C'était bien "l'école"? [PV Limbe, 26/03]

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La journée avait pourtant bien commencé... Lauranna ne travaillait que le matin, les deux enfants étaient à l'école, elle avait donc quelques heures devant elle pour faire son travail pour la résistance, sans s'inquiéter outre mesure des risques qu'un gosse entende ou voit un truc qu'il ne devrait pas...

Elle avait sorti d'un livre de compte (qui ne possédait en fait que la couverture) un petit ordinateur portable, un vieux modèle sur lequel elle écrivait tous ses rapports pour les envoyer ensuite, et s'occupait d'y compiler ses données quand la petite peluche posée sur l'étagère sembla percutée de plein fouet par un TGV...

"Y A UN FANTOME L'A TUE UN SOLDAT!"

La voix était celle d'un tout jeune garçon. Paniqué. Au bord de l'hystérie, en fait. Logique, le gosse il s'attendait pas trop à voir un meurtre en plein dans le comissariat...

Il fallu quelques minutes à l'aveugle pour calmer le gosse et récupérer les informations par bribes. Alors qu'il fouinait dans le commissariat (ils s'étaient protégés contre les esprits, mais leurs protections étaient un vrai gruyère selon Melody), il avait entendu un hurlement dans la pièce juste à coté. Il avait donc traversé le mur pour tomber sur le soldat mort et un "truc tout noir" qui s'enfuyait. Il n'avait d'ailleurs pas vraiment tente de voir ce qu'était le dit truc, plus terrorisé par le mort à coté. Ben oui, les fantômes aussi ça leur fait peur...

Il s'était calmé, maintenant, et regardait un babar à la TV (ce qui semblait étrange, vu que pour un observateur extérieur, c'était un lapin rose en peluche qui regardait la télévision mais bon), tandis que Lauranna et Melody réfléchissaient. D'une part au coupable (et Lauranna n'avait pas un bon pressentiment à ce sujet), et d'autres part aux implications possibles... Il allait falloir prévenir un certain nombre de personnes, aussi bien de l'ombre (enfin, ça, elle laisserait Asynh s'en charger) que de la résistance.

En fait, elle était justement au téléphone avec une d'elles quand la sonnerie retenti.

"Je vous laisse. Faites attention."

D'un geste, elle envoya l'ordinateur dans sa cachette, avant d'ouvrir. A la porte, c'était Limbe. Enfin... Sous le sang...

*Oh put...*

"Laisse moi deviner, le prof te voulait pas en cours dans cette tenue?"

Tout en parlant, elle s'était détourné de la fillette pour tirer une chaise qu'elle lui indiqua, fermant la porte d'une pensée dès qu'elle fut passée.

"Déshabille toi, que je vois les dégâts..."

Elle allait avoir besoin de pansements... La jeune femme laissa la fillette seule quelques secondes, le temps d'aller chercher de vieux vêtements. Ca devrait faire l'affaire. Au passage, elle remarqua que le lapin était tombé au sol, lorsque son espion en culotte courtes s'était enfui. Encore un "détail" au discrédit de la petite Limbe. Le plus important, cependant, était de s'occuper des blessures.

"Melody, appelle l'hôpital, s'il te plait. Essaie de faire venir le docteur Stephen. Toi, essuie ça un minimum..."

Il était assez facile, au ton un peu brusque qu'elle utilisait de deviner que Lauranna était en colère. La façon dont elle posa à côté de l'enfant une casserole d'eau (froide) pour la débarbouiller était aussi un bon indicatif, considérant que l'eau avait légèrement giclé à l'atterrissage. Et le babar qui continuait à la TV...

Limbe se laissa entrainer à l'intérieur sans rien dire. Elle avait mal partout et n'était vraiment pas en état de discuter. Que les professeurs ne l'aient pas accepter en cours dans cet état ? Bon à savoir, elle avait donc bien fait de ne pas y retourner. Enfin, elle était surtout rentrée parce qu'elle avait retrouvé la maison avant l'école et parce qu'elle avait peur de s'évanouir pendant la classe. La porte claqua dans son dos dès qu'elle eut franchit le palier et elle bondit sur le coté d'instinct, comme si on l'avait attaqué. Ce n'est qu'après avoir heurté le mur qu'elle compris ce qui s'était passé et l'accepta sans problème. Elle avait les nerfs à fleur de peau après tout ce qui était arrivé. D'ailleurs elle n'avait pas besoin de stresse pour être sur ses gardes, bien qu'elle eut réagit moins violemment si elle avait été en meilleur état. Tête basse, elle s'écarta du mur avec difficulté, n'arrivant même plus à cacher la gravité de son état, et alla s'assoir sur la chaise.

La fillette retira ses vêtements pour regarder elle même l'état de ses blessures, mais les plaques de sang a demi séchées rendaient le diagnostique presque impossible. Prenant de l'eau dans sa main, elle commença à nettoyer son cou, ne semblant absolument pas gênée par la température de l'eau. Le simple fait d'effleurer ses plaies à vif était trop douloureux pour qu'elle s'en inquiète et elle avait la tête qui tournait atrocement. Quelques instants après avoir commencé sa toilette, elle se laissa tomber à genoux sur le sol pour calmer l'étourdissement et ne pas se faire mal si elle venait à s'évanouir. L'eau se teinta très vite de pourpre et le sol sous l'enfant n'était pas moins coloré. Elle réussit tout de même à enlever le plus gros du sang en restant consciente et s'immobilisa, à genoux devant la casserole d'eau, quand celle ci fut trop saturée de sang pour pouvoir laver quoi que ce soit. Ses vêtements ne ressemblaient plus à rien et il serait probablement impossible de les rattraper, même avec plusieurs lavages.

- J'peux avoir un verre d'eau ? Marmonna t-elle sans vraiment se soucier que ses paroles soient ou non intelligibles.

Si Lauranna tentait de l'aider à se nettoyer, elle la laisserait faire. Limbe était trop faible pour faire la forte tête. Elle accueillerait même avec soulagement l'arrivée du docteur bougon tant elle avait besoin de ses soins. Il faudrait refaire plusieurs couture, probablement, et au moins faire des bandages pour calmer le flux de sang. Elle ferma les yeux quelques instants pour se remettre les ides en place mais elle n'avait pas l'air fière, nue, à genoux et en sang au milieu de la pièce. Le ton froid de Lauranna ne l'avait pas surpris et elle attendait calmement sa punition en espérant ne pas trop souffrir.

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"Allo, l'hopital? Je voudrais le docteur Stephens, s'il vous plait... Mon petit frère arrette pas de vomir les médicaments qu'il lui a donné, j'ai peur il ait fait une allergie... Dites lui de venir, s'il vous plait..."

La musique d'attente devait résonner, puisqu'elle se tourna vers la fenetre pour appeler quelqu'un. Ah, tiens, le gosse. En fait, il était pas parti très loin...

"Lucas, tu vas chercher Alexis et tu l'emmène enquêter là bas, tu veux? Je sais que tu as peur, je te demande juste de lui montrer, d'accord?"

La petite fille ayant pris possession du lapin en peluche (d'ailleurs le lapin au téléphone, ça fait zarbe), les ordres qu'elle donnait étaient audibles pour tous, au contraire des réponses du petit esprit.

Lauranna de son coté, avait pris l'un des t-shirt et commençait à aider la gosse quand cette dernière se laissa tomber de la chaise.

"Bordel, mais t'as fait quoi pour te retrouver dans cet état?! Tu sais ce que ça veut dire se ménager?"

Hein? De l'eau. La jeune femme se leva, attrappa un verre d'eau dans la cuisine, et le remplit avant de le tendre à la gosse, et de l'aider à boire, la soutenant légèrement.

"Bon, comment on limite les dégats, maintenant, hein?"

Le docteur ne serait pas là avant une dizaine de minutes au mieux, et en attendant, il fallait bien faire quelque chose... La voix de Lauranna était légèrement moins froide, l'engueulade n'était pas le plus important... Les morts se foutent des engueulades... Oui, elle était pas morte, on sait, mais bon, vu que Lau voyait pas l'étendue des dégats...

"J'ai le doc! Faut que vous veniez vite, Limbe a rouvert toutes ses blessures... Non, on peut pas vous l'amener, prenez ce qu'il faudra..."

Si les craintes de Lauranna étaient fondées, l'hôpital serait le premier endroit ou fouilleraient les soldats... Après un an à jour les espionnes avec sa soeur, elle avait fini par apprendre des choses, elle aussi (dont ne jamais tenter d'entrer dans le bureau du chef de l'ombre, mais bon, ça, c'était autre chose)... Par contre, fallait espérer les soldats avaient pas eu la bonne idée de mettre le tel sur écoute...

"J'ai dit à votre collègue que Liryel était malade. Dépèchez vous s'il vous plait..."

Limbe leva les yeux vers la lapin en peluche animé et le regarda non sans un soupçon d'inquiétude. De quel enquête parlait il ? Lau n'était pas aussi simple qu'elle le semblait au premier regard. Avait ont déjà découvert son intrusion ? Probablement avec tous les hommes qui s'étaient jetés à sa poursuite. Elle avait tué l'un des leurs alors la réaction des soldats ne la surprenait pas. Elle s'y attendait avant même de planter sa dague dans la gorge de l'homme, avant même qu'il ne crie... Les autres n'auraient pas mis longtemps à s'apercevoir de son meurtre de toute manière, mais elle s'en voulait tout de même de son incompétence. Jamais sa victime n'aurait du pouvoir hurler. Le son aurait du s'étrangler dans sa gorge, c'est ainsi qu'on lui avait appris à tuer. Si elle s'était trouvée face à de véritables tueurs, ils l'auraient attraper sans difficulté mais certains avaient été choqué de voir un collègue mort dans leurs propres locaux et leur légère hésitation lui avait sauvé la vie.

Elle laissa sa tutrice nettoyer ses blessures, s'attendant à ce qu'elle se montre bien plus brutale. Mais non... Elle avait désobéit, avait détruit le travail des docteurs, et cette femme ne faisait rien contre elle. La fillette s'attendait au moins à une magistrale raclée et elle ne pensait pas restée consciente aussi longtemps. Le tissus rugueux lui faisait mal, surtout quand les coutures frottaient contre ses plaies. Elle avait aussi du retirer plusieurs pansements qui s'étaient déplacés et faisaient plus de mal que de bien.

Lauranna lui apporta le verre d'eau demandé comme si elle ne lui en voulait pas. La fillette but d'une main tremblante. Comment limiter les dégâts ? En attendant de guérir, mais elle n'allait tout de même pas lui répondre cette évidence. De toute façon, ce n'était même pas vraiment une question mai on lui avait enseigné à toujours répondre, même quand rien ne convient. C'était donc à elle de trouver une solution puisque sa tutrice le lui demandait. Après avoir reposé son verre d'eau, elle répondit enfin en relevant les yeux vers la jeune femme.

