon, les bagarres sont fréquentes et tous les loups en sortent affaiblis... Les loups ou les bipèdes, de ce point de vue il n'y a pas de différence... Sauf que les loups ne restent pas bêtement entasser quand ils peuvent l'éviter. Et elle ajouta d'une voix plus sourde encore. Mais là, je ne peux pas...

Elle souffla sur la neige pour appuyer ses paroles. Ses mots ne devaient pas porter à plus de trois mètres tant sa voix se fondaient dans les bruit de la nature. Si Effie n'avait pas était si près et si le regard de la louve n'indiquait pas qu'elle s'exprimait, sans doute aurait elle pris ses paroles pour des grognements incompréhensibles sans chercher à en détacher un langage construit. Pourtant, Gemme parlait bien le français. Les traces de pattes de louve étaient bien visible dans la neige, aussi sauta elle sur un arbre mort pour interrompre la piste. Inutile vu que la fillette laissait bien autant de trace mais une simple habitude. La rivière était aussi très pratique pour brouiller les piste. Pendant qu'Effie marchait, Gemme s'éloignait et revenait, restant simplement à portée de voix. Elle pouvait ainsi choisir son terrain et observer les traces d'autres bipèdes qu'elle trouvait au passage.

"Vampire... Pas la même odeur que ce louveteau mais vampire quand même. Plus fort, et sans... Elle n'est pas seulement vampire." Déjà, elle se dirigeait vers la fillette pour vérifier sa découverte et lui posa sa truffe froide sur le poignet. "Louveteau. Oui, en partie louve, et elle comprend un peu notre langage, ou toujours plus qu'un humain. Pas louve, l'odeur des faux loups, qui nous ressemblent mais qui n'est pas nous, les Lycans. Mon odeur aussi... Celle de mon père." Pensa t-elle avant de s'éloigner à nouveau sans rien dire. Là, une autre odeur, celle d'un homme tout simplement. Ici, une inconnue. Gemme les répertorie même si elle se trouve incapable d'en déduire la race. Elle ne peut pas toutes les retenir mais elle se souvient de l'odeur qui détermine une race, car chacun a une odeur qui lui est propre. Le monde n'est que senteur pour le moment, juste un grand laboratoire dont il faut extraire les caractéristiques de certaines souches. Il y a aussi les trace olfactives laissaient par les animaux mais elle en reconnais la majorité. Ici, celle d'un chat. Non, pas tout à fait... Celle d'un homme ? Entre les deux. La trace dans la neige ne donne pas beaucoup d'information puisque la plupart des bipèdes se promènent vêtu pour palier à leur inadaptation. Elle revient vers la fillette qui commence à être un peu trop loin à son gout, elle surveille et cherche.

Un bruit, il y a quelqu'un par ici. La louve donne un coup de la truffe dans le bras de l'enfant et fixe un point sur leur droite. Puis elle s'écarte et se fond dans la nature. Avant de disparaitre, un léger grognement indiquait à un louveteau qu'il devait la suivre. Bien sûr, elle a affaire à une petite humaine mais il ne fait pas bon utiliser les mots, ils seraient tout de suite repérés. Homme ? Bête ? Autre chose ? Gemme ne sait pas et doucement elle s'approche de la source. Un homme, et armé qui plus est. "Danger. Les armes à feu, il ne faut pas rester ici. Il faut emmener le louveteau loin de ce chasseur." Très vite, elle revient vers la fillette et la frôle en repassant devant.

- Danger, suis moi sans bruit. Murmura t-elle. Mais ces mots ressemblent fort à un léger grognement.

Puis elle file entre les arbres. Pas question de traverser la rivière, elles seraient trop à découvert. La foret suffit comme refuge. "Avance, louveteau !" Gemme ne fait pas le moindre bruit mais lance un regard acéré à Effie avant de reprendre sa route. Elle garde la direction qu'avait pris la fillette mais passe à travers les bois au lieu de marcher sur le sentier.

Effie entendait Gemme raler à côté d'elle... Elle comprenait pas tout, mais les mots de "trop petit", "territoire", "combat" et "affaibli" lui donnèrent une idée de ce dont pouvait parler la louve. Et elle ne pouvait qu'acquiescer... Et encore, elle aurait pu penser que l'arrivée des soldats changerait les choses! Du genre avec moins de nouveaux... Mais non, en fait, c'était PIRE! Parce que les soldats ils empêchaient pas les nouveaux d'arriver, et qu'en plus, ils tiraient sur tout le monde! Quand ils se faisaient pas tuer... Certains vampires, avait-elle entendu dire, n'avaient pas du tout apprécié le coup du couvre feu... Et s'étaient vengés sur les pauvres soldats... C'était d'ailleurs l'une des raisons pour lesquels les soldats évitaient de s'aventurer seuls dans le parc... Ils commençaient à retenir la leçon...

