Colette se promenait à la recherche de ses cousins. Cela dit, vu l'immensité des lieux, la jeune fille s'était vite rendu compte qu'elle allait s'épuiser à la tâche si elle continuait à courir partout.
Du coup, elle se promenait. Elle marchait lentement, fouillant chaque recoin de la rue dans laquelle elle était d'un oeil distrait, cherchant Swann et Kate et découvrant Heaven au passage.
L'esprit ailleurs, elle finit par arriver sur les quais un lieu qui la fit instantanément sortir de sa rêverie par sa puanteur, lorsqu'un coup de vent lui renvoya des effluves de poisson, d'égouts et autres dans le nez. Surprise, elle se mit à tousser, perdit sa respiration et toussa plus fort, les larmes aux yeux. Les trois esprits qui l'accompagnaient partout se mirent à rire aux éclats, se moquant sans retenue du malheur de leur victime.
*Riez bien, riez... Ca vous amuse que je souffre, pensa Colette tout en continuant à tousser. Qu'est-ce que j'ai fait pour mériter ça ?*
Colette finit par se calmer et essuya ses yeux humides, tandis que les esprits, eux aussi, effaçaient des larmes invisibles... de rire.
Y avait pas à dire, on se faisait toujours une superbe idée des quais, du bord de l'océan et de l'air marin... mais franchement ! Entre les égouts de la ville qui se déversaient dans la mer, les pêcheurs qui vidaient leurs poissons ici pour ensuite les mettre dans des bacs à glace qui seraient directement envoyés au marché ou au centre commercial, et les gens qui urinaient dans la rue (et il devait y en avoir pas mal, au juger)... l'air marin était vraiment relégué au second plan !
Ayant retrouvé la vue, Colette observa les alentours. Sur le côté gauche il y avait l'eau, bien sûr. Trois petits bateaux de pêche étaient à quai et deux autres pêchaient dans la baie. Apparemment la malédiction s'étendait un peu sur l'eau mais pas de beaucoup. Sur la droite, il y avait des hangars. Mais rien qu'à les regarder, on savait qu'ils étaient vides de toute marchandise. Juste par intuition. Devant le rideau de fer de l'un d'eux une mendiante demandait de l'aide, complètement paniquée à qui voulait bien passer par là. Et Colette, elle, passait par là.
"S'il vous plaît ! S'il vous plaît ! Aidez, moi s'il vous plaît !"
On avait beau dire, les cris de cette femme n'étaient sans doute pas une nouvelle façon de faire la manche. Paniquée comme elle était... ou alors elle était folle. Dans les deux cas, il fallait s'en occuper.
"Qu'y a-t-il ?, demanda Colette d'un ton apaisant. Calmez-vous et dites moi ce qu'il se passe...
- On me l'a volé ! Mon trésor, mon bijou ! On l'a jeté dans le port ! C'était un héritage de ma mère. La seule chose qui me reste d'elle et le seul objet de valeur que j'avais !
- Calmez-vous, on va essayer de le retrouver..."
Elle disait cela en prenant à partie une ou deux personnes qui s'étaient arrêtées, puis en essayant de sonder les eaux du port...