- Je peux refaire des pansements, le docteur aura moins l'impression que je suis blessée. Mais il faut que j'aille me doucher avant sinon je serait encore pleine de sang.

Elle avait parlé avec le plus grand sérieux, comme si elle était réellement capable d'accomplir toutes ces taches. Ce n'était pas le cas vu son état, et la petite Ehilbars ne savait pas si elle y parviendrait mais elle était bien décidée à essayer pour prouver sa bonne volonté. Parfois, une preuve de volonté inébranlable suffisait à satisfaire son maître et elle ne savait toujours pas comment faire face aux réactions de Lauranna. S'appuyant du mieux qu'elle pu sur son bras valide, l'enfant se releva et fit face à sa tutrice d'un air grave. Elle avait bien conscience des soucis qu'elle causait mais ne savait pas comment faire autrement, et puis elle voulait à tous prix récupérer ses dagues. Maintenant, elle allait pouvoir se montrer sage jusqu'à la nuit... Puis serait forcée de s'enfuir pour une promesse qu'elle avait fait un peu plus tôt. Mais elle n'avait pas pensé être dans cet état, elle savait à peine ce qu'était un commissariat. Pourtant, il faudrait qu'elle y aille et elle ne pouvait pas l'expliquer à Lauranna.

Elle avait aussi demandé ce qui était arrivé et Limbe n'avait toujours pas pris le temps de répondre. Impossible de dire la vérité mais elle pouvait en donner une autre qui n'était pas un mensonge. Mieux valait une réponse incomplète qu'un véritable mensonge pour elle car il était probable que cette femme découvre ce qui s'était vraiment passé.

- A l'école, y a un garçon qui s'est fait attaqué par d'autres garçons plus grands alors je l'ai défendu. Mais je me suis fait mal en les maitrisant.

Voilà... Elle avait dit la vérité... Elle s'était en effet rouvert une blessure en aidant Alexis même si cette altercation n'était que peu responsable de son état. En racontant cet épisode, elle risquait de se faire prendre parce que Lauranna pourrait vérifier les dires de la fillette auprès de la directrice qui ferait vite le lien avec les deux gamins retrouvés inconscient dans les couloirs, mais elle avait avoué un acte de légitime défense, pas un meurtre. Limbe ne savait pas encore ce que sa tutrice pensait de ses activité d'assassin... Certains pouvaient les voir d'un mauvais œil.

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Bon, alors...

"Le doc à dit il arrive dans une dizaine de minutes!"

Génial. Sauvé. Maintenant, fallait juste attendre... Hein? Quoi?! Refaire les pansements? Et puis quoi encore!

"C'est ça, oui, et la marmotte, elle met le choco dans l'alu, et il suffit de claquer les doigts et oh, surprise, il y a plus de bobo! Rassied toi au lieu de dire des conneries..."

Étonnement, le ton de l'aveugle était assez ironique, presque tranchant. Elle craquait un peu, là... Et comme à chaque fois, elle avait recours à l'ironie mordante, et pas drôle du tout...

"L'eau elle est toute rouge dans la casserole!"

Merci de la précision, tient... Lauranna se releva donc à nouveau pour changer l'eau, et revint aider la fillette à se décrasser du sang.

"Tu crois pas que prévenir un adulte aurat été plus malin? Les gamins sont rarement assez cons pour essayer d'en coller une à un prof... Et toi ça t'aurais évité de te rouvrir..."

La jeune aveugle ne sait pas exactement combien de temps s'était écoulé quand la sonnette retentit. Une dizaine de minutes, peut-être moins. Melody continuait de guider Lauranna, qui en était au quatrième aller retour à la cuisine.

"C'est le doc!"

Lauranna ouvrit la porte, préférant éviter de montrer ses pouvoirs à un inconnu. Limbe allait vvre ici, pas le médecin.

"Bon, alors, elle a... Putain, mais c'est pas vrai!"

Oui, le doc était en colère... logique...

"Bordel, t'es suicidaire ou juste stupide?! Et vous vous pouvez me dire ce que vous faites? Pourquoi vous l'avez pas allongée?!"

Ah, non. Non, non, non, non, non, et non! Qu'il soit en pétard après la petite, ok. Qu'il l'engueule alors qu'elle faisait de son mieux, et ce alors qu'elle était déj)à en pétard, non!

"J'suis pas médecin, moi! J'y vois que dalle, j'ai AUCUNE connaissance en médecine, et vous le savez! Alors maintenant, cessez de m'engueuler, et occupez vous de votre patiente!"

Et voilà un doc qui s'agenouille en râlant pour s'occuper de la gosse... Déjà, la faire s'allonger sur un drap, ensuite, commencer par le bras.

"Vous avez bien fait de me faire venir. Les soldats fouillent tout l'hopital à la recherche de personnes récemment arrivées blessées... Un con qu'aurait tué un soldat... J'vous jure... comme si on avait pas assez d'embrouilles..."

Et que je commence à fouiller dans ma trousse pour en sortir ce que j'ai sur moi...

"Allez me chercher de l'eau, un drap propre, et des vêtements. En coton de préférence!"

Bon, c'est bien d'avoir des ordres à suivre. Ca rassure. D'avoir crié aussi d'ailleurs... Tandis que Lauranna obéissait et courrait dans l'appartement, le docteur sortiait deux cachets de médicaments pour l'enfant.

"Des somnifères..."

Ca allait être nécessaire...

Le regard de la fillette passait de l'un à l'autre. Elle était restée debout au milieu de la pièce, l'air bien fragile pour l'assassin qu'elle était en réalité. Une petite fille fluette et couverte de sang aurait elle vraiment pu commettre un crime, tuer un soldat ? Ses yeux pâles semblaient un peu perdu, comme si elle ne comprenait pas ce qui se passait autour d'elle. Son maître lui aurait demander un compte rendu détaillé de l'accident et Lauranna s'était contentée de lui conseiller d'aller voir un adulte la prochaine fois à peu de chose près. Elle n'avait pas su répondre, gardant simplement les yeux baissés. Si elle avait été en meilleur forme, elle aurait répliquer, fait valoir son point de vue, mais là elle n'en avait ni la force, ni le courage. Et comment tenir tête à quelqu'un qui n'impose rien ou presque ?

Le docteur n'était pas content et elle s'y attendait, mais il était de ces hommes qui font mieux leur travail quand ils sont de mauvaise humeur et il ne lui faisait vraiment pas peur. Limbe savait instinctivement qu'il ne lui ferait jamais de mal. Peut être avait elle côtoyé tant de gens dangereux qu'elle les repairait sans difficulté ? Pour le soldat aussi, elle avait su qu'il ne serait pas capable de se défendre assez vite, qu'il serait trop surpris, pas assez entrainé... Son crime était parfaitement prémédité, mais maintenant elle tremblait de froid accrochée à une chaise comme n'importe qu'elle petite de son âge. Peut être les adultes seraient ils rassurer par la faiblesse qu'elle laissait paraitre. Elle avait aussi appris aujourd'hui que la majorité des êtres de cette ville aimaient la normalité, aimaient connaître à l'avance les réaction des autres, deviner sans mal l'avenir. Ce n'était pas ce qu'on lui avait appris, elle avait toujours été lancée face à l'imprévu.

Sa tutrice semblait se défouler sur le docteur au lieux de la fillette alors que c'était bien cette dernière qui était la cause de ses tourments. Pourquoi ? Mais elle était trop épuisée pour emmètre des hypothèses. Le docteur s'approcha d'elle et commença à l'examiner et a commander à Lauranna de quoi la soigner. Mais quand il sortit les deux comprimé et prononça le mot maudit, l'enfant recula, l'air alarmée. Il n'avait pas le droit ! Elle l'avait prévenu ! En plus il venait de dire que les soldats fouillaient l'hôpital et il espérait lui faire avaler ces trucs ? Non non... Si elle perdait conscience pendant l'opération ce serait juste le temps que son corps soit capable de supporter à nouveau la douleur, tandis que là, elle laissait sa vie entre les mains de quelqu'un qui ne savait pas ce qu'elle était ! Elle ne pouvait pas plus le lui dire mais il était dangereux sans le vouloir. Elle serra les poings, que pouvait elle dire ? Il était adulte, tout puissant face à elle... Un regard affolé autour d'elle comme pour chercher une issue, mais elle n'était pas en état de fuir ! Alors elle recula en tremblant, cherchant son sac des yeux. Là, il y avait ses dagues, mais tuer le docteur ne serait pas très intelligent... Et elle n'en était même plus capable de toute façon, il la maîtriserait sans difficulté. Son pouls s'accélérait et sa respiration n'avait plus rien de régulier. Elle semblait sur le point de sauter à la gorge de ceux qui essaieraient de l'approcher. Enfin, elle réussi à parler d'une voix éraillée.

- J'veux pas ! J'vous l'ai d'jà dit, j'veux pas !

Sa voix enfantine montait dans les aigües de façon inquiétante. Un éclaire sauvage passa dans ses yeux bleus pâles, un éclat meurtrier. Même le docteur devait pouvoir le reconnaitre... Ses ongles s'enfonçaient maintenant dans ses paumes comme elle essayait en vain de garder un contrôle sur elle même. Mais c'était trop... Elle était seule, incomprise, et la seule personne qui ne l'avait jamais protégé l'avait abandonné ici. Elle se sentait en danger, comme si les soldats allaient entrer d'un instant à l'autre pour se saisir d'elle et la torturer.

- Laissez moi tranquille ! J'veux pas dormir !

Trop tard, il avait vu. L'enfant ne pouvait plus retenir ses larmes. Elle coulaient librement sur ses joues rondes, entrainant la rage, la peur et la douleur. Mais pas le moindre sanglot, elle ne pleurait pas comme les autres enfants. Sa respiration était haletante et elle semblait plus en véritable crise, atteinte par une quelconque psychose, qu'en train de faire un caprice. Avant que quiconque ne puisse l'attraper, elle s'en fut vers une fenêtre et resta là, toute nue et une main posée sur la poignée comme si elle s'apprêtait vraiment à l'ouvrir et à fuir dans la rue malgré son état. Elle lutait pour se calmer, mais la tension était trop forte.

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La violence de la réaction surprit le docteur, qui avait beau savoir que la gosse était... particulière n'en restait pas moins convaincu qu'il s'agissait d'une gosse. Une gosse blessée, en plus...

"Ah non! Tu recommence pas avec ça! Que tu n'en veuille pas après l'opération, passe encore! Mais là, c'est hors de question que je te recouse dans ces conditions!"

C'est sur ces paroles que le rejoignit l'aveugle, empetrée dans les vêtement (et en trainant un du pied, d'ailleurs), qui laissa tout tomber en jurant en voyant la gosse se précipiter vers la fenêtre.