Effie avançait aussi doucement que possible, laissant cependant de légères traces dans la neige. Enfin. Par rapport à un homme adulte, hein? Parce que par rapport à la louve, elle en laissait plus! Enfin, on était pas en concours, non plus... Si?

La louve s'éloigna soudain, avec un léger grognement. Par réflexe, la fillette la suivit de quelques pas, avant de se figer. Il y avait quelqu'un là bas! Et vu l'heure et ce que lui disait son "sens de vampire" (à savoir "casse crouteuh!") il y avait de grandes chances pour que ce soit un soldat! Voire plusieurs...

Étonnamment, la louve revint et entraina Effie dans la direction opposée au soldat. Effie savait, alors qu'elle suivait la louve, qu'elle devrait faire attention à ses traces, mais elle ne faisait pas confiance aux quelques cailloux luisants de rosée... ou de glace...

Derrière les deux femmes (euh...) Un jeune soldat, arrivé quelques jours plus tôt et plus qu'enthousisame à l'idée de"casser du monstre" (et se voyant sans doute en héros de jeux vidéos) braquait sa torche (et son arme avec, vu que la torche y était attachée) dans tous les sens, doigt sur la détente...

"Allo, chef? J'crois qu'j'ai trouvé un truc!"

Ah... Impatient, peut-être, mais pas fou... Dommage... A "l'abri" derière un buisson survivant à la destruction du parc, Effie regarda Gemme, une question dans les yeux: On fait quoi, maintenant? Au cas où, la fillette avait dégainé les deux dagues cachées sous sa jupe, les cadeaux de ses frères... On sait jamais... Elle aimait pas se battre, mais elle voulait pas se laisser tuer non plus! Pis elle aimait pas les soldats...

L'ombre blanche s'immobilise, le louveteau ne pourra pas courir assez vite pour s'échapper entre les balles. Elle même elle est loin d'être sûr d'y arriver. Il tient cette arme à feu, celle qui crie et sème la mort dans la meute, elle ne la connais que trop bien, elle a emporté trop de ses compagnons. En un instant, elle évalue la distance qui la sépare du chasseur et rampe entre les branches du buisson. La faisceau lumineux les empêche de sortir et l'aveugle, il doit cesser ! Non, elle ne se laissera pas arrêter par une bête lumière ! La colère monte en elle, ses muscles se tendent bien plus que tout à l'heure. Le bruit, les loups qui s'écroulent sas le moindre cri, la mort bien trop rapide pour être acceptable... Elle ne peut tout simplement plus laisser la vie à cet homme maintenant qu'il a décidé de les prendre en chasse. Un regarde vers Effie mais le louveteau ne semble pas savoir quoi faire. Qu'importe, les petits n'ont pas à combattre, selon les lois du monde animal, Gemme doit la défendre. Puis, elle sort des objets tranchants et brillants de sous sa jupe. Des armes, la louve en a déjà vu et elle adresse un sourire à la gamine, du moins si une expression canine, gueule à demi ouverte, oreilles dressées et regard moins dur, peut être considéré comme un sourire.

Il n'aurait pas du perdre son temps à parler mais trop tard, L'ombre blanche n'a pas perdue le moindre fragment de seconde. Un instant de distraction ? Tant pis pour lui, il fallait rester concentrer sur sa tache. Un éclaire pâle jaillit du buisson enneigé où il était tapis pour se jeter sur lui et saisir sa gorge. Elle n'évitera pas un coup de crosse mais elle est trop près pour qu'il tire maintenant et elle a bien l'intention de lui donner la change. Sa mâchoire serre de plus en plus fort et ses griffes déchirent déjà les vêtements du chasseur quand le coup l'atteint. Dans son élan, elle l'a jeté à terre, profitant comme toujours de l'effet de surprise.

"Meure !" Le sang englue ses poils au niveau de l'épaule. "Va au diable, chasseur !" Sa patte droite arrache l'arme de la main de l'homme tendit qu'une explosion manque de lui faire lâcher prise. La balle perdue va se ficher dans un arbre et elle serre toujours la gorge. "Crève ! Va rejoindre les tiens !" Violente douleur au niveau des cottes, il n'avait apparemment pas que son fusil. Le coup de matraque paralyse à demi son coté gauche et d'une brusque détente, elle saute vers la droite sans lâcher sa prise. Elle n'est plus que fureur, elle ne lâchera pas sa proie à moins que d'autres coups de feu retentissent plus loin.

Effie fut aussi surprise que le soldat en voyant la louve surgir. Pendant une seconde ou deux, elle observa l'empoignade, sans savoir que faire pour aider Gemme. Elle et le soldat étaient trop proches, et Effie ne pouvait utiliser ni ses dagues, ni son pouvoir (encore que, son pouvoir était moins dangereux) pour aider la louve.

La détonnation avait attiré du monde. Si le parc était rarement l'objet de patrouille (en général un gars qui entendait un bruit, et venait voir), ce n'était pas le cas de ses abords, et la détonnation avait alerté un groupe, qui arrivait en courrant sur la louve et l'enfant (ça fait titre de film, dit comme ça). Toujours est-il que la fillette se trouvait en mauvaise posture. D'un coté, la louve en plein combat, de l'autre les gars qui arrivaient... Heureusement, ils n'étaient pas encore assez proches pour tirer sur elles, mais bon, ils leurs courraient dessus quand même!

Effie ne sachant exactement comment faire utilisa la solution la plus simple: L'eau de la rivière sortit brusquement de son lit, et fonça sur les soldats... Gelant le sol autour d'eux... Ben oui, par des températures négatives, l'eau ça gèle! Surtout que celle du ruisseau en était pas loin de geler, mais bon, bref... L'attaque ayant visé le sol devant les soldats, leurs boucliers étaient inutiles. Bien c'était déjà ça... L'un des soldats tomba, entrainant ses deux compagnons dans sa chute.

Effie répugnait à tuer les soldats. Et pas seulement parce qu'elle ne pouvait les attaquer qu'au corps à corps alors qu'eux pouvaient lui tirer dessus de loin... Elle avait peur d'eux et plus l'habitude de filer lorsqu'elle sentait les soldats (le parc était plein de bonnes cachettes, genre arbre et buissons), ou de jouer les fillettes innocentes (enfin, ça, ça marchait plutôt le jour) que de se battre avec! Et le fait qu'elle ne soit pas armé pour n'aidait pas...

"Sal*pe!"

Au moment ou l'un des soldats (le premier à avoir repris son équilibre), arma son arme et la visa, une détonation perça la nuit (l'expression correcte aurait été "le silence", mais entre les jurons des soldats et les rales de la victime de Gemme, la nuit n'était plus tellement silecieuse...), fauchant net le tireur, qui retomba sans un cri. Avant que ses compagnons n'eurent réagit, deux autres détonnations les firent taire à jamais, sans que le tireur ne devienne visible.

Effie n'avait jamais réussit à comprendre COMMENT est-ce que les membres de l'ombre savaient qu'elle était en danger. Elle ou d'autres, d'ailleurs, elle n'était pas naïve au point de penser être la seule à être protégée ainsi... Mais bon, elle ne savait qu'une chose: C'était efficace...

La vampirette rejoint Gemme (dont elle ne s'était pas tellement éloignée en fait), avec un sourire, un peu effrayé quand même.

"Ca va? On reste pas, hein? Ils sont gentil à l'ombre, mais bon, faut pas pousser j'crois, hein?"

Elles allaient être mieux à l'orphelinat, hein? Bien mieux...

Spoiler:

La victime de la louve n'avait pas encore rendu son dernier souffle que des hommes arrivaient. Déjà ? Elle aurait pensé avoir le temps de fuir avant que les renforts ne rappliquent mais non. D'un coup de griffe meurtrier, elle en finit avec cet homme mais les autres armaient déjà leur fusil. Gemme se tourna vers eux, s'apprêtant à vendre chèrement sa peau. Elle n'en eu pas besoin puisque la gamine sortit de la protection du buisson et... La suite elle ne la compris pas. Le ruisseau bondit sur les assaillants, l'eau glacée coula sur eux comme si les éléments s'opposaient à la présence de ces êtres sales et armés en ces lieux. Enfin sale n'est pas le terme qu'un humain emploierait pour les qualifier, mais ils l'étaient. Ils puaient le fanatisme, la certitude profonde que l'homme a toujours raison, qu'il est infiniment supérieur aux autres espèces. Une odeur, un regard qu'elle haïssait. Si la nuit ternit les paysages et aplanit les détails, ses yeux de louve n'étaient absolument pas gênés par l'obscurité. Elle y voyait presque comme en plein jour. Il n'y a que les humains, faibles et inadaptés, pour se servir de lampe torche la nuit.