"Mais c'est pas vrai!"

Elle allait décidément pas se laisser soigner, la gosse...

"Limbe, descend de là, s'il te plait!"

Vu le ton, le s'il te plait pouvait tout aussi bien être tut... La respiration de la gamine était trop erratique... D'accord... Génial, une crise d'angoisse...

"Mais qu'est-ce qui lui a pris?!"

"Comment vous voulez que je le sache?! Elle est en pleine crise d'angoisse..."

D'abord, récupérer la gosse. La jeune aveugle bloqua la fenêtre en exerçant une force constante sur le battant (inverse à celle qu'il fallait exercer pour l'ouvrir), tout en se dirigeant vers la fillette.

"Allez, ça suffit maintenant. Viens par là..."

Des crises d'angoisse, elle en avait géré. Et elle connaissait certains trucs... Mais vu que chacun était différent... On commençait par la tentative N° 1: la parole. Le ton de Lauranna se fit plus calme, plus doux, tandis qu'elle avançait vers la gosse.

"Limbe, regarde moi, s'il te plait. Tu te calme. Y a personne qui va te faire de mal ici, et tu le sais très bien... Calme toi, d'accord?"

"Mince, elle a un traumatisme avec les somnifères ou quoi?!"

"Elle vous avait dit qu'elle n'en voulait pas..."

"Sauf que c'est la procédure! La convention de 89 vous la connaissez?!"

Ben oui, comme tous les médecins travaillant auprès d'enfants (chose qu'il faisait régulièrement), le docteur stephens était tenu de respecter cette convention... Convention connue aussi de Lau (elle avait eu une formation à l'orphelinat), mais...

"Je ne suis pas sure qu'elle la connaisse... Allez Limbe, cesse de faire l'enfant, tu veux? Laisse toi soigner, tu as une tête à faire fuir un épouvantail, comme ça... Mon dieu, j'suis sure que même à ta maman tu ferais peur..."

Le ton était toujours calme, ayant plus d'importance que les mots. La jeune femme était arrivé au niveau de l'enfant, et la prit par le poignet, fermement, mais sans brusquerie.

"Allez, fillette... Viens par là..."

Le docteur commença à s'énerver contre elle et cette réaction la rassura quelque peu. Elle ferma les yeux pour tenter de retrouver son calme mais, comme si il n'y avait pas déjà assez de monde, Lauranna arriva à ce moment là, encombrée de tissus. Limbe se plaqua au mur, complètement perdue. Elle préférait le docteur, au moins, lui, ses réactions lui était compréhensibles. Mais la dame... Pourquoi avait elle l'air catastrophée dès qu'il arrivait quelque chose qui sortait de l'ordinaire ? Ne pouvait elle pas s'énerver vraiment contre elle ? Là, au moins, elle aurait compris. Mais non, à croire que quelque chose la retenait. Avait elle du faire une promesse à sa mère ? Jamais Absence ne l'aurait bridé à ce point, et elle n'avait aucune raison de le faire.

- J'en veux pas ! C'est tout ! J'm'en fiche, j'en veux pas !

Elle n'avais même pas crier, sa voix restant à demi coincée dans sa gorge. Mais elle avait vraiment un ton de soprano. Elle pouvait bien parler de crise d'angoisse sa tutrice, la fillette ne savait pas de quoi il s'agissait. Elle se sentait juste acculée, prise au piège, et ne pouvait pas le supporter. Sa main était toujours sur la poignée de la fenêtre mais elle ne fit aucun geste pour l'ouvrir, apparemment bloquée entre la raison et la folie. Non, elle devait se maîtriser, personne n'avait le droit de la voir dans cet état. Un instant, elle pensa les tuer pour qu'il n'y ait pas de témoins, mais elle n'en était pas capable et cela, pas seulement physiquement. Ils n'avaient jamais essayé de lui faire du mal et même là, ils cherchaient à l'aider bien qu'ils s'y prenaient bien mal. Mais elle ne pouvait pas non plus la laisser approcher. La voix de sa tutrice était bien trop douce, elle l'effrayait. Que lui voulait elle ?

Sa mère... Elle ferait peur à sa mère ? Et quel rapport avec la convention ? Encore un règlement stupide ? Sa mère n'avait rien à voir avec ces articles ! Mais oui, Absence prendrait peur si elle la voyait dans cet état. Elle, une futur assassin, elle se laissait aller à ce point ? Avant que Lauranna ne l'atteigne, les larmes avait cessé de couler et un sérieux qui n'avait rien d'enfantin était revenu sur son visage. Pas question qu'elle fasse honte à sa famille ! Peut être que pour d'autres enfants le ton comptait plus que les paroles mais pas pour elle. La douceur dont faisait preuve cette femme l'effrayait plus qu'autre chose.

- C'est bon, j'reste mais j'veux pas d'ce truc.

D'une démarche un peu chancelante, elle revint vers le docteur, semblant presque craindre sa tutrice. Limbe n'avait absolument pas compris ce que celle ci avait cherché à faire et était à deux doigts de se demander si elle n'était pas folle. Personne n'avait jamais cherché à la rassurer, comment aurait elle pu comprendre ? Elle s'immobilisa finalement devant le docteur et attendit. Elle le laisserait faire tant qu'il n'essaierait pas de lui faire avaler des somnifères.

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*C'est moi, ou elle a peur de toi?!*

*Ecrase, Melo... Pitié...*

*Nan, mais j'te jure!*

*Melody...*

Le ton était assez menaçant pour que la cadette arrette de suite... Avant de décider de se moquer du docteur, pendant que Lauranna allait chercher son fils avant qu'il ne commence à réclamer son biberon... (le sixième sens des mamans...)

Le docteur avait commencé son bandage avec des commentaires marmonnés assez.. vindicatifs quand à ce qu'il pensait du fait de traiter une gosse comme ça... avant de partir dans un couplet habituel chez lui sur Heaven, cette ville de dingues et patati et patata...

"Bon, allez, on y va... Dites, et l'eau, j'suis supposée attendre qu'elle arrive toute seule sur ses jambes?!"

Ce ne fut pas l'eau qui tomba sous le nez du docteur, mais le biberon de Liryel, que le gamin avait trouvé très amusant de lui brandir sous le nez... Et qui se fit ejecter d'un geste réflexe à l'autre bout de la pièce, déclanchant le "euh... euh... OUIIIIIIIIIIIIIIIIIN" du gamin...

Bon... Lauranna posa la casserole d'eau propre avec un juron bien senti, et alla récupérer le biberon, avant de le rendre à Liryel, coupant ainsi partiellement la sonnerie...

*Lucas et Alexis sont de retour! Et sarah est avec!*

Cool, toute la fratrie... Sur un "je vais recoucher Liryel", Lauranna laissa seuls le docteur et l'enfant (docteur qui n'avait absolument pas envie de recoudre l'enfant comme ça, mais venait de finir de désinfecter, et donc allait devoir s'y mettre), et se rendit dans la chambre du bébé... Ou trois peluches se firent posséder en peu de temps.

"Preums! Eh Lau, Lau, tu sais quoi?! C'est le dieu des trolls d'Emouchet qu'à fait ça!"

Ca, c'était Alexis, grand lecteur de son vivant de David Eddings...

"Ouah l'autre, c'est pas les dieux des trolls c'est le nuage noir du méchant gars!"

Et voilà la jumelle, toute aussi fervente lectrice, et incapable de parler à son frère sans se disputer...

"Si c'est le dieu des trolls! Et même que les soldats ils ont vu ça, on les a mis au secret, parce qu'ils ont peur qu'on les entendent!"

"C'est ça t'as de la bouse dans les oreilles! Ils leur ont juste dit de se taire! Et les dieux trolls ils jurent pas en sitrique!"

"Qu'est-ce t'en sais, t'as jamais fini le livre!"

"Si j'lai fini, sale morpion!"

"vieille bique! T'as que deux minutes de plus!"

"Decoloré!"

Plus le ton montait entre les deux enfants (possédant respectivement un dalmatien étoilé, un renne et une souris pour le dernier), entrecoupé des "mais euh... Eh, criez pas..." de leur petit frère, et plus Lauranna commençait à en avoir marre... D'où le...

"FERMEZ LA!"

Qui s'entendit très nettement dans tout l'appart, et fit sursauter le docteur, qui n'avait pas entendu la dispute précédent (normal, il était concentré... Et les gosses gueulaient pas assez fot pour passer la porte fermée.)... Oui, elle en avait marre...

"Les dieux trolls y en a pas à Heaven et des triques non plus! Alors maintenant vous arretez de me piailler dans les oreilles ou j'en prend un pour taper sur l'autre!"

La menace, toute idiote qu'elle fut (comment Lau aurait-elle pu les toucher?) fit son effet, puisque les deux enfants cessèrent de se disputer, et firent un rapport à peu près clair... Qui confirma malheureusement les soupçons de l'aveugle quand à la coupable... Elle allait devoir avoir une bonne discussion avec la gosse...

Après avoir remercié les enfants, qu'elle laissa avec un livre sur le sol de la chambre, elle rejoignit le salon, où elle fut accueillie par un "Un problème?" un peu bourru.

"Un coup de téléphone casse pied. Comment va la petite?"

"La petite" semblait aller bien, mais ce n'était qu'une façade. Même avec le traitement qu'on lui faisait subir, pas une fois elle n'avait crié. Sa mâchoire était serrée, congestionnée, et elle garder les yeux clos pour ne pas que des larmes lui échappent encore. Elle n'avait pas le droit de pleurer... De serrer les poings au point de s'en faire saigner les jointures, oui, mais pas d'avouer sa douleur comme le font les enfants. Ou du moins, elle s'y refusait.

L'aiguille mordit sa peau déjà malmenée et son bras se crispa dans la main du docteur. Un point, déjà, mais la plaie était bien trop importante pour que ce soit suffisant. La fillette ne chercha pas à croiser le regard du médecin, elle sentait bien suffisamment dans ses gestes qu'il lui en voulait, qu'elle le forçait à faire son métier d'une manière qu'il n'acceptait pas. Deuxième piqure, Juste un sursaut respiratoire et les muscles qui restent toujours aussi tendus. Puis elles s'enchaînèrent, à la fois trop vite et trop lentement. Quand aurait t-il fini ? Elle ouvrit finalement les yeux pour le savoir car elle ne sentait plus vraiment son bras. La moitié, seulement... Il fallait encore tenir. Mais ouvrir les yeux était une erreur car les larmes coulaient à nouveau. Pas de folie cette fois, juste les pleurs silencieuse déclenchées par la douleur. Celles que versent les guerriers blessés sur le champ de bataille et non celles d'une enfant recousue à vif. Mais elle baissa tout de même la tête, honteuse, et ses longs cheveux noirs vinrent masquer son visage. Le docteur était trop concentré sur sa tache pour avoir vu, ou du moins, elle l'espérait. Pourvu qu'il n'ait pas tourner la tête à ce moment là ! Mais une nouvelle piqure mit fin réflexion et elle s'adossa à la chaise pour ne pas risquer de tomber.

La petite fille essayait de garder une respiration calme sans bien sûre y parvenir bien que ses efforts soient visibles. Enfin, la première torture s'acheva et elle n'était pas tomber. Mais elle ne tiendrait pas, elle le sentait... Il fallait qu'elle s'allonge. Elle ouvrit les yeux et regarda le chirurgien qui se préparait à la prochaine suture. Des voix indistinctes pleines de colère filtraient à travers la paroi et elle se concentra dessus un instant pour vaincre l'étourdissement. Lauranna n'était pas ce qu'elle paraissait, non... Des voix enfantines se disputaient et son instinct d'assassin lui disait qu'on parlait d'elle. Était-ce simplement de la paranoïa ? Peut être, mais quoi qu'il se passe elle ne pouvait rien faire d'autre que subir pour le moment.

- J'veux m'allonger, sinon j'vais tomber.

Cet aveux laissé d'une voix neutre fut le seul cri de douleur que le docteur pu entendre. Sans attendre son accord, elle étala maladroitement les tissus sur le sol de son seul bras valide. L'aide du médecin serait la bienvenue si il s'y décidait mais elle pouvait faire sans. Elle ignora aussi superbement tous ses commentaires sur la stupidité de l'opération, censés la convaincre d'avaler les cachés. Pas question. Comment pourrait elle s'y résoudre alors que les soldats allaient peut être bientôt arriver ? La fillette s'allongea simplement sur le dos et attendit. Le chirurgien devrait bien continuer son œuvre, et rapidement car avec son simple changement de position, le sang s'était remis à couler.

L'aiguille perça encore la peau, puis un cri de sa tutrice fit sursauter le docteur. Limbe ne pu retenir un gémissement à cause du geste brusque de ce dernier et repris ses exercices de respiration avec plus de ferveur. Pourquoi cette femme avait elle crier ? Tenait elle réellement à rameuter tout le quartier ? Peut être avait elle même déjà appelé le commissariat... Non, elle devait lui faire confiance, elle n'avais pas d'autres choix. Elle ne pouvait pas sortir avec un file pendant de la gorge tout de même. Alors elle se força au calme et, d'un regard, confirma au docteur qu'elle allait bien pour qu'il continue. Mais elle sentait bien que la douleur finirait pas avoir raison d'elle si elle ne finissait pas bientôt. Tant pis, pas question de s'évanouir, elle préférait encore laisser couler ses larmes. Elle s'aperçut seulement après cette décision qu'elle ne les retenait déjà plus depuis un moment. Tant pis... Pourvu qu'il fasse vite...

Lauranna entra dans la pièce pour demander comment elle allait et Limbe fixa ses yeux bleus, durs, dans ceux de la jeune femme. Il fallait qu'elle sache même si elle était couchée sur le sol et couverte de sang. Même si elle avait une aiguille à demi enfoncée sous la peau, même ses yeux étaient humides... Elle ne demandait pas vraiment une réponse, la jaugeant simplement et elle ne prononça pas le moindre mot. Elle laissa le docteur terminer son ouvrage, mais après, elle n'avait plus la force de parler. Tout son corps la brûlait si bien qu'elle n'osait même pas bouger. Pourtant, si on lui proposait des anesthésiants, elle ferait l'effort de refuser d'un regard noir. Pas question, le pire était passé et elle n'avait même pas perdu connaissance. Cette fillette ne semblait pas humaine. D'ailleurs, l'était elle vraiment ? Elle était de la race des assassins, de ceux qui sont capable d'accepter la douleur pour réussit leur mission et c'était bien là ce qu'elle avait fait. Tout passerait, mais il lui fallait dormir pour le moment. D'un seul œil, certes, mais avait elle jamais dormi des deux ?

- Je... Voudrais aller me coucher... Murmura t-elle doucement.

Limbe commença à se retourner très lentement sur le coté, comme si elle ne s'attendait pas à ce qu'on l'y aide. On l'avait déjà soigné, elle n'en demanderait pas plus. Des bandages encore blancs recouvraient ses blessures mais il était peu probable qu'ils gardent longtemps cette couleur. Et puis, elle voulait parler à Alexis aussi. Lui dire qu'elle avait réussi. Mais il n'était pas là et le sentiment de victoire non plus. La petite assassine pensait à sa mère et ses yeux étaient plus sombres que jamais. La douleur ne l'aidait bien sûre pas à garder le moral. Ce n'est qu'une fois dans son lit, qu'elle n'attendrait pas toute seule en toute évidence, qu'elle osa demander.

- Lauranna ? Tu peux demander à Alexis de venir ? Un garçon... Il a des oreilles de chat...

Invité

Lauranna avait beau ne pas y voir, elle n'aimait pas du tout ça. Le fait que la gamine se laisse charcuter sans réagir, ou presque la mettait mal à l'aise. Elle ne VOULAIT PAS savoir comment la gosse pouvait supporter ça... Bon, le fait que la résistance à la douleur de Lauranna était très faible (en général quand elle se coupait le doigt, ça s'entendait, et Lukia lui avait déjà fait des remarques à propos des gros mots et du savon...) aidait à avoir du mal à envisager...

*Elle pleure...*

Cool... Ca faisait vachement plaisir... Enfin, dans un sens, ça rassurait Lau: La gosse était pas inhumaine à ce point... Mais bon, se réjouir de la douleur d'un autre c'était pas le genre de Lau...

Le doc finit enfin par couper le dernier fil. Peu après l'enfant demanda à aller se coucher... Et à commencer à y aller toute seule... Le docteur se pencha sur elle, mais fut devancé par Lauranna.

"Je m'en occupe."

L'aveugle souleva sans hésitations la fillette (pas très lourde, d'ailleurs), et la cala contre son torse, avant de se diriger avec son fardeau vers sa chambre, laissant le docteur sélectionner un certain nombre de médicaments. Sitôt sur le lit, l'enfant fit une demande étrange.

"Le seul Alexis que je connaisse est un gamin de 13 ans tout à fait humain... et mort depuis un moment... Si je peux, je te donnerai son numéro, mais il faudra d'abord que nous ayons une petite discussion, toi et moi... En attendant dors..."

"Encore une minute!"

Le docteur venait d'entrer dans la chambre, avec un verre d'eau, et trois cachets.

"Deux antibiotiques et de l'anti-fièvre... Avale moi ça cul sec! Je vous ai prescrit deux boites d'anti-fièvre supplémentaires, et un infirmier passera demain et après demain..."

Tout en reprennant ses affaires, le docteur continuait ses instructions, avant de revenir finalement poser une sucette sur la table de nuit en marmonnant qu'elle avait intérêt à pas se re-blesser, avant de partir, laissant Lauranna seule dans le salon... Qui revint vers Limbes, histoire de voir si oui ou non, la conversation pouvait avoir lieu maintenant ou pas.

Elle ne le connaissait pas... Tant pis. Limbe ne savait même pas pourquoi elle avait demandé la présence du garçon mais elle aurait voulu qu'il soit là. Ce n'était pas une action logique pourtant, dans son état elle avait plutôt intérêt à faire profil bas jusqu'à ce qu'elle soit rétablit, mais... Elle aurait juste voulu une présence, que quelqu'un sache qu'elle était encore en vie, qu'elle avait réussi, qu'elle soufrait. Elle aurait voulu avoir de l'importance aux yeux de certaines personnes, ne pas compter pour rien. Depuis toujours, elle avait eu sa mère mais depuis que celle ci l'avait abandonné, la fillette cherchait instinctivement des liens et des repaires. Il y avait Lauranna, mais ce n'était pas suffisant et surtout, elle avait simplement été choisi par Absence et elle lui en voulait de l'avoir laisser seule, d'avoir trancher son avenir sans raison apparente. Pouvait elle s'attacher à sa tutrice comme à un ami de son age ? Jamais elle ne pourrait tout lui avouer, la barrière était trop haute. Un mur construit par l'age mais surtout par la peur des adultes, si forte chez l'enfant bien qu'elle le cache par des airs de défit. En une seule journée, elle avait beaucoup appris...

Et puis il y avait Ayu à qui elle avait promis de venir pour le combattre dans les rues. Elle avait horreur de ne pas pouvoir honorer ses serments. Mais elle ne pouvait tout de même pas demander à Lauranna de le prévenir, et ne se sentait pas capable de sortir. Pour abandonner ainsi, il fallait vraiment qu'elle soit mal. Elle ne pensait tout simplement pas être capable de marcher sans s'écrouler sur plus d'une dizaine de mètre, mais n'était pas endormi pour autant. Elle avait trop de choses à vérifier avant... Peut être y avait il d'autres moyens de le contacter pour qu'il ne mette pas en doute la fiabilité de ses promesses ? Mais elle ne pouvait pas demander à Lauranna. Du peu qu'elle avait vu de ce garçon, elle doutait que cette femme l'apprécie beaucoup. Même Alexis semblait le craindre, alors...

Le docteur entra et lui donna des cachets et une sucette. Après une petite hésitation, elle pris les médicaments et s'autorisa à fermer les yeux quelques instants pour calmer l'étourdissement qui tentait de l'emporter. Toujours aux aguets, elle écouta la porte claquer et les pas revenir vers la chambre. Quand sa tutrice entra, elle avait les yeux grands ouverts et une expression calme et indéchiffrable. Limbe savait qu'elle était prisonnière de cette femme d'une certaine façon, et qu'il y avait bien peu de chance qu'elle ait cru que ses blessures n'étaient du qu'à une bagarre dans l'école. Sans doute avait elle même compris ce qui était arrivé, vu les dires des poupées... La fillette n'avait pas franchement envie de se lancer dans un rapport de force vu son état physique et moral, mais elle n'était pas pour autant prête à reporter la conversation à plus tard. Elle ouvrit la sucette sans lâcher Lauranna du regard et la mis dans sa bouche, toujours aussi sérieuse. Le sucre lui faisait du bien et elle aimait le gout... Puis, elle retira la friandise pour parler avec sa gravité habituelle, ce qui frisait le ridicule mais elle ne s'en rendait absolument pas compte.

- Je n'vais pas dormir tout de suite. Dit elle, comme en réponse au silence de Lau.

Invité

Lauranna eut un léger sourire en entendant la gosse "faire sa forte", mais ne fit pas de commentaires... Elle ne la forcerait pas, et mieux valait avoir cette conversation maintenant que quand Lukia serait rentré de l'école... Les enfants ne doivent pas être mêlés aux affaires des adultes...

"T'as l'air mignonne comme ça... Te manque juste un sourire..."