Un pas boitillant, mais si la fillette se refusait à tuer, elle, n'hésiterait pas. Du moins, si elle y parvenait car celui dont elle avait pris la vie n'était pas partit sans lui laisser un cuisant souvenir. Le sang poissait son épaule droit mais elle était bien plus gênée par le coup de matraque. Avait elle des cottes cassées ? Non, mais fêlées, oui, la douleur ne la trompait pas. Trois pas sur la neige blanche, des traces légères, des goute de sang comme des perles de diamant qui font fondre la neige en une belle auréole rosée. Le liquide pourpre ne s'égoutte pas que de son épaule, il glisse aussi autour de ses crocs, le long de ses babines, et perle doucement du bout de sa gueule entrouverte. Son regard est maintenant celui d'un animal sauvage acculé. Elle ne chasse pas, elle se défend et tue. Les hommes hurlent, la louve approche. L'un d'eux brandit son arme et vise le louveteau, la foulée de l'ombre s'accélère, bien que toujours boitillante.

Mais le coup de feu explose avant qu'elle ne soit assez proche pour bondir. Cette fois ci, ce n'est pas les hommes qui crient les premiers, elle est plus rapide. Un glapissement effrayé et elle fonce vers les buissons pour se protéger. Mais ce sont les autres chasseurs qui tombent et heureusement, elle s'en rend compte avant de foncer vers le tireur. Les chasseurs tuent les autres chasseurs ? Elle ne comprend plus rien. Une autre détonation, encore une et il ne reste plus rien de leurs attaquants, mais la louve ne se montre pas pour autant. Elle a repairé avec précision la provenance des coups de feu et ses yeux jaunes vont sans cesse de ce tireur invisible a la fillette. Si il tire, elle le tue. Mais pourquoi le louveteau n'a t-il pas la prudence de se cacher ? Ce n'est pas parce que celui qu'elles ne voient pas a tué les chasseurs qu'il ne va pas s'en prendre à elles... Mais pas de nouveaux coups de feu et la gamine qui l'appelle. "L'Ombre ? Sa meute est donc aussi composée de chasseurs ? Mais ils ne tirent que sur les autres chasseurs... Que sont ils ?... Peut on faire confiance à ceux qui brisent le silence et les os ?" Mais sans ce chasseur là, elle n'aurait jamais eu le loisir de rencontrer cette meute alors l'un dans l'autre, peut être valait il mieux suivre la fillette au moins le temps d'en savoir plus. Étaient ils vraiment là à la protéger ? Ils ne devaient pas l'être tout à l'heure ou elle les auraient repéré. Sans doute celui ci avait il été attiré par le bruit tout comme les autres soldats, ou peut être les pistait il avant même leur arrivée et n'avaient elles fait qu'avancer l'attaque. Qu'importe, ils étaient mort et faisaient à nouveau partie de la nature comme leur sang s'écoulait sur la neige. Un meurtre ? Gemme n'y voyait rien d'autre que l'ordre naturel de la vie. Les deux partis étaient également armé en fin de compte donc la situation n'avait rien d'injuste ni de choquant. La haine qu'elle avait ressenti un peu plus tôt s'était tari et elle se rapprocha d'Effie, sans pour autant se montrer à découvert. Pas question de faciliter la vie au chasseur embusqué.

- Vite, d'autre chasseurs vont venir, je les entends. Encore loin mais cours, je n'ai aucune confiance en ton chasseur ami.

Dès la première foulée, la louve compris qu'elle ne pourrait pas aller loin. Un ou deux kilomètre peut être, puis elle devrait se coucher. Elle laissa échapper un petit glapissement et sa gueule resta ouverte, babines légèrement retroussées en signe de douleur. Maintenant, il serait facile de les pister avec le sang qu'elle perdait et hors de question de marcher dans l'eau. Avec les blessures qu'elle s'était faite, le froid l'empêcherait de courir. Elle n'allait pas très vite mais pas très vite pour un loup. La gamine allait avoir du mal à suivre. Dans ses yeux mis clos brillait toujours un écho de haine, celle qu'elle portait aux chasseurs et il était évident qu'elle serait rapide à passer à l'attaque malgré ses blessures si elles en croisaient un.