Enfin, même s'il y en avait eu un, il n'aurait pas tardé à disparaitre, comme celui de Lauranna lorsqu'elle vint s'asseoir sur le lit, à coté de Limbe.

"Qu'est-ce que je t'avais dit hier?"

Ne pas se battre, les horaires de repas, d'école, les lieux autorisés (c'est à dire l'école, l'aire de jeu en bas, et le parc, mais uniquement avec Melody), de toujours prévenir quelqu'un de l'endroit où elle était, et surtout, SURTOUT, d'éviter les soldats... Là, c'était raté... Lauranna n'avait pas attendu la réponse de Limbe pour continuer.

"C'est bizarre, non? Un "nuage noir" tues un soldat et s'enfuit en laissant pas mal de traces de sang, et tu arrives un peu plus tard en piteux état... Tu étais au commissariat, n'est-ce pas? Qu'est-ce que tu y faisait?"

La question de savoir si oui ou non, la gosse y était était presque facultative tant le ton était affirmatif. Mais au moins Lauranna lui donnait une chance de s'expliquer... Avant de la punir de toutes façons...

"C'est pas le plus dangereux comme coin... La zone inachevée est pire... Y a toujours plein de fant... Je vais voir ailleurs si t'y es, c'est ça?"

Lauranna acquiesca, toujours avec un regard noir, avant que l'ours en peluche tout rapé d'avoir été trop caliné ne retombe normalement... Et que Lauranna ne laisse échapper un gros soupir, avant de revenir sur l'enfant, attendant sa réponse.

Mignonne ? Elle n'avais jamais cherché à l'être. N'était-ce pas le qualificatif qu'on donnait aux enfants destinés à de nobles fonctions ? Jamais elle ne l'avait été, elle, et ce n'était pas prêt de changer. Son regard s'assombrit encore après cette étrange entrée en matière qui ajoutait à l'incompréhension qu'elle éprouvait devant cette femme. Limbe remit sa sucette dans sa bouche, fixant sa tutrice et attendant la suite. Elle voulait parler, la fillette le sentait, alors pourquoi disait elle des choses aussi... Légères et sans importance ? Mais elle ne s'arrêta pas là, bien sûre, et vint s'assoir sur le lit à ses cotés.

Loin d'apprécier la proximité de Lauranna, Limbe se tendit, comme dans l'attente d'un coup. Elle savait d'expérience que ce n'était pas bon du tout quand un adulte avait ce genre de manières, mais elle s'y était attendu. Maintenant, la punition n'allait pas tarder... Peut être même cette femme allait elle la livrer aux soldats et peut être était-ce déjà fait.En tous cas, elle avait compris. La fillette n'eut pas besoin de la suite pour le savoir. Elle avait laissé bien trop de trace pour ne pas être retrouver et le savait. Si son meurtre avait été commit dans les terres d'une des grandes familles, on l'aurait déjà attrapé depuis longtemps.

- Beaucoup de règles... Marmonna t-elle.

Il fallait répondre. Qui lui avait elle dit hier ? Tant de choses plus stupides les unes que les autres, tant de devoirs, d'impératifs, d'interdits, et tous si différents de ceux qu'elle avait eut avant. Comment aurait elle pu les respecter ? Comment aurait elle pu du jour au lendemain devenir une fillette sage, calme et bien éduquée ? Non, jamais elle ne pourrait lâcher si facilement son passé. Elle était assassin, parfaitement dressée et endoctrinée. Elle ne savait rien faire d'autre, toute son éducation ayant tourné autour de sa future fonction. Toujours calme, regard planté dans celui de sa tutrice et sucette au bord des lèvres, elle attendait la suite du sermon et la punition qui en résulterait.

En effet, elle avait compris. L'expression de la fillette resta tout aussi froide quand Lauranna l'accusa de meurtre mais une sombre étincelle passa dans ses yeux. Au moins, elle savait, et la petite n'avait pas l'intention de mentir, ni de confirmer. A quoi bon ? Elle avait outrepassé un interdit, inutile d'en rajouter. On lui avait depuis toujours appris à assumer ses actes vis à vis de sa famille et, puisque sa mère l'avait confié à cette femme, elle devait aussi appliquer les règles vis à vis d'elle. Elle garda donc un peut le silence, toujours aussi sérieuse, et reposa sa friandise dans le sachet. Elle s'apprêtait à répondre quand l'ours en peluche vint la distraire.

Limbe s'était habituée aux interventions des poupées et n'en était même plus surprise depuis un bon moment. Elle avait aussi bien compris qu'elles étaient les espionnes de sa tutrice, mais Mélody le confirma une fois de plus. La zone inachevée ? La fillette n'en avait pas encore entendu parler et peut être aurait il mieux valu qu'elle ignore son existence. Tant pis, trop tard. L'ourson repartit, la laissant seule avec son bourreau et elle tourna à nouveau ses yeux bleus pâles vers la femme à ses coté. Elle voulait qu'elle explique ? Alors elle lui dirait. Pas tout, juste ce qu'elle acceptait de révéler, mais déjà une grosse part de ses secrets et surtout de ceux des Ehilbars. Elle semblait toujours aussi froide, comme si elle se forçait à paraitre adulte bien avant l'age, comme un enfant qui porte bien trop de secret et de devoirs sur des épaules bien trop fragiles.

- Ils ont enfreint une règle eux aussi. Une règle de ma famille. Ma mère m'a abandonné ici, mais je trouverai un moyen de rentrer chez moi et mon maître m'aurait tué si je n'y était pas allé.

Elle parlait calmement, comme si elle faisait un compte rendu de mission. C'était un peu le cas bien qu'elle ne puisse pas tout dire. Mais elle était forcée de rester coucher et sa position la gênait... Elle aurait voulu pouvoir se tenir droite devant sa tutrice, lui montrer qu'elle était forte et prête à endurer les conséquences de son acte, mais elle se doutait que Lauranna ne la laisserait pas se lever et qu'une tentative ne ferait qu'empirer les choses. La fillette pris une inspiration un peu tremblante avant de continuer. En vérité, elle redoutait beaucoup le châtiment même si elle n'avait pas le droit de le montrer.

- Le soldat m'a vu et il m'aurait eu si je m'étais pas défendue. J'fais que mon métier... Je suis assassin même si j'ai pas fini d'apprendre, comme ma mère. Je tue que quand c'est nécessaire, simplement... Les garçons, à l'école, je les ai pas tuer, juste corrigé pour plus qu'ils fassent de mal à Alexis, mais eux ils voulaient le tuer alors qu'ils n'avaient aucune raison. J'ai pas menti pour la bagarre, c'est vrai aussi mais je leur ais pas fait de mal. Y en a qu'un qui sait ce qui s'est passé et il dira rien. La seule erreur qu'j'ai fait, c'est de laisser des traces de sang... Mais si tu veux me punir, va y, je crierai pas.

Limbe tentait simplement d'expliquer à Lauranna sa façon de voir le monde, pas de la convaincre ou d'échapper à la punition. Elle se doutait que ce serait moins douloureux que celles de son maître de toute manière, et aussi qu'elle perdrait connaissance avant la fin si Lauranna la frappait. Pas un instant elle n'avait envisager qu'on puisse punir sans douleur... Que pourrait elle bien lui faire ? Et puis, ce n'était pas comme si elle connaissait les droits de l'enfant. Toujours allongée dans son lit, elle attendait sans lâcher sa tutrice du regard. Un éclat de défit brillait dans ses yeux, preuve qu'on e l'avait toujours pas brisé. Pourtant, ce n'était pas faute d'avoir essayer.

Invité

Lauranna n'avait pas dit un mot, durant toute les explications de l'enfant, se contentant de lever un sourcil à l'évocation d'une règle familiale. La logique de l'enfant était peut-être juste pour elle, mais elle ne connaissait pas assez de données... Son acte avait été plus que dangereux... Après que l'enfant se soit tue sur une "bravade", Lauranna resta silencieuse quelques secondes de plus, réfléchissant à ce qu'elle pouvait faire... Punir l'enfant sans s'assurer qu'elle comprendrait serait ridicule. Donc il allait falloir la forcer à réfléchir. Déjà... Oui, ce serait un bon moyen...

"Bien, alors..."

Lorsqu'elle reprit la parole, son ton était semblable à celui de sa mère, le ton de "t'as intérêt à imprimer ma petite"... C'était pas vraiment conscient, mais bon... Elle avait levé la main, et commença à compter sur ses doigts tout en parlant.

"Point numéro Un: Ta mère ne t'as pas abandonné, sinon tu serais à l'orphelinat. Elle t'as confié à moi, ce qui veut dire que tu es à la fois sous ma protection, ma responsabilité et mes ordres. Ce qui veut dire que ton maitre, j'en ai rien à cirer, pour moi, il peut aller se faire voir. Compris?"

Elle ne laissa pas l'enfant répondre, abordant aussitôt le second point.

"Ensuite, la bagarre. Je peux comprendre que tu veuilles protéger un de tes camarades, c'est une bonne chose, mais tu apprendras très vite qu'il est préférable de ne pas se faire repérer dans cette ville. Donc la prochaine fois, tu m'appelles, ou alors un professeur si je ne suis pas là."

Elle ne pouvait pas vraiment la punir pour ça. Pour s'être battue, peut-être.

"Enfin, les soldats. Ton erreur principale n'est pas d'avoir laissé des traces, mais de t'être approchée d'eux."

Son ton s'était fait plus tranchant. C'était surtout ce point qui l'avait mise par terre.

"Tu dis avoir une formation, mais tu t'es comporté en idiote irresponsable, sans même songer aux conséquences de tes actes! Tu es allée narguer des types qui haïssent et chassent la magie en plein dans leur QG, ce qui veut dire qu'ils vont te chercher, et que d'autres paieront très certainement pour tes actes!"

La colère était nettement perceptible dans la voix de Lauranna. Des heures de travail risquaient d'être perdues parce qu'une gamine avait décidé d'aller faire l'andouille dans le QG ennemi! Lauranna prit une grande respiration afin de se calmer. Puis une autre.

*Lau. C'est l'heure d'aller chercher Lukia... J'y vais?*

*Non. Je m'en occupe, je préfèrerais éviter d'avoir un mot ou un geste malheureux...*

*Tu as de grandes chances de l'avoir déjà blessée...*

C'est clair que s'entendre traiter d'idiote, c'est pas génial, surtout que Lau n'était pas allé mollo sur la culpabilisation de la petite assassin.

*Je sais. Mais mince, tu sais à quel point ça va être dangereux!*

La jeune femme rouvrit les yeux (elle ne s'était même pas rendu compte les avoir fermer lorsqu'elle tentait de se calmer, ça changeait pas de d'habitude, de toutes façons) et braqua ses pupilles vides sur l'enfant.

"Je vais chercher Lukia. Tu vas rester avec Melody, et rédiger une lettre d'excuses pour le docteur, d'au mois cinquantes lignes. Puis tu me rédigera un compte rendu de toutes les erreurs que tu à pu commettre aujourd'hui, et des conséquences. Tu es privée de sortie ou de visite pour la semaine, et ne t'inquiète pas, je te donnerais de quoi t'occuper durant ce temps..."

Lauranna s'était levée, et avait sorti du placard un livre de babar, suffisemment grand format pour servir d'écritoire, ainsi que plusieurs feuilles de papiers à lettres de formats et motifs divers. Des à petits cœurs, d'autres avec des chevaux, des oursons et des arc-en-ciel formant une frise, d'autres à l'air plus officiels...

"Tu peux utiliser un de ces papiers. Melody? Tu survelle notre jeune protégée jusqu'à mon retour, s'il te plait?"

"J'veux la moitié de ta part de pâtes de ce soir!"

Eh oui, toujours ces négociations...

"Si tu veux. A toute à l'heure..."

Sans autre mot pour l'enfant, Lauranna sortit.

*Veille sur elle.*

Un hochement de tête mental, et la petite Melody se retrouvait à nouveau dans le corps de l'ours...

"Eh ben... Tu t'es pris un beau savon, toi... T'as un stylo dans la table de chevet, je crois..."

Melody allait s'amuser, tient... Jouer les flics, c'est pas joyeux...

Bien sûre qu'elle l'avait abandonné, sa mère... La fillette n'avait aucun doute là dessus. Si elle l'avait simplement confié à cette femme pour un temps, elle lui aurait laissé un moyen de rentrer chez elle seule quand elle serait prête. Mais non, Absence l'avait enfermé dans cette ville et devait avoir l'intention de l'y laisser. Pour le peu qu'elle savait de ses sœurs, ce n'était pas la première fois qu'elle agissait ainsi. Mais on ne lui avait pas reprocher trop violemment jusque là car Aubaine était incapable de devenir ce à quoi la famille la destinait et que Poésie n'aurait jamais du exister. Mais elle était à sa place et n'avait pas déçut son maître, alors pourquoi sa mère ne l'avait elle pas laissé rester ?

Limbe avait essayé d'expliquer mais de toute évidence, Lauranna n'avait rien compris. Sa mère n'avait pas pu lui passer une quelconque autorité sur elle puisqu'elle n'en avait aucune. Était il si surprenant que la fillette appartienne au chef de sa famille et non à ses parents ? Mais le ton de sa tutrice signifiait clairement qu'elle n'avait pas intérêt à répondre et elle accepta les reproches en silence, stoïque. Le suite serait bien plus dur que de simples mots alors pourquoi se braquerait elle au risque d'aggraver son cas ?

Lauranna voulait aussi qu'elle appelle des adultes en cas de bagarre... Mais si elle l'avait fait, le temps qu'ils arrivent, Alexis serait mort. Comment aurait elle compris qu'il ne s'agissait que d'une intimidation et de jeun plutôt que d'une véritable tentative de meurtre ? La fillette avait vu ces garçon l'étrangler, et vu le plaisir qu'ils y prenaient, elle n'avait pas douté un instant qu'ils aillent jusqu'au bout. Ce n'était pas la seule chose qui l'avait poussé à intervenir, et l'amitié n'avait rien à voir là dedans. Elle s'était surtout offusquée de la médiocrité de ces apprentis tortionnaires et avait apprécié de voir le garçon chat se défendre. Mais elle avait la nette impression qu'il ne fallait pas détromper Lauranna concernant sa prétendue gentillesse.

Enfin, sa tutrice eut un discours cohérent. Ce genre de reproches, elle les avait entendu mille fois de son maître. Peut être avait elle mis cette petite famille en danger et ce devait être pour cette raison que la jeune femme était à ce point en colère. Oui, elle avait commit de lourdes erreurs... Elle s'était faite repairer alors qu'elle aurait du passer inaperçu. Elle n'aurait pas du s'approcher d'eux avant d'être guérit et capable de mener à bien cette mission, elle aurait du se renseigner avant de les affronter. Jamais un assassin l'aurait du commettre ce genre d'erreur. Pourtant, Limbe ne baissa pas même les yeux bien qu'il soit clair qu'elle acceptait les railleries. Se faire traiter d'idiote après ce qu'elle avait fait ne la surprenait pas, en fait elle s'attendait à des remarques bien plus vexantes.

Mais Lauranna partit en lui laissant de bien étranges punitions. Elle devait passer une semaine à simplement travailler à la maison, rédiger une lettre et faire un compte rendu de l'attaque du commissariat ? Le compte rendu, elle en voyait bien l'utilité, mais la lettre d'excuse... Pourquoi ? Sa tutrice avait l'intention de mettre le docteur dans la confidence ? Elle ne l'y aiderait pas dans ce cas, elle se sentait tout à fait capable d'écrire cinquante lignes sans rien révéler. Peut être la véritable punition consistait elle en ces taches que la jeune femme lui promettait de lui donner à faire ?

Limbe posa un regard étrange sur Mélody. Un beau savon ? La vie était vraiment différente ici. Elle n'avait même pas eu à retenir ses larmes, juste à supporter un sermon bien léger. Oui, elle en ressortait blessée dans son honneur mais elle était habituée à se faire tellement plus rabaissée pour de telles erreurs. Se relevant avec difficulté, elle cala un oreiller contre le mur pour s'assoir sans se faire mal dès que Lauranna fut sortit de la chambre et pris le stylos à l'emplacement indiqué. Puis elle pris sans rien dire une feuille de papier la plus simple possible pour commencer son devoir. Pas un sourire, pas un mot, la fillette semblait s'enfermer dans une bulle. Et c'était bien le cas... Pas de visite, elle n'aurait donc pas le droit de voir Alexis. Elle avait beau se dire que ce n'était vraiment pas important, ce volet de la punition lui pesait plus que tout le reste. Avant, elle avait toujours eu la présence de sa mère pas loin, prête à intervenir si on lui faisait trop de mal, mais Absence n'était plus là. Elle n'avait plus personne et refusa sans même y penser la présence de Mélody pour se concentrer sur sa rédaction.

Sur la lettre destinée au docteur Stephens, Limbe a écrit:: Docteur Stephens,

Je vous écris autant pour vous remercier que pour m'excuser des difficultés que je vous ai causé. Je vous dois la vie, même si j'étais inconsciente quand on m'a amené, je sais reconnaître une blessure mortelle et les miennes l'étaient. J'avais perdu trop de sang pour reprendre connaissance et arrêter moi même l'hémorragie donc si vous n'étiez pas intervenu, j'y aurais perdu la vie. Je dois aussi ma guérison à ma mère puisqu'elle a neutralisé le poison qui était sur les lames de mes ennemis, ce dont vous n'auriez pas été capable, mais elle m'a abandonné dans un état trop grave pour que je puisse me rétablir seule. Ce que vous avez fait pour moi a donc plus de valeur que l'aide de ma mère.

Je n'ai pas compris tous vos traitements car je ne suis pas habituée à ce genre de médecine, mais elle est efficace. Jamais je ne m'étais remise aussi vite de mes blessures. Je vous demande pardon pour les doutes que j'ai eu, pour les explications que j'ai demandé alors que vous aviez d'autres patients, et pour mes refus face à certains traitements. Je craignais que ceux qui m'ont blessé ne me retrouve, je n'aurais pas pu fuir si j'avais été anesthésiée et ils n'auraient pas hésité à entrer dans l'hôpital. J'ai été blessé dans une guerre de famille, et elles sont très dangereuse même si ici vous ne savez pas ce que c'est. Les guerriers de mon père sont capables de venir ici, je n'étais pas sûre que ma mère ait réussi à les semer. Aussi je suis désolée d'avoir du vous menacer, mais vous ne m'avez pas laisser d'autres choix. Mon comportement était injuste après ce que vous aviez fait pour moi et je me suis laisser dépasser par la peur quand j'aurai du rester calme.

Pour ce qui est arrivé tout à l'heure, sachez que je n'ai pas voulu vous déranger et que je serais rester calme si j'avais su ce qu'entrainerait mes actes. J'ai réouvert mes blessures par manque de préparation, gâchant votre travail. Avec le temps que vous aviez passé à me soigner, j'aurais du faire plus attention pour ne pas vous forcer à recommencer. De plus, vous avez été contraint de vous déplacer pour venir me soigner et je n'aurais pas du vous faire perdre votre temps alors que vous étiez déjà rester à vérifier mes plaies tous les jours tant que j'étais à l'hôpital.

Je tien aussi à m'excuser pour les conditions de ces derniers soins. Je n'ai une fois de plus pas su garder mon calme alors qu'à mon age, j'aurais du réussir à contenir mes craintes. Je ne supporte pas d'être endormi, je vous l'avez dit la première fois, mais vous avez d'autres patients et vous avez du l'oublier. Au lieux de vous le répéter simplement, je me suis laissée entrainer par la panique. J'ai honte de mon attitude et je vous promet que la situation ne se répètera pas. Je saurai prendre en compte cette leçon et je prendrai garde de ne pas abimer votre travail une fois de plus.

J'ai bien pris les traitements que vous m'avez laissé et je vous remercie aussi pour le bonbon. Je ne l'ai pas encore fini, j'attends de vous envoyer cette lettre pour me le permettre. Je ne pourrais pas vous l'apporter en main propre puisque je n'ai pas le droit de sortir pendant une semaine.

En espérant que vous resterez discret sur mon état,

Limbe Ehilbars.

Alex avait attendu un bon moment que Limbe ne sorte du commisariat, vu les capacités qu'elle lui avait montré il ne faisait aucun doute dans l'esprit du jeune garçon qu'elle allait en ressortir très vite avec ce qu'elle était venu chercher. Le temps c'était écoulé mais la fillette ne reparaissait pas. C'est quand les soldats avaient sembler s'agiter et se mettre à la recherche de quelque chose ou de quelqu'un que le demi neko avait prit la fuite, désireux de ne pas se faire prendre...

L'enfant ne sachant que faire avait regagné son chez lui. Chez lui où se trouvait également Ayu, confortablement installé dans le canapé à se tourner les pouces... C'est sans doute une intuition qui poussa le gamin à demander à l'esprit si il savait quelque chose d'une certaine Lauranna... Après tout si Limbe vivait chez cette personne il pourrait peut être la retrouver ainsi... Ayu qui n'avait sans cesse rien trouvé de mieux pour s'occuper avait été ravi de renseigner le gosse... Pratique les dossiers de la résistance... Le gamin s'était aussitôt mit en route et n'avait eut aucun mal à trouver l'appartement qui lui avait été indiqué.

Le jeune garçon frappa à la porte bien qu'il ne sache comment se présenter... Le "je suis un camarade et je lui porte ses devoirs" lui semblait encore le plus simple et puis quoi de mieux pour inspirer la confiance que jouer la carte du gentil garçon...

Ne recevant aucune réponse le jeune garçon poussa la porte qui à sa grande surprise n'était pas fermée. Trouver la chambre ne fut pas non plus très difficile.

Le gamin laissa échapper un sifflement quand il vit l'état de Limbe, la gamine était encore plus blanche que les draps qui la recouvrait ce qui n'était pas peu dire...

-Je t'ai attendu un bon moment, alors tu à réussit?

C'était le moins qu'on puisse attendre vu son état... Le gamin percevait des présences qu'il attribua à un ou plusieurs esprits... Devaient-il se montrer méfiant?

-Je t'ai apporté tes cours et je suis venu voir ton état, t'es partie tellement vite...

Le gamin lui tendit un paquet de bonbons, attendant une réponse tout en ignorant comment il était sensé agir si la dénommée Lauranna revenait entre temps...

Invité

Melody s'ennuyait. Limbes écrivait, sans se soucier d'elle. Elle avait pourtant tenté de lui parler, lui corrigeant les rares fautes qu'elle voyait en lisant par dessus son épaule, ou commentant les écrits, ce qui donnait entre autre...

"Il manque un s, là... J'croyais tu utilisais la magie... La magie est pas plus efficace que les médicaments?"

Rien. Que dalle. Limbes corrigeait ses fautes, mais c'est tout... Elle ignorait royalement la petite peluche...

"T'es pas marrante... J'ai l'impression que c'est moi la punie, là... Tu sais, Lau aurait pas laissé te faire du mal... Sauf si Liryel avait été en danger, et encore... Elle dit que c'est aux grands de protéger les petits. Et t'as beau pas y ressembler, t'en es une!"

Oui, le t'as pas l'air d'une gosse était volontairement prononcé de façon provocatrice. Un peu vexante. Dans la chambre de Liryel, on entendait le bébé jouer avec ses hochets, et le rire de Lucas.

"Manque de préparation?! J'aurais plutôt dit parce que t'es pas maligne, moi... Pis d'abord, pourquoi t'es allée, un? Ils ont enfreint quelle règle?"

Toujours rien... Perdant patience, la fillette commença à secouer Limbes avec un "Liiiiiiiimbes! Allée diiiiiiit!" typique d'une enfant... Sans autre résultat que de se retrouver par terre...

"Raaaaah! T'es pas sympa!"

Quelqu'un frappa à la porte. Melody se releva, et se dirigea vers la porte sur un "je vais voir qui c'est", qu'elle n'était même pas sure que Limbe ait entendu... De toute façon, elle la voyait pas, cachée par le lit. Elle se dirigea donc vers la porte, escalada le petit casier à chaussures de l'entrée, et observa par l'oeilleton.

A la porte un gosse. Une dizaine d'années, l'air gêné, un bonnet aux formes étranges... Un bonnet qui, mal mit d'un coté, dévoilé une oreille de chat... Un sourire éclaira le visage de l'ours. L'amoureux de Limbes, hein? Lauranna avait interdit les visites, mais... Elle n'était pas obligée de la savoir, non? Et puis, Limbes voulait le voir...

Melody se laissa tomber sur la poignée, débloquant la porte, qui s'ouvrit sous la poussée du neko. Neko qui se dirigea aussitôt vers Limbe, tandis que Melody refermait la porte. Elle rejoignit ensuite les deux enfants, non sans un regard à l'horloge du four... Lau était partie depuis un moment déjà...

"Faut que tu sois parti dans dix minutes. Sinon, Lau va rentrer, te trouver, et Limbe et moi on va être punies!"

Ben oui, surtout elle d'ailleurs...

Melody était insupportable... Pourquoi n'était elle pas capable de comprendre que la fillette n'avait pas envie de parler. Enfermée dans son silence, Limbe rédigeait la lettre demandée en ignorant patiemment les questions et remarque de l'ours en peluche. Elle écrivait vite, bien trop pour une enfant aussi jeune, et faisait des phrases bien trop construites aussi. On lui avait appris... Ses graves lacunes dans les autres matières ne seraient pas visible cette fois ci, sauf si on considère que la vie en société fait partie des apprentissages scolaires. elle n'avait pas vraiment compris ce que Lauranna lui reprochait même si dans son esprit, sa culpabilité ne faisait aucun doute. Son maître l'aurait châtiée bien plus durement après tout, pour avoir laisser autant de traces. Mélody pouvait bien faire remarquer qu'elle avait eu tort d'entrer, cette esprit ne savait rien. Et elle ne comptait pas lui expliquer, pas plus qu'elle ne le dirait à sa tutrice. Sinon, on lui reprendrait ses armes... Et elle serait à nouveau forcée de se mettre en danger pour les récupérer. Si il y avait bien une chose à laquelle elle tenait, c'était ces dagues. Jamais elle ne pourrait accepter de ne pas les avoir sous la main. Même si ici les grands protégeaient les petits comme semblait l'affirmer la peluche, jamais elle ne s'en remettrait à d'autres sans précaution.

Quelqu'un frappa à la porte, mais la fillette ne releva même pas les yeux de sa feuille. De toute façon, elle n'avait pas la force de quitter son lit... Au contraire, elle ramena les couvertures sur elle pour cacher ses blessures au maximum, au cas où un soldat entrerait. Mais les pas étaient bien trop léger, ceux d'un enfant sans doute. Était-ce Lukia qui rentrait tout seul ? Non, trop incertains. Ce mouflet aurait foncé droit devant lui sans réfléchir. Là, la démarche était irrégulière, comme si le visiteur ne connaissait pas les lieux. Dommage que son sac soit loin, sinon elle aurait sans doute pris une dague pour se défendre au cas où. Mais elle n'eut pas longtemps à attendre pour être rassurer car Alexis entra dans la pièce.

Limbe ne s'attendait pas à ce qu'il vienne la chercher jusqu'ici. Pourquoi avait il pris ce risque ? Il ne croyait tout de même pas qu'elle s'était faite tuer... Elle avait une bonne formation. Mais elle était contente de le voir malgré l'interdiction, ce qui ne se caractérisa pas par le moindre sourire. Simplement un regard appuyé, un léger signe de tête, mais pour quiconque la connaissait, ces mimiques étaient aussi fortes qu'un long discours de bienvenue. La fillette pu aussi découvrir que Mélody n'hésitait pas à contourner les règles. N'était elle pas interdite de visite ? Alors pourquoi lui laisser dix minutes ? Qu'importe, le plus important était qu'il ne la trahisse pas. Elle montra d'un rapide signe de main l'ours en peluche pour attirer l'attention du garçon sur lui.

- C'pas grave mes blessures, ça guérira. Mais j'ai pas le droit de sortir pendant une semaine et t'as pas le droit d'être là non plus.

Laissant la lettre terminée sur la table de nuit, elle se redressa un peu plus pour être en mesure de regarder les devoirs qu'il prétendait avoir rapporter. Il avait du retourner à l'école l'après midi dans ce cas... Lui qui disait vouloir faire le mur. La couverture retomba, révélant la gravité de l'état de la fillette, surtout que cette fois le docteur n'avait pas lésiné sur les bandages. Mais elle ne s'autorisa pas à montrer qu'elle avait mal devant quelqu'un d'autre, et surtout pas devant son camarade.

- Tu peux me les passer les devoirs mais je dois faire un compte rendu pour Lauranna encore. Elle m'a donné des trucs à faire et elle va me punir. Elle a deviné que j'étais au commissariat. D'ailleurs, je pourrais pas sortir ce soir. Tu le préviendras ? Dis lui que la promesse tient toujours mais que je n'ai pas le droit de sortir avant une semaine... Il faut pas que tu traines, Lauranna va rentrer...

Ouais pas grave qu'elle disait... On avait juste l'impression qu'elle s'était prit un camion de plein fouet mais pas grave, Alex ne dit cependant rien, c'était perdre de l'énergie que de lui tenir tête... De plus quelque chose d'assez étrange venait d'attirer son attention, ce n'était autre qu'une peluche, douée de parole et de mouvement comme aurait pu l'être un robot, sauf que le gamin voyait bien là qu'il n'y avait aucune technologie...

-C'est toi l'esprit que j'ai senti en entrant ici? Cool ton jouet, ça doit être pratique pour faire flipper les gosses.

Dit-il d'un air moqueur.Il imaginait bien une sorte de remake de chucky la poupée tueuse. Après tout une ville maudite n'aurait pas été complète sans poupée de sang...

Bon visiblement sa présence en ce lieu n'était pas autorisée, forcément que si elle s'était fait prendre après être entrée par effraction dans une église elle pouvait s'estimer heureuse de n'être que punie. Alex quant à lui préférait éviter de rencontrer cette Lauranna qui risquait de ne pas être ravie d'apprendre qu'il l'avait aidée à commettre son méfait.

-Ok je vais partir alors, je lui fait passer ton message même si je crois que t'es folle que de vouloir te battre avec lui...

Quoi qu'il était curieux de savoir qui aurait le dessus. Alex sortit quelques feuilles légèrement chiffonnées qui faisait office de devoir (récoltés l'après midi même après être retourné en classe pour pas attirer l'attention des soldats) et se leva finalement afin de partir

-Moi je rentre avant de me faire prendre. Purge bien ta peine. A plus la peluche tueuse!

Et de quitter l'appartement comme il était venu....

Invité

"C'est pas grave qu'elle dit... En fait t'es maso ou suicidaire, c'est pas possible autrement..."

C'est sur cette phrase (et un "mais je t'emmerde!" adressé au gosse) que Melody quitta la chambre... Oh, elle n'alla pas loin... juste derrière le mur pour pouvoir continuer à écouter tranquille... Quoi? Elle était curieuse, c'était son droit, non? D'ailleurs, de qui ils parlaient tous les deux? Un gars qu'elle devait voir? Bizarre... Elle trouvait pas que le moyen de faire des bêtises... ou plutôt elle trouvait le moyen d'en faire plusieurs à la fois... La petite famille n'était pas sortie de l'auberge, tient...

La conversation entre les deux tourtereaux se finit rapidement, et le garçon quitta l'appart. Melody l'escorta sur un "ton pied au cul ça t'interresse?" assez... désagréable, et complètement bluff, puisque vu les oreilles, elle n'avait aucune chances de le posséder. Le temps qu'elle ferme la porte et revienne, Limbe avait déjà recommencé à écrire.

Le premier essai de "remonter sur le lit" fut un échec... Le second aussi... Au final et avec des jurons... imagés (tel que "cornichon à pois roses) finit par trainer le cartable de Limbe vers le lit pour l'utiliser comme marchepied.

"Tu fais ton truc d'explication? Si t'as besoin de renseignements sur la situation, hésite pas, je t'explique! Je doute fortement que la situation soit similaire dans ton pays..."

Tout en parlant, Melody escaladait le sac et s'accrochait à la couverture pour remonter. Couverture qui voulait pas rester dans ses mains de nounours!

"Nan parce que je doute que vous ayez le truc genre "menace nucléaire et tout et... RAAAAAAH! Limbes, aide moi j'arrive pas à remonter dans ce fichu lit!"

Limbe frémit quand Alexis fit l'erreur de révéler ses intentions. Oui, il n'avait pas l'entrainement, lui... Mais tout de même, dire devant l'esprit qu'elle comptait se battre n'était pas très malin. Elle aurait encore des problèmes avec Lauranna, alors même qu'elle ne comptait pas affronter Ayu mais plutôt lui sauter dessus par derrière. Elle n'était pas assez inconsciente pour l'attaquer de front sans même connaitre ses capacités. De plus, elle ne voyait pas une agression sournoise comme une preuve de lâcheté, mais plutôt comme une marque d'intelligence. Les morts peuvent bien être d'une droiture à couper le souffle, ils ne sont plus en vie pour entendre leurs adeptes chanter leurs louanges.

La fillette détourna simplement les yeux, inutile d'appuyer sur ce point maintenant qu'il l'avait dévoiler, elle ne ferait que lui donner de l'importance. Elle pris simplement les feuilles que son camarade lui tendait et les posa sur la table de nuit sans même les regarder. Elle devait d'abord finir les textes que Lauranna lui avait demandé. Il valait même mieux qu'elle s'y mette rapidement pour ne pas que cette dernière soit plus encore en colère contre elle. L'était elle vraiment d'ailleurs ? Limbe avait un mal fou à interpréter les réactions de cette jeune femme. Bien trop différentes des gens qu'elle avait côtoyer auparavant, toutes les règles étaient faussées ici. Et Alexis voulait partir... Dommage, sa visite lui avait fait plaisir même si elle n'en avait pas compris les motifs. Peut être ne voyait il pas de danger ? Elle le salua d'un simple signe de tête.

- A bientôt et merci pour les cours. Je les recopierai pour pas qu'ils t'manquent.

Sans doute était-ce de dernier des soucis de son compagnon de classe, mais pour elle, les cours avaient toujours eu une grande importance. Ne pas apprendre les enseignements d'un maître pouvait se révéler fatale, alors... Mais peut être pas ici. Le garçon chat tourna le dos et sortit sous les grognements de Mélody. Cet esprit avait vraiment des manières enfantines, enfin, comme un enfant normal plutôt, pas comme un apprenti des Ehilbars. Mais la fillette ne doutait pas qu'elle avait tout écouté et prendrait bien soin de rapporter ce qu'elle avait appris à sa tutrice. Heureusement que le nom de son adversaire n'avait pas été prononcé.

La jeune Ehilbars pris une feuille blanche dès que la porte eut claqué et commença à réfléchir à son rapport, l'air très concentrée. Que devait elle dire et que devait elle cacher ? Hors de question de donner à Lauranna des informations importantes qu'elle n'avait pas déjà, mais elle n'avait pas pu interroger assez cette dernière pour être sûre de bien cerner où s'arrêter ses doutes et où commençaient ses certitudes. Dans les rapports de mission qu'elle devait faire à son maître, elle ne devait rien cacher car il la surveillait souvent et que la sanction d'un mensonge était terrible. Mieux valait admettre une faute, même si il ne la lui pardonnait pas pour autant. En plus, poser des questions pouvait donner autant de renseignements qu'elle n'en glanerait.

Mais l'ourson la sortit de ses réflexions en cherchant à grimper sur le lit. Elle n'avait aucune envie de partager sa couche avec une peluche. Même non animé, elle n'en aurait pas voulu à ses cotés. Mais elle insistait, tirant la couette en tendant de monter et refusant encore et toujours de garder le silence. Finalement, la fillette finit par l'attraper par une oreille pour la mettre sur le lit, le plus loin d'elle possible, après lui avoir lancer un bon regard noir exaspéré. Elle aurait bien ignorer ses babillages, mais la dernière phrase avait attirée son attention.

- C'quoi une menace nucléaire ?... On risque quoi ?

Si la poupée en avait parler, le danger devait être proche et il fallait qu'elle sache de quoi il s'agissait. Peut être était elle enfin prête à écouter d'une demi oreille les paroles de Mélody, non sans commencer à griffonner sur sa feuille. Elle avait aussi fait son choix. Elle ne mentirait pas mais ne dirait pas tout. La récupération de ses armes ne concernait pas sa tutrice mais sa famille, et cette femme n'était pas son maître.

Invité

Eh! Pourquoi elle tirait sur l'oreille-euh! C'était fragile! Heureusement que les peluches ont pas de nerfs, parce que sinon, elle aurait été mal. Ou plutôt elle aurait EUT mal. Fin bref, elle était sur le lit, c'était déjà ça... Ah? Tient, Elle commençait à répondre, chouette!

"Menace nucléaire..."

Déjà, fallait commencer par expliquer un peu, là, non?

"On parle de menace nucléaire en général pour les bombes ou les centrales nucléaires. Mais ici, vu qu'on a pas de centrale à Heaven, c'estla premiere. Une bombe nucléaire, c'est un truc qui a été utilisé durant la seconde guerre mondiale pour raser deux villes. Non seulement, elles font un gros boum et y a plus de ville, mais en plus, si t'as la chance de survivre à l'explosion, elles libèrent des sortes... d'ondes, qui détruisent tes défenses immunitaires, ce qui veut dire que la moindre égratignure ou le moindre rhume peut te tuer. Sympa, non?"

Bon, maintenant que le résumé était fait...

"La france fait partie des pays qui détiennent l'arme nucléaire. Pour l'instant, les soldats pensent encore pouvoir "sauver les civils", et "détruire la menace magique", mais si le gouvernement qui dirige les soldats décide que ça sert à rien de perdre des hommes pour une ville constituée pour une grande partie de personnes magiques, possédées et tout, ils pourraient décider que "tant pis, les quelques uns qui le sont pas seront des dommages collatéraux, on leur fera une grande cérémonie, et puis c'est bon"..."

Pour illustrer son discours, plus d'une fois, elle avait pris une voix singeant certains soldats qu'elle et Lauranna avaient pu croiser au centre d'accueil. Centre qu'il était d'ailleurs étonnant de voir encore ouvert, malgré le barrage des soldats, mais bon... Elle allait pas se plaindre, ça faisait du boulot pour sa soeur.

"Je ne suis pas sure que "menace nucléaire" soit le bon terme, Melo..."

Ca, c'était la soeur de Lucas qui avait délaissé ses frères (toujours occupés l'un à lire, l'autre à jouer à "attrappe moi si tu peux" avec Liryel, qui au vu des gazouillement trouvait ça très amusant) pour venir écouter la conversation.

"Pourquoi ça?"

"Eh ben... S'ils envoyaient une bombe sur Heaven, le nuage pourrait toucher le quart nord de la france, et ce serait pas leur but... Après, ça veut pas dire qu'ils ont pas d'autres trucs capables de transformer la ville en un gros trou... Le terme correct serait donc plutôt "armes de destructions massives"..."

C'était pas tellement plus rassurant, tient...

"Oui, dans tous les cas, la menace reste similaire..."

Melody se tourna vers Limbe pour bien répéter.

"Tout ce que tu fais ici, ça à une influence sur d'autres. Fais attention avec ça aussi... Surtout que nous, on peut pas savoir qu'elles sont les décisions du gouvernement, et encore moins les modifier..."

Oui, c'était un peu du chantage, oui, elle mettait la vie de tous les habitants de Heaven dans les mains de Limbe, oui, elle lui balançait une énorme responsabilité dans la tronche... Et alors? Tant que c'était efficace...

Limbe ne semblait pas vraiment écouter la peluche, mais elle ne perdait en vérité pas une miette de ce que celle ci racontait. Les yeux penchés sur sa feuille, elle faisait mine de réfléchir à sa prochaine phrase, sans ajouter aucun mot pendant que l'ourson lui donnait des explications. Une bombe capable de raser des villes ? Cette arme pourrait être intéressante, mais question discrétion... Et l'histoire des ondes détruisant le système immunitaire ne lui plaisait pas du tout. Certains étaient vraiment capable de détruire tout une ville simplement pour toucher leur cible ? Oui, elle le savait, et elle appréciait de moins en moins cet endroit. Sa main se crispa légèrement sur le livre qui soutenait son devoir, mais elle ne montra pas autrement qu'elle avait simplement entendu les explications.

Ah... Elle cherchait en fait à la faire culpabiliser pour son meurtre. Malheureusement pour Mélody, la fillette n'était en rien comme sa mère. Elle ne souffrait pas pour chaque assassinat et avait appris à oublier très rapidement le visage de ses victimes pour ne pas les laisser la hanter. Enfin, elle n'avait pas commit tant de meurtres au cours de sa courte vie, mais assez pour apprendre à accepter les morts utiles, les leçons aidant. Ce soldat l'avait surpris, il était mort. Elle n'allait pas regretter son acte pour une lointaine menace nucléaire, la situation qu'elle avait résolu était bien plus urgente. Ne connaissaient ils pas le principe du chasseur et de la proie ici ? Mais la leçon de conduite n'était pas terminé, et Limbe pu constater que la menace nucléaire n'était qu'une invention de l'esprit dans le seul but de lui faire peur. Simplement ridicule. Enfin, une simple menace n'allait pas l'empêcher de vivre, elle qui avait passé toute son existence avec une dague sous la gorge. Si il y avait du danger ici, il fallait fuir pour ne pas dépendre de ce gouvernement, tout simplement. Elle releva les yeux pour les planter dans ceux de plastique de l'ours en peluche.

- Y a t'jour des risques, mais c'pas une raison pour laisser les soldats décider à vot' place. Si ils avaient été moins idiots, il n'y aurait pas eu de mort. T'façon, c'genre de chose n'arrivera plus. La prochaine fois, je me préparerai mieux et il n'y aura pas une goutte de sang. Mais en attendant, Lauranna m'a donné un compte rendu à faire alors arrête de m'empêcher de travailler avec des menaces stupides. J'sais pas dans quel camps t'es, mais si tu cherches juste à t'amuser avec moi, j'vais pas m'laisser faire.

Malgré la menace, aucune agressivité ne transparaissait dans la voix de la fillette. Sans attendre de réponse, elle baissa la tête sur son devoir et se remit à écrire. Peut être avait elle était un peu dur avec Mélody, mais elle ne voyait pas le monde de la même façon. Ce n'était pas par méchanceté... Juste par incompréhension. La peluche ne semblait appartenir à aucun camp puisqu'elle trahissait les deux.

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